Le gouvernement est accusé d’immobilisme par le LCGB, qui voit les réformes s’accumuler sans que rien n’aboutisse sur du concret. Christophe Knebeler tape du poing sur la table tout en faisant l’inventaire.
Un très large tour d’horizon. Voilà ce qu’a livré jeudi Christophe Knebeler, secrétaire général adjoint du LCGB, en pointant l’ensemble des dossiers qui s’accumulent à la Sécurité sociale et qui ont fini par provoquer un bouchon. «C’est l’immobilisme total, plus rien ne bouge», indique-t-il. Las des annonces du gouvernement qui ne sont pas suivies d’effets, Christophe Knebeler le somme de mettre en œuvre les réformes qui s’imposent.
Il fustige la lenteur administrative à tous les étages, que ce soit pour rembourser les soins, pour prendre contact avec la Sécurité sociale ou encore pour adapter les prestations promises pour les soins dentaires. «On cotise en 2021 pour des soins dentaires qui ont cinquante ans d’âge ! Il serait temps de se moderniser», s’emporte le secrétaire général adjoint qui n’en finira pas de montrer toute son exaspération en insistant sur les relations avec les assurés qu’il faut mettre au premier rang des priorités. En gros, le gouvernement «a dix ans de retard sur tout».
Christophe Knebeler a consacré un petit moment à la digitalisation. Il faut dire qu’il a tressailli quand il a appris cet été que l’agence eSanté, en charge de la gestion des informations partagées dans le domaine de la santé, s’est vu attribuer la mission de mettre en place une stratégie nationale pour la collecte et la gestion des données de santé (ou mHealth). «Cette agence existe depuis 2012 et on se met à réfléchir aujourd’hui sur une stratégie nationale ? Mais qu’a fait l’agence depuis neuf ans ?», questionne-t-il.
Pourtant, Christophe Knebeler représente le LCGB à la Quadripartite Santé. Personne n’en parle dans cette instance ? «Tous les six mois, on reçoit des informations assez limitées», répond-il. Cependant, il a bien constaté durant le confinement qu’une adresse électronique avait été vite mise en place pour permettre aux assurés d’envoyer leurs certificats de maladie. «Cette pratique a été d’un seul coup possible alors que nous la demandons depuis 2016 pour faciliter la situation des frontaliers dont le certificat mettait plus de temps à parvenir à la caisse de maladie. On nous avait expliqué que cela ne marchait pas, mais je constate que l’adresse est toujours valable aujourd’hui.»
Il continue de s’énerver, cette fois sur le dossier de soins partagé (DPS). «On n’a toujours pas d’application, c’est en cours. Chaque affilié dispose de son DSP, mais personne ne le sait», ironise le secrétaire général. Il blâme un système compliqué pour y accéder, aussi bien pour l’assuré que pour le médecin censé l’alimenter. «On dispose d’applications bancaires hyper-sécurisées et on n’arrive pas à faire une appli pour un dossier de soins partagé, alors que c’est le moyen le plus facile pour avoir un maximum d’assurés qui l’utilisent.»
Christophe Knebeler calme cependant les ardeurs. «Une fois qu’on a accédé à son dossier, il est vide. Ou alors on trouve les résultats des analyses de laboratoires, qui ont l’obligation de les transmettre, mais en règle générale, c’est plutôt décevant», affirme-t-il. Il faut effectivement que les médecins prennent le temps d’entrer les données et pour eux «c’est tout aussi laborieux. On nous vend un succès qui n’existe pas», résume-t-il.
Il estime que les assurés n’ont rien compris au courrier reçu lors du lancement du DSP en janvier 2020 et la campagne a été complètement ratée à cause de la pandémie qui s’est invitée à la fête.
Quant au certificat de maladie électronique promis pour juin dernier, il sera finalement opérationnel au printemps 2022. Il faudra surtout qu’il soit utilisable par tous les assurés, y compris les frontaliers, sinon il y aura inégalité de traitement, prévient déjà le syndicaliste. Et ce sera pareil pour le tiers payant : Christophe Knebeler attend de le voir pour y croire.
Geneviève Montaigu
Toujours l’impasse pour les chauffeurs
Un autre coup de gueule de Christophe Knebeler concerne la situation des chauffeurs professionnels qui avaient été désaffiliés selon un règlement européen qui établit les critères selon lesquels les chauffeurs non-résidents peuvent profiter de la sécurité sociale. Quelque 800 chauffeurs avaient été radiés en mai 2020 en pleine pandémie avant d’être finalement repêchés. Mais depuis plus d’un an maintenant, tous les chauffeurs non-résidents embauchés avant 2010 et dont 25 % du travail est effectué dans leur pays de résidence ne devraient plus être affiliés à la sécurité sociale luxembourgeoise.
«On n’arrive pas à trouver un accord avec les pays voisins, c’est incroyable. Pour le télétravail, on parvient à s’entendre du jour au lendemain, mais là, rien. C’est grave, car le secteur a de gros problèmes de rotation de personnel pour éviter de dépasser les 25 %, alors les sociétés envoient des chauffeurs français vers l’Allemagne et vice-versa, pour ne citer qu’un exemple, et ça ne facilite pas les conversations !», illustre Christophe Knebeler. Il parle d’un stress supplémentaire pour les salariés et les patrons le ressentent, eux qui commencent à avoir des problèmes de recrutement, «alors que le secteur du transport au Luxembourg fonctionne avec de la main-d’œuvre frontalière», fait observer le syndicaliste.
Comme dans les endroits où des CEO sont catapulté pas le ministre sans compétence