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Sécurité au travail : un droit « non négociable »


Jusqu'à jeudi, les experts et le gouvernement vont aller de chantier en chantier pour présenter la campagne. (Photo : François Aussems)

Réduire les accidents du travail graves et mortels à zéro : c’est l’ambitieux programme dévoilé lundi par le gouvernement à travers la campagne «Vision Zero».

Le gouvernement réalise jusqu’à jeudi des visites de chantier pour rappeler l’importance de la sensibilisation et de la formation à la sécurité au travail. Car les 20 000 accidents recensés en 2015 nous rappellent que cette menace nous concerne tous. Samedi dernier, un ouvrier est décédé à Roost, après avoir chuté depuis un toit qui a subitement cédé, à dix mètres de hauteur. Une nouvelle tragédie qui rappelle, si besoin est, que les accidents de travail ne sont pas une menace abstraite ou marginale. Les statistiques sont éloquentes : en 2015, on a recensé pas moins de 19 938 accidents du travail, soit 55 par jour!

Une menace qui, de plus, n’épargne aucun secteur professionnel. Même si, sans surprise, le bâtiment, l’industrie et les transports comptabilisent la majorité de ces accidents. Bref, comme le résume le slogan de la campagne Vision Zero, «Sécurité-santé au travail. Tous concernés!». Lancée le 12 juin, cette campagne fédère l’Association d’assurance accident (AAA), l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) et l’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR).

Elle part d’un postulat pour le moins ambitieux : «Tous les accidents liés au travail peuvent être évités» et «un monde sans accident grave ni mortel est possible». Un tel objectif ne pouvant se réaliser du jour au lendemain, «Vision Zero» vise la diminution de 20 % du taux de fréquence global des accidents de travail d’ici 2022, tous secteurs confondus, par rapport à 2014 (dont le taux de fréquence était de 5,37 %). Une première étape dans la diminution progressive, jusqu’au zéro mort et blessé grave tant espéré.

Pour y parvenir, trois mots d’ordre sont avancés : sensibilisation, prévention, formation. Ce dernier point n’étant pas le moindre, explique Bruno Renders, administrateur à l’Institut de formation sectoriel du bâtiment (IFSB) : «La formation sur la sécurité au travail est un effort de tous les instants. À l’IFSB, environ 60 % de la formation est liée à cet effort. C’est un domaine parfois austère, difficile, mais primordial.»

Les contrôles ne font pas tout

Et c’est aussi une logique économique : «Cette formation est aussi un investissement rentable pour les entreprises», qui effectivement dispose alors d’une main-d’œuvre mieux formée, donc plus efficace, et évidemment moins coûteuse qu’une main-d’œuvre multipliant les accidents du travail, explique-t-il. Lundi, il participait à une présentation de la campagne «Vision Zero» et du lancement d’une semaine de sensibilisation, depuis un chantier route d’Arlon à Luxembourg.

Jusqu’à jeudi, l’AAA, l’IFSB et l’Inspection du travail et des mines organisent en effet la première «Semaine sécurité-santé au travail dans le secteur de la construction». Elle s’adresse tant aux dirigeants qu’aux travailleurs désignés et aux délégués à la sécurité et aux salariés. Le ministre du Travail, Nicolas Schmit, ainsi que le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider, se déplaceront sur plusieurs chantiers dans le pays, en compagnie d’experts des différents secteurs concernés.

«Augmenter les contrôles de l’ITM ne fait pas tout. Avant les contrôles, il faut déjà sensibiliser et responsabiliser», a ainsi déclaré lundi Nicolas Schmit. Qui rappelle les quatre principes de base de cette campagne : la vie est un bien non négociable; l’homme est faillible; l’homme a des limites de tolérance, et chacun a droit à un lieu de travail sain et sécurisé.

Romain Van Dyck

www.visionzero.lu