Le ministre de tutelle compte dévoiler à la mi-octobre un nouveau paquet sécuritaire. En attendant, la tension entre la Ville de Luxembourg et le gouvernement ne fait que s’accentuer.
La députée-maire de Luxembourg, Lydie Polfer, et la ministre de la Justice, Sam Tanson, se sont enguirlandées, mercredi matin, à l’occasion de la réunion virtuelle de la commission parlementaire de la Sécurité intérieure. En cause : les reproches concernant une supposée inaction des instances juridiques pour réprimander les trafiquants de drogues. L’incident de samedi dernier avec l’attaque d’un présumé délinquant par un chien de garde n’a fait qu’envenimer le débat sur la situation sécuritaire.
«Le discours de Mme Polfer est malheureux. Elle mène un procès d’intention alors que cet incident concerne en premier lieu la société de gardiennage. Il s’agit d’amalgames intolérables», déplore la députée Nathalie Oberweis (déi Lénk). Son parti se trouve, avec le Parti pirate, à la base de la réunion demandée en urgence. «Contrairement à d’autres, nous ne comptons pas établir un jugement hâtif sur ce qui s’est passé samedi. Il faut attendre les résultats de l’enquête», souligne de son côté le député pirate Marc Goergen.
Cette position est partagée par le LSAP qui, au vu de la querelle impliquant le DP et déi gréng, soutenue par le CSV, se retrouve dans le rôle d’arbitre. Il est en effet à rappeler que DP et CSV forment la majorité à Luxembourg alors que DP, déi gréng et LSAP se retrouvent dans la coalition gouvernementale. «Chacun est dans son rôle», botte en touche le député socialiste Dan Biancalana. Les tensions entre libéraux et verts n’auraient d’ailleurs pas de répercussions sur l’entente au sein du gouvernement tricolore. Pour ce qui est de l’imbroglio concernant le déploiement d’une société de gardiennage privée pour patrouiller dans l’espace public, le DP et le CSV se trouvent toutefois isolés. «Le monopole de la force revient uniquement à l’État», insiste Dan Biancalana.
Vers un plan d’action transversal
«Il n’est toutefois pas à nier qu’il existe un problème dans le quartier Gare. Nous devons trouver des solutions, reprend Stéphanie Empain. Le problème ne pourra cependant pas uniquement être résolu par des moyens policiers.» Le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox, est parti sur ce même principe pour l’établissement d’un nouveau paquet sécuritaire. Il a confirmé mercredi aux députés que ce plan d’action transversal doit être soumis mi-octobre au Conseil de gouvernement.
Aucun élément n’a encore filtré sur ce paquet, mais il devrait reposer sur les récents débats à la Chambre (lire ci-dessous). Le recrutement de 600 nouveaux policiers de 2021 à 2023 reste d’actualité. «Nous plaçons de grands espoirs dans ce plan», affirme Stéphanie Empain. Dan Biancalana rappelle l’importance de miser à la fois sur un volet préventif et répressif. «Je ne dispose pas de suffisamment de fantaisie pour m’imaginer quelle solution miracle le ministre va sortir d’ici un mois», estime par contre Marc Goergen. Nathalie Oberweis met déjà en garde que son parti ne va pas supporter la possible introduction d’une injonction de quitter les lieux («Platzverweis»).
La députée-maire libérale Lydie Polfer et son député-échevin Laurent Mosar (CSV) continuent à redouter que le quartier Gare ne se transforme en zone de non-droit. L’ADR se profile comme un soutien. Dans une question parlementaire, Fernand Kartheiser incite le gouvernement à se doter des capacités nécessaires pour emprisonner et expulser davantage de délinquants.
Les devoirs à domicile
distribués par la Chambre
Une très large majorité de députés (54 voix contre 6) a adopté le 13 juillet une motion appelant le gouvernement à renforcer les moyens pour lutter contre la délinquance et plus particulièrement la criminalité liée aux stupéfiants.
La motion invite notamment le gouvernement «à élaborer des stratégies transversales en matière de prévention et de répression concernant la criminalité liée aux stupéfiants» afin d’«aborder la problématique dans sa globalité et en profondeur». Parmi les mesures à mettre en place figurent un renforcement de l’offre thérapeutique, l’augmentation des capacités hospitalières pour des cures de désintoxication, le recrutement renforcé de «streetworkers» ou encore une meilleure prise en charge des «bodypackers» (dissimulation intracorporelle de stupéfiants).
David Marques