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Secondaire : les profs veulent dialoguer


La Féduse, autour de son président Raoul Scholtes (face aux micros), a dit son ras-le-bol vendredi. (Photo : DR)

La Fédération des universitaires au service de l’État (Féduse) se déclare obligée de passer par les médias pour accéder aux ministres Claude Meisch et Dan Kersch. Les professeurs ont des choses à dire.

Ils se sentent oubliés, pire, volontairement ignorés. Pourtant, ils ont envoyé plusieurs courriers restés sans réponse et les membres de la Féduse ne savent plus quoi dire à leur base.

En désespoir de cause, ils en appellent aux médias. Les professeurs du secondaire membres de la Fédération des universitaires au service de l’État (Féduse) en ont assez d’être ignorés par leurs ministres de tutelle que sont à la fois Dan Kersch pour la Fonction publique et, surtout, Claude Meisch pour l’Éducation nationale. Alors que la Féduse, affiliée à la toute puissante confédération de la fonction publique, a cru à l’ouverture du dialogue promise par Claude Meisch, elle constate aujourd’hui que ses lettres restent sans réponse.

Pis, elle se plaint de ne pas avoir rencontré le ministre de l’Intérieur depuis plus d’un an. Or les problèmes s’accumulent, selon elle. Il y a d’abord un problème relatif au calcul de l’ancienneté, où la Féduse ne s’y retrouve pas. «Cela dépend de celui qui calcule, mais personne ne s’y retrouve car on a du mal à définir le point de départ. Est-ce le premier jour comme employé de l’État, le premier jour en tant que stagiaire, le premier jour après le stage, après la remise du mémoire? On ne sait pas», informe Mona Guirsch, secrétaire générale.

Et c’est important pour la Féduse, car des évaluations sont prévues dès 2018 pour les professeurs du secondaire accusant 12 ou 20 années d’ancienneté. Mais le ministère dispose de listes qui «ne sont pas cohérentes». Des professeurs de la même promotion ayant effectué leur stage la même année ne se retrouvent pas invités ensemble à l’évaluation. Des avantages étant liés à ces entretiens d’évaluation sous forme de prime ou de décharge, la Féduse craint qu’«une vague de contestation» vienne agiter les rangs des personnels enseignants.

Les premières évaluations des professeurs sont prévues pour 2018 et les intéressés ont été prévenus trois ans à l’avance. Mais problème, là encore, selon la Féduse : «Sans disposer de liste, les directions ont l’obligation de commencer ces évaluations alors que les professeurs n’ont pas encore été avertis à ce jour!» Pour faire respecter les textes législatifs, la Féduse n’hésitera pas à faire appel à la Justice et cela sans scrupules, «vu le climat qui règne», fait remarquer Mona Guirsch.

La Féduse souhaiterait également rencontrer le ministre Claude Meisch pour lui parler des besoins spécifiques des adolescents. Si le fondamental dispose des moyens nécessaires (150 effectifs supplémentaires promis) pour accompagnés les élèves qui demandent plus d’attention, les professeurs du secondaire réclament eux aussi un minimum d’encadrement pour leurs élèves qui, eux aussi, peuvent avoir des besoins particuliers. «Ce n’est pas parce qu’ils arrivent du fondamental où les moyens sont mis en place que leurs problèmes se sont envolés quand ils arrivent au lycée», souligne Raoul Scholtes, le président de la Féduse.

Dans ce contexte, la Féduse demande également à ce que chaque lycée du secondaire compte dans ses effectifs une infirmière pour 1 000 élèves. «Nous avons trente établissements scolaires, il devrait être possible de payer 30 infirmières et de ne pas demander aux professeurs de se charger de faire une piqûre ou de prodiguer un soin en cas de nécessité», poursuit Mona Guirsch. C’est pourtant ce que prévoit la réforme à travers le plan d’accueil individualisé.

Autonomie des lycées, oui mais…

L’autonomie des lycées est un concept qui ne déplaît pas à la Féduse, mais elle prévient néanmoins qu’elle doit être limitée afin de conserver certains standards, «sinon, nous risquons d’avoir une concurrence malsaine entre les établissements au lieu d’avoir une bonne concurrence de bonnes idées», explique Raoul Scholtes. Il faut surtout injecter des moyens pour les lycées parce que les professeurs ne veulent pas se retrouver avec des classes de 25 élèves quand on peut envisager des classes de 17 à 20 élèves, ce qui est autrement plus efficace. En conclusion, la Féduse dit son ras-le-bol d’être toujours mise devant le fait accompli et prône plus que jamais «une culture du dialogue».

Geneviève Montaigu