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Sea Shepherd garde le cap


C'est une mer de sang qui envahit chaque été les îles Féroé dont les habitants chassent les cétacés. (Photo DR/Sea Shepherd)

L’ONG Sea Shepherd, vouée à la protection des créatures marines, continue de soutenir ses activistes aux îles Féroé qui risquent la prison. Elle organisera ce vendredi soir une manifestation devant le consulat du Danemark.

Les défenseurs des cétacés sont remontés. À chaque saison, ils patrouillent dans les îles Féroé pour tenter de perturber la tradition du Grindadráp qui, sous ce nom, cache le triste sort qui attend des centaines de globicéphales (baleines-pilotes) et autres cétacés. Les animaux sont encerclés par une flotte de bateaux et sont acculés sur la plage où la population locale les attend pour les tuer à la main, au moyen d’instruments en tout genre. Pour les Féroïens, il s’agit d’une tradition, protégée par la loi danoise qui régit les îles Féroé.

Pour contrer les activistes patrouillant tous les étés pour tenter de sauver les cétacés, la loi danoise permet de les poursuivre en justice. Même si le Danemark est signataire des conventions européennes, ces textes n’ont aucune valeur dans les îles Féroé. L’archipel indépendant sous protection danoise n’est en effet pas membre de l’Union européenne et ne veut pas appliquer la législation européenne. Pourtant, il accepte paradoxalement les subventions européennes qui lui parviennent par l’intermédiaire du Danemark…

Pour la population locale, c’est l’incompréhension face aux activités de Sea Shepherd : «La population des îles Féroé et le gouvernement danois ne voient rien à redire à cette tradition qui ne concerne que les hommes et les jeunes hommes de plus de 15 ans. Cette espèce de rite fait se demander si nous sommes bien en 2015», se lamente Solveig Harper, activiste luxembourgeoise à Sea Shepherd.

1 500 cétacés tués chaque année

Ce qui révolte le plus les activistes, c’est que ce massacre de cétacés – un quota de 1 500 bêtes par an est accordé aux îles Féroé – n’a rien à voir avec des besoins alimentaires : «La chair n’est pas bonne à la consommation !, poursuit Solveig Harper. Les médecins conseillent de ne pas en manger. Ça n’a aucun sens, s’ils n’en mangent que deux fois par an comme ils le prétendent, il ne faudrait que 36 cétacés pour satisfaire la population des îles (NDLR : 50 000 habitants). En réalité, la plupart n’en font rien et des carcasses pourrissent à l’abri des regards.»

Le Luxembourg avait envoyé une lettre au Danemark pour dénoncer le Grindadráp, mais elle est restée jusqu’ici sans réponse… Les activistes du Luxembourg vont rencontrer ce vendredi soir, avant une manifestation devant le consulat du Danemark, à Luxembourg, le président de la Chambre des députés, Mars Di Bartolomeo.

En attendant, le Luxembourgeois Kevin Schiltz est toujours aux îles Féroé, résolu à passer quelques jours en prison : «Il est toujours hors de question pour les activistes de payer les amendes, ce serait accepter leurs traditions, nous explique Solveig Harper. Ils sont donc prêts à faire de la prison à la place. Tout ce qu’on leur reproche, c’est de s’être interposés entre les bateaux et les globicéphales, sans arme ni violence. Kevin, lui, était juste sur la plage où il portait un t-shirt Sea Shepherd. À terre, il n’a rien pu faire.»

L’organisation peut cependant noter une petite victoire à son actif. Deux croisiéristes allemands (AIDA et Hapag-Lloyd) boycottent désormais les îles Féroé pour protester contre le Grindadráp. L’argument touristique et économique aura-t-il plus de poids que l’argument écologique pour ces petites îles situées au nord de l’Écosse ?

Audrey Somnard