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Sam Tanson à propos du budget : «Plus d’apparence que de substance»


Sam Tanson estime que ce budget n’a pas pour but d’économiser de l’argent, mais de miser sur une croissance à court terme et indifférenciée.  (Photo : hervé montaigu)

Sam Tanson reproche au gouvernement de jouer une partie de poker. Les finances ne permettent pas d’investir massivement et de réaliser en même temps des économies.

La cheffe de file des verts, Sam Tanson, n’a pas été plus tendre avec le ministre des Finances et l’ensemble du gouvernement, même si elle entend être moins sévère que Gilles Roth à l’époque où il critiquait le premier budget de Pierre Gramegna. Le budget 2024 «ne tient pas ses promesses», déclare-t-elle d’emblée.

Sam Tanson ne comprend pas qu’avec une situation financière incertaine, le gouvernement décide de réduire l’impôt sur les sociétés de 1 % pour 2025, parallèlement à un allègement pour la classe fiscale 1A. À cela s’ajoutent d’autres dépenses, comme le plafonnement des prix de l’énergie, qui doit être au moins partiellement prolongé pour éviter une forte hausse de l’inflation en 2025. Le gouvernement ne propose aucun contre-financement réaliste.

La députée écolo rappelle que ce gouvernement va devoir investir massivement dans la transition «pour le bien des gens». Sam Tanson annonce, études à l’appui, que la récession à cause de la crise climatique coûtera plus cher que les mesures à prendre aujourd’hui pour limiter les dégâts. «Les efforts ne suffisent pas», dit-elle. «Nous attendons les annonces de l’après-élections européennes.»

«La façon dont vous avez présenté le budget ressemble à un bluff, comme un jeu de poker», décrit la députée. Elle compare le gouvernement à un ménage qui veut faire des économies, mais qui finalement part en vacances et décide d’acheter une nouvelle cuisine équipée…

«Ce budget n’a pas pour but d’économiser de l’argent, mais plutôt de miser sur une croissance à court terme et indifférenciée, avec le risque que les contribuables finissent par devoir payer la note sous la forme d’une véritable politique d’austérité», juge Sam Tanson. Elle, aussi, cherche les mesures qui mèneront aux économies promises, de l’ordre de 1,6 milliard. «Il y a plus d’apparence que de substance, plus de rêve que de réalité dans ce budget», poursuit Sam Tanson.

La députée juge la croissance surestimée : «Vous annoncez 2 % et tous les observateurs s’en étonnent. Comment arrivez-vous à ce chiffre?», questionne-t-elle. Le ministre lui répondra peut-être aujourd’hui. C’est un budget transitoire, avec «des mesures non différenciées dans un contexte économique dangereux», avertit-elle.

Connotation négative

Elle pense également que l’État doit anticiper les évolutions au niveau des accises sur les carburants et le tabac. Elle voit surtout qu’un habitant sur cinq est en risque de pauvreté et que ce budget ne dit pas grand-chose à ce sujet.

Au contraire, les mesures sont en faveur des investisseurs et des multipropriétaires. «Il faudra limiter leurs avantages fiscaux dans le temps au risque de relancer une tendance inflationniste», plaide-t-elle. Sam Tanson déplore l’abandon de la réforme sur le plafonnement des loyers et suggère donc au gouvernement de se concentrer sur l’offre de logement abordable.

Sam Tanson estime en conclusion que le changement de direction ne se reflète que partiellement dans les chiffres du budget 2024. «En rhétorique, c’est cependant le cas, par exemple en matière de politique climatique», observe-t-elle.

Le discours du gouvernement, comme les chiffres du budget, ont une connotation essentiellement négative à cet égard. De plus, il n’y a pas d’annonce claire de la part du gouvernement concernant l’extension des incitations positives, telles que les subventions à la rénovation énergétique et au photovoltaïque.

«Ce qu’il faut à l’heure actuelle, c’est un engagement clair en faveur d’une politique climatique ambitieuse visant à inciter les citoyens et les entreprises à protéger le climat.»