De plus en plus de travailleurs crouleraient sous l’effet de la crise sanitaire. Le syndicat insiste pour réunir en urgence la tripartite nationale.
Après l’annus horribilis 2020 lors de laquelle l’OGBL a tenté de limiter la casse, les «grands espoirs» placés en cette nouvelle année sont pour l’instant douchés, constate amèrement Nora Back. «C’est une image assez sombre que nous venons de dresser», admet même la présidente de l’OGBL à l’issue de la première réunion de 2021 du comité national. En cause, les répercussions financières et psychologiques de la crise sanitaire sur la population active. «Les gens vont de plus en plus mal. Toutes les catégories d’âge et catégories socioprofessionnelles sont touchées», avance Nora Back. «Il nous faut affronter de face les conséquences de la crise et les amortir au mieux», enchaîne-t-elle.
La priorité absolue de l’OGBL pour cette deuxième année de pandémie est de renforcer la lutte contre les inégalités sociales, phénomène qui s’est fortement accru en raison de la crise sanitaire. Dans ce contexte, le syndicat renvoie vers le plan de relance qu’il a présenté à l’automne dernier. Le maintien de l’emploi et du pouvoir d’achat figure tout en haut de l’agenda syndical. «Les plus faibles risquent une nouvelle fois d’être les grands perdants de la crise. En aucun cas, on ne peut accepter une politique d’austérité ou de nouvelles charges fiscales pour renflouer les caisses de l’État. Il est inconcevable que ce soit la population active qui paie la note», martèle Nora Back. Entre les lignes, elle réclame que le grand capital soit plus largement mis à contribution.
«Et encore, on a fait un tri»
Le rééquilibrage des finances publiques fait partie des multiples dossiers que l’OGBL souhaite discuter dans le cadre d’une nouvelle série de réunions de la tripartite nationale. Il ne s’agit cependant pas du problème le plus urgent. «Sur le terrain, les difficultés se situent à de nombreux niveaux», affirme Nora Back. Ce ne seraient plus seulement les travailleurs de «première ligne» («Ils sont sur les rotules») qui subiraient les effets de la crise. Le syndicat eschois dit avoir constaté que les salariés de «deuxième ligne», concernés par le chômage partiel ou ceux placés depuis près d’un an en télétravail, ont eux aussi le moral en berne. «L’insécurité en matière d’avenir professionnel et donc financier grandit. Les contraintes du travail à distance s’accumulent aussi. Les échanges entre collègues font défaut, le bien-être mental en pâtit», développe la cheffe de file de l’OGBL.
«On est en plein milieu d’une crise. Et nous disposons avec la tripartite d’un instrument de crise. Il est primordial d’avoir un échange régulier sur les importantes décisions politiques qui s’imposent», insiste Nora Back. Le Premier ministre, Xavier Bettel, refuse toutefois d’accorder une suite favorable à la demande du camp syndical. «Il nous a annoncé un échange sur la stratégie de vaccination, ce qui est à saluer. Mais nous avons besoin d’une véritable tripartite pour avancer», enchaîne la présidente de l’OGBL.
Le tour d’horizon dressé mardi devant la presse a duré une quarantaine de minutes. «Et encore, on a fait un tri. Il y a beaucoup d’autres chantiers à venir», met en garde Nora Back. L’année 2020 a été «dure», 2021 ne s’annonce pas bien meilleure.
David Marques
Loi Covid : «On n’est pas des experts, mais…»
Jusqu’à présent, l’OGBL n’a pas émis de jugement de valeur sur la politique anti-Covid menée par le gouvernement. «On n’est pas opposé aux mesures prises. Nous ne sommes pas des experts en la matière. La décision de fermer des secteurs ou d’imposer des restrictions revient aux scientifiques et au camp politique», a ainsi répété, mardi, la présidente Nora Back. Elle déplore toutefois l’absence d’un dialogue plus étroit avec les représentants du salariat. «Il devient de plus en plus difficile de faire accepter les mesures. Les arbitrages effectués manquent de cohérence. Il est dès lors important d’avancer ensemble et de trouver un chemin à plus long terme pour vivre avec le virus», conclut Nora Back.