L’un des grands défis que devra relever le gouvernement nouvellement reconduit sera la lutte contre la violence routière.
L’année 2018 a été mauvaise, très mauvaise, concernant le bilan des accidents de la route. Les chiffres officiels ne seront publiés qu’au printemps, mais notre décompte fait déjà état de plus de 30 morts. Cela met un coup d’arrêt à la baisse enregistrée depuis 2015 au Luxembourg. En 2017, les autorités avaient comptabilisé 25 décès liés à des accidents de la circulation. C’était toujours trop, bien sûr, mais ce chiffre était à mettre en parallèle avec les 70 morts enregistrés en 2000. Au début des années 1980, c’étaient une centaine de personnes qui mouraient sur nos routes…
Avec ce triste résultat de 2018, le pays a fait un bond de huit ans en arrière. En 2010, 32 personnes avaient perdu la vie dans des accidents routiers. Que faire maintenant ? Le gouvernement nouvellement reconduit va devoir prendre à bras le corps la problématique de la violence routière. Évidemment, de nombreuses initiatives ont été lancées ces cinq dernières années. Parmi celles-ci, l’emblématique installation des radars fixes et automatiques au bord de nos routes. En mars et en avril 2016, sous l’impulsion du ministre du Développement durable et des Infrastructures d’alors, François Bausch, les vingt premiers radars fixes ont été mis en service. Ils ont changé la donne.
Les radars ont continué de pousser (par exemple le radar sur la liaison Micheville, avant le rond-point Raemerich du côté d’Esch-sur-Alzette, sur l’A4, entre Brouch et Saeul, sur la N8, entre Angelsberg et Mersch, sur le CR118…). À chaque fois, la volonté des autorités était de sécuriser des secteurs accidentogènes, en obligeant les automobilistes les moins disciplinés à lever le pied. Problème : chassez le naturel, il revient au galop.
Des radars-tronçons
En effet, une fois passé ce gendarme de métal, certains automobilistes n’hésitent pas à accélérer. Il y a trois semaines, en répondant à une question à la Chambre des députés, François Bausch a annoncé que des radars-tronçons seraient installés sur certaines routes du pays à la fin 2019. Ces derniers ne prennent pas la vitesse à un point précis mais identifient chaque véhicule sur un tronçon et calculent sa vitesse moyenne d’un point A à un point B. Un projet pilote sera mis en place sur la N11, sur 4 km avant la localité de Waldhof. Gare aux contrevenants…
En France, l’apparition des radars a eu un effet bénéfique durant quelques années seulement… avant une nouvelle hausse des décès. L’année dernière, l’État français a donc pris une mesure radicale pour inverser la tendance et qui a été très critiquée : baisser la vitesse sur les routes nationales à 80 km/h. Cette initiative a ses adeptes chez nous aussi, notamment du côté de la Sécurité routière qui a, l’année dernière, prôné aussi une baisse de la vitesse de même ampleur sur ce réseau secondaire qui connaît le plus grand nombre de décès. Le gouvernement franchira-t-il le pas durant sa mandature ?
D’autres pistes existent, comme une réflexion sur l’amélioration des infrastructures routières. Ce thème est évidemment l’un des cœurs de métier de l’administration des Ponts et Chaussées. Cela fonctionne : des travaux ont permis, par exemple, de réduire la dangerosité de la route entre Kopstal, Bridel et Mersch qui était, il y a de cela quelques années, un tronçon très accidentogène. Les accidents graves sont sur cet axe beaucoup moins nombreux dorénavant. Mais, comme pour les radars, ce type d’initiative a ses limites !
Ce sont les automobilistes qui ont finalement la solution de l’équation. Vitesse excessive, prise de risque, manque d’attention, alcool au volant ou encore GSM à la main en conduisant… Ces comportements sont encore trop fréquents sur les routes du pays. Là encore, c’est à l’État et à ses partenaires d’agir pour marteler encore et toujours un message de prévention. Et le transmettre avec force.
Laurent Duraisin