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Romain Schmit : « investir dans une activité artisanale revient toujours aussi cher »


Romain Schmit, secrétaire général de la Fédération de Artisans, livre son bilan sur la mandature politique qui s'achève (Photo : Julien Garroy).

Romain Schmit, secrétaire général de la Fédération des artisans, dresse le bilan du gouvernement et salue la fusion du ministère des Classes moyennes avec l’Économie.

Ce gouvernement a décidé de placer les PME sous la tutelle du ministère de l’Économie. Quel bilan retenez-vous de cette fusion?
Romain Schmit : Ce fut franchement une belle expérience! C’était la meilleure idée de ce gouvernement de rassembler ce qui doit l’être. Il y a bien sûr des différences entre les petites et les grandes entreprises, entre les divers secteurs aussi, mais ce fut une belle expérience de travailler avec un vrai ministère plutôt qu’avec une administration.
Expliquez-vous…
À l’époque, le ministère des Classes moyennes, que l’on appréciait beaucoup au demeurant, là n’est pas la question, avait des moyens très limités pour parvenir à mettre des projets en place. Cette fois-ci, nous avions la chance d’avoir des contacts directs avec le ministre Étienne Schneider et surtout avec la secrétaire d’État Francine Closener qui peut accompagner une de nos initiatives ou au contraire nous pousser dans une certaine direction. Et les moyens du bord ne sont pas les mêmes. Le ministère des Classes moyennes gérait les autorisations et c’est à peu près tout.
En revanche, la fusion des Chambres professionnelles ne s’est pas réalisée. Pourquoi?
Je crois que le ministre qui était à l’origine de la discussion a finalement eu peur de son propre courage. Personnellement, je crois que l’on n’est pas allé au bout des discussions parce que l’on n’a pas réussi à passer au stade du « non émotionnel ». Comme la discussion n’a pas eu lieu jusqu’à la fin, on ignore ce qu’une telle fusion aurait rapporté. Le gouvernement a fait marche arrière sur ce sujet, mais il faut dire qu’il venait d’être sérieusement refroidi par les résultats du référendum.
Jusqu’en 2022, une enveloppe de 90 millions d’euros est prévue pour soutenir le développement des PME, soit une augmentation de 27 % par rapport aux cinq années précédentes. Les PME investissent-elles plus de leur côté?
Oui, on ressent les effets de la croissance. Il y a un regain d’activité et donc les investissements reprennent. Mais seulement depuis deux ans. La crise a laissé des traces et les entrepreneurs étaient récalcitrants à vouloir investir, mais c’est du passé. On sent d’ailleurs également à travers la mutualité des PME qui accompagne les entreprises dans leurs investissements, qu’il y a de l’activité et que les patrons veulent aller de l’avant. Mais investir dans une activité artisanale revient toujours aussi cher, sinon toujours plus, car il est question d’équipements lourds et de terrains.
En parlant des terrains, il en manque toujours cruellement pour créer des zones artisanales…
Oui, on manque cruellement de places et celles qui existent sont chères! C’est difficile à expliquer de nos jours marqués par l’internet et les médias sociaux, mais beaucoup d’entrepreneurs croient encore dur comme fer à leur zone de chalandise. Ils ont leurs clients dans un coin du pays et craignent de déménager loin de là, même si cela ne représente que 20 minutes de trajet en voiture. Cela étant dit, si l’artisan avait les moyens d’acheter son terrain il le ferait. L’entreprise familiale qui perdure, qui est transmise de génération en génération n’a pas toujours les moyens de payer le prix demandé. L’industrie achète et à la fin de son activité elle revend, car elle n’est pas attachée à son site.
Il manque aussi la main-d’œuvre qualifiée, et là vous avez créé les centres de compétences…
Oui, nous avons surpris tout le monde. Nous l’avons fait à partir du moment où on sentait que nous avions un soutien politique en interne surtout. Les chiffres sont éloquents et cette année nous allons dépasser allègrement la barre des 5 000 salariés qui suivent une formation et nous sommes toujours dans nos structures provisoires. Le 4 octobre, nous donnerons le premier coup de pelle pour la construction au Krakelshaff à Bettembourg. C’est un autre exemple des ouvertures rendues possibles par la fusion avec le ministère de l’Économie, puisque c’est grâce à Francine Closener que nous avons trouvé le terrain en face de l’Institut de formation sectoriel du bâtiment, l’IFSB.
Il s’agit de formations sur mesure, qui répondent à des besoins immédiats?
Ce qui est nouveau dans cette approche, c’est que pour tous les métiers, une trentaine au total, nous élaborons un cursus de formation qui part du non qualifié jusqu’au niveau d’un master le cas échéant. Ce sont les professionnels qui définissent le niveau des compétences requises, pour quel métier et pour quelles parties du métier. Il s’agit d’une offre complète de formation que l’on propose aux entreprises. Nous avons certains formateurs, tant en interne qu’en externe, qui proviennent de nos fournisseurs avec lesquels je voudrais d’ailleurs souligner la bonne collaboration. J’ai assisté dernièrement à un de leurs cours sur l’étanchéité des toitures plates qui avait été mis en place à la suite de la forte demande de la part des entreprises concernées […]

Entretien avec Geneviève Montaigu

Retrouvez la grande interview de lundi en intégralité dans notre édition papier de ce 27 août.