Après l’inauguration de la piste cyclable avenue de la Liberté, les verts de la capitale rappellent à la majorité DP-CSV que beaucoup reste à faire pour combler un réseau en pointillé.
Depuis 2017 et leur relégation dans les rangs de l’opposition, les élus déi gréng de la capitale ont bien du mal à se faire entendre : leurs multiples interventions en faveur d’un réseau cyclable plus sûr et pratique – plus d’une douzaine ces trois dernières années, restent souvent lettre morte. «La bourgmestre nous répond : oui, peut-être, mais pas maintenant», déplore la conseillère Claudie Reyland.
Cette fois, avec le bouclage du chantier du tram vers la gare centrale, et des infrastructures opérationnelles avenue de la Liberté, sur le Viaduc, avenue de la Gare et au Kirchberg, les verts estiment que le timing est parfait pour s’y mettre : «Nous n’avons pas besoin d’étude supplémentaire mais de courage politique», s’agace François Benoy, chef de file des verts au conseil communal. Le groupe a donc passé au crible le maillage actuel pour en sortir une série de propositions concrètes pouvant être mises en œuvre «rapidement et sans grands travaux».
Leur plan pour des pistes cyclables «de qualité», soit «directes, sûres, et séparées du trafic piétonnier et motorisé», prévoit d’abord de relier entre eux les axes principaux existants, puis d’assurer la jonction vers les quartiers en privilégiant la mobilité douce. Sur certaines portions, il est donc question de limiter voire supprimer le trafic motorisé.
Priorité au boulevard Prince-Henri
Au centre-ville, dans la rue du Fossé, les verts regrettent ainsi que la Ville ait opté pour une «zone de rencontre», là où ils préconisaient la suppression pure et simple de la circulation motorisée, avec installation de bornes escamotables uniquement destinées aux riverains, livraisons et tout véhicule avec autorisation spécifique. De quoi faire grincer quelques dents. La réglementation de cette voie historiquement liée au passage vers le nord constitue, en effet, un sujet hautement inflammable.
Tout comme le stationnement. Pour créer une piste cyclable bidirectionnelle boulevard Prince-Henri, principal chaînon manquant pour connecter le centre-ville aux quartiers, les verts enfoncent le clou et plaident ici pour la suppression d’une bande de stationnement. Pour autant, pour François Benoy, ce n’est pas un sujet : «À proximité, on a les parkings Monterey, Hamilius, Knuedler, soit des centaines de places disponibles!»
En ce qui concerne les liaisons restant à établir avec les quartiers, déi gréng envisagent des solutions au cas par cas, parfois radicales là aussi. Par exemple, pour créer des «zones d’apaisement», les voitures seraient bannies de l’avenue Pasteur (jonction Limpertsberg) et de la rue des Gaulois ou du Laboratoire (jonction Bonnevoie). «Ce qui est important, c’est de libérer ces zones du trafic de transit», explique François Benoy. «Là où les voitures ne font que passer, on instaure des espaces dédiés à la mobilité douce. Le trafic motorisé peut être redirigé vers d’autres routes. L’itinéraire le plus rapide et pratique doit être réservé aux vélos et aux piétons.»
Avenue Reuter, le casse-tête
Quant aux autres tronçons, le val Sainte-Croix ou l’allée Léopold-Goebel (jonction Belair), l’avenue Marie-Thérèse et l’avenue Guillaume (jonctions Merl, Hollerich), la rue de Nassau et la rue Emile-Lavandier ou le pont Buchler (jonctions Gasperich, Cessange), «il est possible d’y créer, soit une piste cyclable bidirectionnelle sécurisée, soit une piste sécurisée unidirectionnelle de chaque côté de la chaussée», assure le chef de groupe.
Avenue Reuter (jonction Étoile), cette fois, ce serait aux piétons de laisser la place : «Vu le manque de place, c’est compliqué à cet endroit. Une solution consisterait à créer une piste cyclable sur le trottoir et à dévier les piétons dans le parc.» De quoi nourrir les débats des prochains conseils, en attendant les élections communales de 2023.
Christelle Brucker