Les citoyens sont unanimes : il était temps que les terrasses rouvrent. Même malgré des conditions météorologiques hivernales. Nous avons pris la température, mercredi, dans les rues de la capitale.
Il faisait glacial mercredi matin, mais l’envie de s’installer en terrasse était plus forte que le froid ou la neige. Fabriccio savourait un café corsé en gare d’Esch-sur-Alzette à 6 h du matin avant de prendre son service. «Me poser en terrasse m’avait trop manqué. Le plaisir que cela me procure m’aide à faire abstraction du froid», indique le quadragénaire. «Je remets ça à ma pause!», enchaîne-t-il. Un petit tour sur les réseaux sociaux quelques heures plus tard permet de constater que Fabriccio a tenu parole pour son deuxième café de la matinée.
Il n’était pas seul à braver les intempéries pour le plaisir. À Luxembourg, la terrasse installée devant le café Rock Solid um Piquet était remplie en milieu de matinée. Toutes les tables avaient été réservées. «Nos clients ont hâte de pouvoir revenir et ce n’est pas la météo qui va les arrêter», indiquait Sébastien Thiry, le gérant du lieu, dans notre édition du 3 avril. Il ne s’était pas trompé. «J’ai eu tellement d’appels pour savoir si nous allions ouvrir que j’ai dû mettre en place un système de réservation des tables pour éviter la cohue», indique-t-il. Six étudiants à Innsbruck répartis sur trois tables savourent des pintes de bière. «Le contact social nous a terriblement manqué, explique Yannick. Nous respectons les mesures sanitaires, mais cela commence à être long. On est jeunes et c’est difficile de ne pas pouvoir s’amuser comme on le voudrait.» «Nous avons tous été testés négatifs, précise Tom. Nous avons fait les tests exprès pour profiter de l’ouverture des terrasses.»
Lâcher prise, Cédric, Malea et Wenzen en rêvent aussi. Emmitouflés sous des couvertures, ils dégustent une boisson chaude et une tranche de cake à la terrasse improvisée du café Konrad dans la rue du Nord. «J’avais envie de revoir mes amies et la journée d’aujourd’hui m’a semblé être une excellente occasion pour le faire, note Cédric qui n’a pas vu Wenzen depuis Noël. «Dès que nous nous sommes installés, le personnel nous a distribué des couvertures et nous a mis à l’aise. Il a l’air heureux de retrouver les clients. Ils nous ont reconnus tout de suite. Nous n’avions pas vu un tel enthousiasme depuis longtemps», estime Wenzen. Les trois amis n’excluent pas de renouveler l’expérience un jour où il fera plus beau.
Si les cafés et restaurants du centre-ville n’ont pas tous encore déployé leurs terrasses et ne le feront peut-être pas du tout, certaines institutions, comme le café Vis-à-Vis, ne pouvaient y échapper. «Les clients sont heureux de pouvoir revenir et le temps ne peut devenir que meilleur, indique Martine Wagner, la patronne de l’établissement. Nous avons ouvert à 7 h 30 ce matin. Le premier client attendait devant la porte depuis un quart d’heure. Certains ont pris congé pour venir profiter des terrasses. C’est incroyable! Des clients qui ne sont pas habitués à fréquenter les bistrots aussi tôt dans la journée sont venus prendre un café en vitesse avant d’aller travailler. La journée est exceptionnelle. Demain, nous n’ouvrirons pas avant 10 h, plus tôt, cela ne vaut pas le coup sur le long terme.»
«Un petit pas, mais un pas important»
Cette journée exceptionnelle a attiré les médias des pays voisins dans les rues du centre-ville de la capitale. Un apéritif en terrasse au Luxembourg ne fait pas partie des déplacements essentiels autorisés à leur population, même si la mesure décidée par le gouvernement luxembourgeois est alléchante. Particulièrement pour les habitants de la partie belge de Martelange… Un photographe du Républicain lorrain, une équipe composée d’un journaliste et d’un caméraman de TVLux, une autre de la RTBF et une de RTL TVI se croisaient à la recherche de témoignages et d’images à se mettre sous la dent auprès des rares clients assez téméraires ou en manque pour avoir bravé les flocons de neige afin de s’asseoir en terrasse à l’heure du déjeuner. À l’image du Premier ministre, Xavier Bettel, à la recherche d’un coin de table avec ses deux gardes du corps. Fidèle à son habitude, il se prête au jeu des médias, salue et échange quelques mots avec les personnes attablées autour de la place d’Armes.
Un public maîtrisé qui ne se répand pas dans les parcs ou sur les bancs publics. «Ici vous avez un restaurateur responsabilisé, un cafetier responsabilisé qui ne perdent pas d’argent grâce à l’indemnisation de 25 % qui est garantie. C’est une motivation, indique le Premier ministre. C’est un petit pas, pas grand-chose, une bulle d’air qui permet de retrouver un peu de vie. Une mesure symbolique. Je ne veux pas qu’au final on ait plus de personnes suivies pour les conséquences psychiques, psychiatriques ou sociales de cette crise que de malades du Covid. C’est un pas important et on voit que les gens sont au rendez-vous.»
Reste à espérer pour les restaurateurs et pour le moral des troupes que la météo va devenir plus clémente dans les jours à venir pour ne pas saper le bel enthousiasme des Luxembourgeois et permettre de belles rencontres en terrasse.
Sophie Kieffer
Depuis mercredi, les restaurants, bars et cafés peuvent accueillir du public de 6 h à 18 h en sous certaines conditions. Seules les terrasses sont ouvertes au public, qui ne peut consommer qu’assis à une table. Chaque table ne peut accueillir que deux personnes, sauf si les personnes font partie d’un même ménage.
Les tables doivent être séparées d’une distance d’au moins 1,5 mètre ou par une barrière ou une séparation physique permettant de limiter le risque d’infection. Le port du masque est obligatoire pour le client tant qu’il n’est pas assis à table et pour le personnel en contact direct avec les clients. La vente à emporter, la vente au volant et la livraison à domicile sont toujours possibles.