La conférence des présidents des Parlements de l’UE à Luxembourg a reflété ce qui se passe en Europe. Le club est partagé sur la question de l’accueil des réfugiés et de l’intégration européenne.
La conférence qui a débuté lundi s’est achevée mardi avec un projet de conclusions «proche du consensus», comme le souligne un participant hongrois. Au centre de conférence du Kirchberg, la ligne de partage était bien palpable entre l’Est et l’Ouest sur la question des flux migratoires.
La veille, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait ouvert la conférence en plaidant pour une plus grande solidarité entre les pays membres qui puisse mener à une politique cohérente en matière d’immigration et d’asile. Il mettait en cause les actions isolées qui, elles, mènent au chaos, selon lui.
Pourtant, certains préfèrent s’isoler. Les débats avaient animé la veille sur cette question comme sur celle de l’intégration européenne, selon la logique des choses. Hier encore, alors que l’heure était à la présentation d’un projet de conclusions, les chambres slovaque, polonaise, tchèque et hongroise ont exprimé une nouvelle fois leurs réserves quant à la terminologie utilisée qui traduit un renforcement de la solidarité et de la responsabilité à l’intérieur de l’UE. D’abord, ils distinguent deux types de solidarité et ont plaidé pour que soit précisé «solidarités active et passive». Autrement dit, on soutient moralement les pays qui accueillent, mais on ne veut pas de réfugiés chez nous.
L’intégration mise à mal
L’accord avec la Turquie, dans ce même contexte de la crise migratoire, a donné lieu à des vives critiques. Certains ne veulent pas entendre parler d’un «partenaire stratégique clé de l’UE» et préfèrent lui voir coller la simple étiquette de «pays candidat à l’UE». Dans le projet de conclusions, les parlementaires ont tenu à dire leurs préoccupations à l’égard des «intimidations» et «procédures judiciaires et administratives» dont peuvent faire l’objet «des journalistes, des universitaires et des parlementaires».
Au chapitre du renforcement de l’Union européenne, les Britanniques se sont bien sûr montrés les plus hostiles à plus d’intégration, avec les Polonais et les Suédois. Là aussi, les conclusions ne leur ont pas donné satisfaction ou plus précisément par ses annexes où figure la déclaration de Rome du 14 septembre 2015. Ils sont très gênés par la présence de ce texte signé depuis par 17 assemblées parlementaires nationales réclamant un nouvel élan à la construction européenne. Évidemment, quand on plaide pour plus de souveraineté des États, on ne veut pas voir ce genre de déclaration annexée à des conclusions, d’autant que ce n’est pas l’usage de rajouter des liens.
Au bout de la course, tout le monde s’accorde à dire qu’il faut agir pour gérer la crise des réfugiés, mais chacun défend sa méthode.
Geneviève Montaigu