Le Parlement des jeunes donne des leçons à nos élus en termes de respect du droit international et des droits de l’Homme. Conscients que l’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde, ils exhortent les politiques européens à faire le maximum pour venir en aide aux réfugiés.
Ils ont attentivement et intensément travaillé les trois résolutions adoptées en séance plénière du Parlement des jeunes le 20 mars dernier. Vendredi, ce même Parlement des jeunes est venu les présenter dans la salle plénière face aux députés de la commission des Affaires étrangères et européennes réunie avec la Conférence des présidents. Les élus ont été surpris par la qualité du travail fourni autour de la question des réfugiés et ils ont surtout apprécié leur ouverture d’esprit, leur tolérance et les valeurs humanistes qui les animent.
Le Parlement des jeunes a présenté ses trois résolutions portant respectivement sur la gestion du flux de demandeurs d’asile et de réfugiés à l’échelle européenne et internationale (71 points !), sur l’impact économique de l’afflux de réfugiés au Luxembourg et enfin sur l’accueil et l’intégration des réfugiés au Luxembourg. Le droit international et européen en matière de droit d’asile n’a plus de secrets pour eux. Le rappel des différents textes existants et leur signification occupent une large place dans les résolutions qu’ils exposent.
Leur recherche est richement documentée. Ils ont épluché les chiffres liés à l’impact de l’afflux des réfugiés pour en conclure que «les réfugiés qui s’intègrent bien socialement et économiquement peuvent bénéficier à nos pays plutôt que simplement profiter des prestations sociales».
Tour à tour, les jeunes des différentes commissions qui composent leur Parlement ont pris place à la tribune. Ils se sont exprimés en luxembourgeois ou en français, selon leur préférence, parce que «le Parlement des jeunes représente tous les jeunes» et qu’ils sont «heureux de parler plusieurs langues», le principal étant que «tout le monde se comprenne», comme le dit leur président, Elisha Winckel.
Contre une forteresse Europe
Ces jeunes se sentent bien dans cette société multilingue et cosmopolite et prouvent qu’ils n’ont pas peur de l’afflux de réfugiés, mais posent tout de même des limites. Des quotas tout d’abord, sans citer de chiffres. Le président de la commission des Affaires étrangères, Marc Angel, observera que cette disposition était contradictoire avec leur souhait de voir s’appliquer pleinement la convention de Genève sur l’accueil des demandeurs d’asile. Pas forcément, selon les jeunes, ils n’ont pas indiqué de chiffres, mais les quotas signifient que des limites s’imposent pour éviter le chaos et organiser au mieux l’accueil de contingents et surtout leur intégration.
Ils pensent au logement, problématique pour tout le monde dans ce pays, résidents comme réfugiés, précisent-ils, et à l’intégration sur le marché du travail et dans le système scolaire de ces nouveaux arrivants «qui vivent des attentats au quotidien en Syrie». Les jeunes parlementaires suggèrent «d’établir des routes officielles» pour les réfugiés, «sur lesquelles les investissements en infrastructure, sécurité et personnel seraient concentrés». Ils «rejettent fermement l’idée d’une forteresse Europe, des frontières européennes closes, car cette politique ne peut mener qu’à un échec», estiment-ils.
Le logement des réfugiés passera selon eux par la construction de villages constitués de conteneurs à court terme qui doivent être répartis dans tout le pays afin de ne pas créer de ghetto. Pour le régime scolaire, ils estiment qu’une première année dans une classe d’accueil pour les réfugiés pourrait faciliter ensuite leur intégration dans les différents systèmes scolaires luxembourgeois. Cette proposition n’a pas été accueillie favorablement par les députés pour qui la meilleure intégration passe par le système scolaire normal, soit se retrouver dans le bain sans passer par une classe spéciale pour réfugiés.
Les discussions ont porté sur des détails, car, dans l’ensemble, les députés ont salué ces trois conventions. Les jeunes ont livré une belle plaidoirie en faveur de l’Europe et de ses valeurs et n’ont pas hésité à demander plus d’intégration européenne pour répondre aux défis que pose la question des réfugiés.
Geneviève Montaigu