Alors qu’en pleine pénurie de main-d’œuvre, l’ASTI voit ses projets d’insertion professionnelle pour réfugiés et migrants stoppés, l’association appelle le gouvernement à agir.
Pour favoriser l’autonomie des réfugiés et des migrants au Luxembourg, l’ASTI en est convaincu : l’emploi est la clé. C’est pourquoi l’Association de soutien aux travailleurs immigrés imagine sans cesse de nouveaux projets en lien direct avec les besoins du marché du travail luxembourgeois.
Ainsi, ses deux derniers programmes, démarrés début 2019, se sont révélés particulièrement efficaces : ouverts aux demandeurs et aux bénéficiaires de protection internationale tout comme aux migrants, les projets Connections4Work et LuxWoW, financés par des fonds publics européens et luxembourgeois pour le premier et privés pour le second, ont bénéficié à plus de 200 personnes.
«Quatre-vingt-dix ont participé à notre parcours Connections4Work qui comprend des cours de langue ciblés sur le vocabulaire usuel de métiers en pénurie de main-d’œuvre – jardinage, restauration, nettoyage – des ateliers pratiques, des séances d’information et des stages de formation en entreprise non rémunérés», indique Laura Zuccoli, la présidente de l’ASTI. Près de la moitié des participants ont pu montrer leurs compétences lors d’un stage professionnel tandis que 16 d’entre eux se sont vu proposer un contrat de travail. «Un succès indéniable», souligne-t-elle.
Idem pour le projet LuxWoW (Luxembourgish World of Work), qui a proposé pendant plus de deux ans des ateliers portant sur le marché de l’emploi et ses pratiques : 120 personnes ont été formées au droit des travailleurs, à la rédaction de CV ou encore à la préparation à un entretien.
Des initiatives concrètes pour pourvoir des postes qui ne trouvent pas preneur et garantir l’accès à l’emploi de cette population vulnérable. Or, faute de financements, ces deux programmes qui se sont achevés fin juin ne seront pas reconduits. Un crève-cœur pour l’ASTI, qui insiste : «Ces ateliers remédient aux obstacles à l’embauche que sont le manque de maîtrise de la langue, la méconnaissance du fonctionnement du marché du travail au Luxembourg et l’absence de contact avec les entreprises.»
Des opportunités manquées
Et ce n’est pas la seule désillusion pour l’association : alors que ses équipes constatent chaque jour sur le terrain une forte demande pour ce type de projets d’accès à l’emploi, l’ASTI dénonce l’attitude du gouvernement, aux abonnés absents en ce qui concerne le Parcours d’intégration accompagné (PIA) pourtant prévu dans l’accord de coalition. «Après une première phase concluante, le ministère de l’Intégration avait sollicité plusieurs organisations en 2018 pour y donner suite. Mais rien ne se passe. On nous répond que c’est en réflexion avec la nouvelle loi sur l’intégration et l’accueil : très bien, mais on aurait pu poursuivre avec la forme existante en attendant», regrette la présidente, qui voit là bon nombre d’opportunités manquées pour les candidats à l’emploi comme pour les entreprises.
D’autant que les difficultés de recrutement préexistantes à la crise sanitaire dans certains secteurs se sont accrues avec la reprise économique. «Face à ce déficit de main-d’œuvre, le gouvernement doit réagir en urgence et mettre en place des mesures et projets pour les réfugiés et les migrants motivés. Il y va de leur indépendance, de leur accès à une vie plus digne et d’un meilleur vivre-ensemble», résume l’ASTI, qui se dit ouverte à toute collaboration avec les acteurs concernés.
Christelle Brucker