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Réforme fiscale : déi Lénk veut «taxer les riches»


Selon déi Lénk, avec la réforme fiscale présentée par le gouvernement les riches risquent de devenir plus riches et les pauvres plus pauvres. (photo Fabrizio Pizzolante)

Dimanche matin à l’occasion de son congrès ordinaire, la Gauche a adopté une résolution concernant la réforme fiscale. Elle exige la réintroduction de l’impôt sur la fortune et la réduction du poids des impôts indirects.

C’est sous le slogan «Sortir de l’impasse. Dompter les banques. Taxer les riches. Renforcer l’État social» que le parti déi Lénk, organisait dimanche son 13e congrès ordinaire au Centre Atert à Bertrange.

« La réforme fiscale présentée par le gouvernement est décevante.» Tels étaient les mots employés dimanche matin, par Guy Foetz en guise d’introduction de la présentation de la résolution intitulée «Sortir de l’impasse». Quelques instants plus tôt, la porte-parole de déi Lénk, Carole Thoma, avait déjà critiqué dans son discours la réforme fiscale. «Les impôts sont un des instruments les importants dont dispose l’État pour faire une politique de répartition et d’éviter ainsi que les inégalités sociales prennent le dessus. Malheureusement l’actuel gouvernement ne semble pas avoir compris cela», a-t-elle soulevé.

Le projet de réforme fiscale prévoit notamment la diminution progressive de 21 % à 18 % du taux de l’impôt sur le revenu des collectivités dans le but de renforcer la compétitivité des entreprises. Ce n’est pas la seule mesure que la Gauche critique. Elle juge la nouvelle tranche d’imposition maximale de «trop faible».
«Avec cette réforme fiscale, on a raté l’occasion d’une véritable répartition. Les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres, a commenté Carole Thoma. Ainsi une personne sur cinq au Luxembourg risque de devenir victime de pauvreté ou d’exclusion sociale.»

Bref, déi Lénk exige dans sa résolution adoptée dimanche, «une réforme fiscale juste et solidaire». Parmi ses revendications on retrouve notamment la réduction du poids des impôts indirects. «Les impôts indirects, comme la TVA, grèvent plus lourdement les ménages avec un faible revenu», constate la Gauche.

Selon déi Lénk, il est également nécessaire d’imposer davantage les entreprises ainsi que les revenus du capital et de la fortune. «Il est grand temps de réintroduire l’impôt sur la fortune.» Enfin la Gauche revendique une réforme fiscale durable en promouvant fiscalement les investissements dans le photovoltaïque, l’énergie éolienne et hydraulique.

Logement : «Un vrai état d’urgence»

La résolution conclut : «L’impasse de la croissance infinie ne laisse qu’une seule issue : celle d’une meilleure répartition des revenus et des patrimoines. Les impôts directs et une politique budgétaire mettant l’accent sur la redistribution des revenus et sur les biens et les services publics sont des moyens puissants pour y parvenir. Économie durable rime avec économie solidaire.»

Lors de son congrès ordinaire, la Gauche s’est également attaquée à la politique sociale du gouvernement. «Le gouvernement fait des économies au niveau des jeunes», a noté Carole Thoma en citant l’exemple des bourses d’études. Mais le logement n’a pas non plus fait défaut. «On ne peut plus parler de problématique du logement. Le Luxembourg connaît un véritable état d’urgence. Il manque de logements abordables».

Déi Lénk propose ainsi de taxer les logements vides depuis un certain temps afin d’endiguer le phénomène de la spéculation. Toujours selon le parti, les pouvoirs publics doivent enfin prendre leurs responsabilités et construire des logements. «On a besoin d’une société du logement qui ne fait rien d’autre que construire des logements en fonction des besoins. Et cela dans d’autres quantités que c’est actuellement le cas avec le Fonds du logement ou la Société nationale des Habitations à bon marché (SNHBM).» La Gauche propose de la financer en partie par le fonds de pension.

Les révélations de Luxleaks et celles autour des Panama papers n’ont pas non plus manqué au congrès. En vue du procès LuxLeaks qui s’ouvre le 26 avril, déi Lénk exprime sa solidarité avec les lanceurs d’alerte. Dans son discours sur l’évasion fiscale, le député européen et membre de la commission spéciale Taxe, Fabio de Masi (GUE/NGL-die Linke) a noté que selon une étude 63 personnes sur la terre sont aussi riches que la moitié de la population mondiale.

«C’est un développement complètement malade. Celui qui amasse de tels millions et milliards doit prendre quelque chose de l’assiette des autres.» L’invité spécial du congrès a encore qualifié «cette accumulation de richesses de vol ordinaire à la population».

Fabienne Armborst