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Réforme de l’aide à la presse : «La qualité du journalisme en pâtira»


La réforme de l’aide à la presse écrite et en ligne a été votée jeudi à la Chambre.  (archives Editpress)

Un large consensus s’est dégagé parmi les députés en vue de soutenir les journalistes du pays. Mais les principaux intéressés, eux, ont du mal à avaler la pilule.

Si la loi a été votée par 53 députés (6 voix contre et 1 abstention) et qu’une quasi-unanimité est ressortie des débats, force est de constater que les piliers de l’Association luxembourgeoise des journalistes professionnels (ALJP) sont loin d’approuver ce vote.

À l’image du président de l’association, Roger Infalt : «Certes nous avions émis un avis concernant cette loi, mais les membres de la commission parlementaire des Médias ont refusé à plusieurs reprises de nous recevoir. Nous souhaitions évoquer avec eux la redéfinition du statut de journaliste, mais aussi sa rémunération qui ouvre la porte aux licenciements, comme ce fut le cas dans un certain quotidien qui a massivement licencié ses employés touchant les plus gros salaires pour en réengager d’autres à moindres frais. Il y aura un bilan qui sera dressé dans deux ans et on verra alors quelle est la situation. Sinon, je déplore le fait que cette loi définisse un journaliste en fonction de la détention d’une carte de presse. Graphistes et assistants techniques se les voient désormais conférer. Nous avons actuellement un nombre énorme de demandes de cartes de presse au Conseil de presse. La qualité du journalisme en pâtira avec une pareille loi. Bref, c’est une loi qui aurait pu être plus complète. C’est trop facile de dire qu’on fera un bilan dans deux ans !»

ALJP : «Nous n’avons pas été écoutés»

De son côté, le secrétaire général de l’ALJP, Luc Caregari, se dit «quelque peu choqué qu’un certain député (du DP) ait dit que l’ALJP voulait stopper ou retarder la loi. C’est faux ! On va devoir vivre avec une loi qui est mauvaise pour nous, car elle va augmenter la précarisation dans le secteur et n’en assurera pas la pérennité. On n’a pas été consultés sur ce projet-là. Certes nous l’avons été sur un avant-projet qui a radicalement été modifié et nous n’avons pas été avertis avant. Les avis de l’ALJP et du Conseil de presse n’ont pas été considérés, sauf sur quelques détails pas vraiment importants. Ils pourront toujours dire qu’on a été consultés, mais ce qui est certain, c’est que nous n’avons pas été écoutés. Nous avons une autre idée du pluralisme que les députés !»

Les députés prônent le pluralisme

Pour leur part, une grande majorité de députés s’est attachée à louer la nécessité du pluralisme et de l’indépendance des médias que consacrerait cette loi. Diane Adehm (CSV) a ainsi évoqué l’importance de ces critères pour assurer une cohésion sociale. Pim Knaff (DP) a quant à lui insisté sur le devoir de soutien à la liberté de la presse dans une société. Francine Closener (LSAP) a, elle, souligné l’importance de l’existence d’un «quatrième pilier» à côté des trois pouvoirs classiques et propres à un État de droit et à une démocratie. L’ancienne journaliste a également mis en exergue le «rôle crucial de la presse professionnelle durant la pandémie face aux médias non officiels».

À noter, enfin, que la députée Viviane Reding (CSV) a pris position en faveur des radios locales ou «communautaires», «qui emploient essentiellement des bénévoles, lesquelles assurent un pluralisme médiatique». Concrètement, l’ancienne vice-présidente de la Commission européenne s’est inquiétée de la fermeture potentielle de ces radios locales qui manquent de subsides, contrairement aux médias «professionnels qui perçoivent l’aide à la presse». La députée a clairement interpellé les membres du Parlement sur le fait que ces médias ne devraient pas rester les grands oubliés de la loi.

Claude Damiani

Le CSV veut le Covid Check pour la Chambre

Le député Gilles Roth a déposé jeudi une résolution visant à ce que les députés soient traités selon le même régime que la population s’agissant des nouvelles règles sanitaires en vigueur. Ainsi, le député-maire CSV de Mamer a revendiqué «de notifier à la direction de la Santé la tenue des séances publiques à venir sous le régime Covid Check, sous réserve de changements législatifs ultérieurs», parce qu’il «serait insensé de permettre à des établissements privés de bénéficier du régime Covid Check et d’en exclure les institutions, telle la Chambre des députés».