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Réforme de la police : Schneider défend sa ligne


Un débat sur la réforme de la police grand-ducale a eu lieu mardi à la Chambre. Les propos des députés ont porté, entre autres, sur l’absence de concertation, le choix du cabinet d’audit, des craintes de divisions. Le 19 juillet aura lieu une dernière réunion entre associations et représentants du personnel de la police grand-ducale et gouvernement.

La réforme de la police grand-ducale remonte au gouvernement précédent, à 2009, comme l’a rappelé mardi devant les parlementaires le ministre de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider. Il aura fallu attendre jusqu’en 2015 pour que la coalition au pouvoir décide de faire auditionner la police par le bureau Mindforest.

Cet audit, auquel sont venues s’ajouter les un peu moins de mille réponses à un questionnaire en ligne, aura fourni la base à une «large discussion» selon Étienne Schneider, qui aura permis de déterminer les principaux points d’attaque de la réforme envisagée.

Parmi ceux-ci, la transformation de la direction générale, avec à l’avenir un seul directeur épaulé d’un comité de direction composé de quatre membres, mais également la mise en place d’un service de communication, d’une cellule psychologique ou encore d’un service des relations internationales.

Le terrain d’opération de la police fait également l’objet de changements, avec la réorganisation territoriale en quatre régions (Diekirch, Esch-sur-Alzette, Grevenmacher et Luxembourg). La capitale devra d’ailleurs à l’avenir accueillir la police judiciaire centralisée.

Dan Kersch, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, a quant à lui détaillé le réagencement des carrières prévu dans la réforme.

C’était ensuite aux représentants des fractions parlementaires de prendre la parole. Michel Wolter, député chrétien-social et bourgmestre de Käerjeng, commune opposée à la suppression de commissariats prévue par la réforme, est revenu sur l’audit de la police pour dénoncer une nouvelle fois l’absence de débat à l’issue de celui-ci, d’ailleurs mené «sans objectivité aucune», en excluant le syndicat des communes (Syvicol) et les communes concernées, et «sous huis clos» .

Parmi les lacunes de l’audit en question, le député a notamment retenu l’absence d’analyse sur l’aéroport du Findel, l’opportunité d’une police des transports ou encore la relation future avec les communes. Il a enfin qualifié de «scandale» le fait que le gouvernement ait choisi pour cabinet d’audit la société Mindforest, déjà chargée dans le passé de services au profit d’entreprises liées à la biographie d’Étienne Schneider. Et que ce même cabinet ait été chargé du suivi de la réforme pour un montant de plus d’un million et demi d’euros.

Clash au sujet de Mindforest

Au lieu de la fermeture de commissariats, Michel Wolter a plaidé pour des «horaires de travail plus flexibles» . Il a salué la centralisation de la police judiciaire dans la capitale, mais a estimé nécessaire qu’elle continue de rester active sur le plan régional.

Claudia Dell’Agnol (LSAP) a quant à elle mis en garde contre une «division» au sein de la police et contre une «guerre des tranchées» , comme la rechercheraient certains représentants syndicaux.

Le libéral Max Hahn a salué le recrutement de civils, chargés, contrairement aux policiers, des tâches administratives et informatiques, ce qui augmenterait le nombre d’agents présents sur le terrain.

Aux yeux du député vert Claude Adam, c’est l’agencement des carrières qui contribuera à une meilleure organisation de la police et à une meilleure communication en son sein.

Fernand Kartheiser, de l’ADR, a insisté sur la nécessité pour les policiers de se savoir soutenus par l’État. Il a aussi plaidé pour la création d’une classe de 13 e policière dans l’enseignement, afin d’améliorer le recrutement.

David Wagner (déi Lénk) a pointé du doigt le rôle ambigu de la police dans le cadre d’une politique anti-drogue répressive ou encore dans la lutte contre la fraude fiscale.

Lorsque, enfin, Étienne Schneider a pris une dernière fois la parole, c’était, entre autres, pour écarter l’idée de la création d’une police des transports, mais également pour répondre à la charge portée contre lui par Michel Wolter au sujet de Mindforest. Pour le ministre de la Sécurité intérieure, si l’entreprise en question s’est vu octroyer le suivi de la réforme, cela s’expliquerait en premier lieu par sa connaissance du dossier.

Frédéric Braun