Depuis environ deux mois, une clinique et un laboratoire mosellans sont associés avec l’IBBL (Integrated BioBank of Luxembourg) dans le but de collecter des tissus tumoraux. Un partenariat unique à l’heure actuelle.
Il s’agit véritablement d’un pas supplémentaire pour la collaboration transfrontalière dans le domaine de la science et de la recherche. Depuis deux mois, la clinique Ambroise-Paré de Thionville, le cabinet de pathologie Antunes-Baudin et l’IBBL (Integrated BioBank of Luxembourg) sont associés, dans le but de créer la première tumorothèque transfrontalière.
De quoi s’agit-il exactement ?
« Lorsque nous prélevons un échantillon de tumeur sur un patient, il est analysé par le cabinet de pathologie pour le diagnostic de son cancer. Très souvent, l’autre partie de la tumeur part à la poubelle. L’idée est de prélever d’autres échantillons, de les congeler ou de les plonger dans du formol, de les collecter, afin qu’ils puissent plus tard être utilisés dans la recherche sur le cancer », explique Laurent Antunes, pathologiste qui travaille également pour l’IBBL. Chaque patient concerné doit donner son autorisation, après avoir été informé et renseigné sur cette démarche.
Comment se déroule le processus ?
« Au moment de l’opération, on recueille une partie de la tumeur que l’on découpe en petits morceaux et que l’on congèle sur place dans des bonbonnes d’azote liquide, stockées deux semaines à la clinique avant leur transfert à l’IBBL. D’autres échantillons sont placés dans le formol et partent directement à la tumorothèque. La partie congelée est conservée dans des cuves d’azote liquide ou dans des congélateurs à – 80° C, dans le but d’être analysée beaucoup plus tard. Tous les personnels sont formés et un lien permanent est entretenu entre les trois sites pour assurer la logistique. »
Quel intérêt pour la recherche ?
« La plus-value pour la tumorothèque est d’élargir sa zone d’échantillonnage, qui ne concerne « que » 600 000 habitants sur le Luxembourg. Et plus on élargit, plus on multiplie les chances de travailler sur des types différents et particuliers de cancers. On agrandit le spectre de recherche. En analysant plus tard un échantillon congelé, on tombera peut-être sur un cas qui ne représente que 1 % des tumeurs et cela nous offrira donc l’opportunité d’avancer sur un cancer rare. Pour la clinique thionvilloise, il s’agit d’une belle possibilité de participer à ce processus et à cette aide à la recherche, ce qui n’est pas toujours faisable partout car cela coûte cher et demande toute une logistique lourde et une formation des équipes. »
Depuis son lancement, la collaboration fonctionne à plein régime. Si bien que les échantillons et les équipes de techniciens-chercheurs commencent à se trouver à l’étroit dans les locaux de l’IBBL, situés derrière le CHL à Luxembourg. Un déménagement est prévu dans un an et augure un avenir radieux pour ce genre de projets et de partenariats.