Les ministres de la Santé et de la Recherche ont présenté ce mardi de plus amples détails concernant les tests à grande échelle visant à mieux évaluer la propagation du Covid-19 dans la population. Ce dépistage constitue un élément clé pour le déconfinement et donc un retour progressif à la normalité.
En ce début de semaine, le Luxembourg compte encore quelque 500 «infections actives» au coronavirus. Le nombre de nouvelles infections est en baisse constante. Plus de 3 100 personnes sont considérées comme guéries. Dans les hôpitaux, 141 patients sont pris en charge, dont 20 en soins intensifs. «La situation s’est calmée. On est prêts à entamer de nouvelles étapes du déconfinement», annonce la ministre de la Santé, Paulette Lenert.
Pour minimiser le risque d’une deuxième vague d’infections, le gouvernement mise aujourd’hui sur un dépistage à large échelle de l’ensemble de la population. Après l’annonce brute, datant du week-end, les ministres Paulette Lenert et Claude Meisch ont présenté ce mardi de plus amples détails sur ce «projet ambitieux».
L’objectif est de continuer à endiguer la propagation du virus et de mieux connaître les caractéristiques du Covid-19.
L’ensemble de la population pourra être testé endéans un mois
«On entre dans une autre dimension pour assurer le suivi du virus parmi la population. Avec la capacité de dépistage maximale, on pourra soumettre endéans un mois l’ensemble de la population à un test», indique le ministre en charge de la Recherche, Claude Meisch. Les contingents de population qui seront testés ainsi que le timing dans lequel le dépistage aura lieu restent encore à définir et à préciser. Seule certitude : les tests seront réalisés sur une base volontaire. «Je lance toutefois un appel à tous ceux qui auront l’occasion de le faire de se faire tester», insiste le Dr Ulf Nehrbass, directeur du LIH.
Les 17 stations pour réaliser ces tests devraient être opérationnelles dès le 19 mai. Jusqu’à 20 000 tests par jour pourront être réalisés dans les «drive-through» que le Luxembourg Institute of Health (LIH) va mettre en place avec un partenaire logistique, dont le nom n’a pas été cité en conférence de presse.
Le dépistage à grande échelle vise à d’identifier les personnes asymptomatiques, soit celles qui sont porteuses du Covid-19 mais qui ne développent pas de symptômes. Une fois testées positives, elles pourront être placées en isolation afin d’éviter qu’elles ne contaminent d’autres concitoyens. Cette démarche permettra aussi de mieux définir «le difficile équilibre entre sécurité sanitaire et les intérêts économiques et sociéaux», comme le résume le Dr Nehrbass. Chaque phase de déconfinement entraîne un plus d’infections.
Les tests aussi ouverts aux frontaliers
Les quelque 214 000 frontaliers travaillant au Grand-Duché doivent eux aussi pouvoir se faire tester. «Il est très important que les gens qui se déplacent à l’intérieur du pays soient testés», souligne le directeur du LIH.
Dans un premier temps, les élèves des classes terminales et leurs enseignants seront soumis aux tests de dépistage. Le dépistage volontaire a été lancé mardi matin, le tout en vue de la reprise des cours lundi prochain. Plus de 6 000 tests pourront être menés d’ici vendredi.
Toutes les données qui vont se dégager de cette nouvelle phase de tests, jusqu’à présent unique sur le plan mondial, doit donc guider le déconfinement progressif. «Réaliser plus de tests équivaut à regagner plus de liberté», souligne le ministre Claude Meisch. Le dépistage à grande échelle sera accompagné d’une série d’autres tests afin de «pouvoir vivre avec le virus».
Les tests réactifs, réalisés dans un premier temps, vont faire place à une stratégie proactive. «Il n’a pas été possible d’agir de la sorte au début de l’épidémie car nous étions limités au niveau du matériel», admet la ministre Paulette Lenert. Aujourd’hui, le Luxembourg est bien mieux fourni, même si pour la réalisation des tests à grande échelle «tout n’est pas encore en stock».
D’autres série de tests en cours
Sont déjà en cours le dépistage systématique des résidents et du personnel des maisons de soins et de retraite (10 000 tests) et les tests sanguins réalisés sur un échantillon représentatif de la population (1 818 personnes) afin d’évaluer le développement d’anticorps à la suite d’une infection au Covid-19. Les résultats intermédiaires de cette étude, baptisée Con-vince, seront présentés en fin de semaine. Dans les maisons de repos, les premiers résultats seraient «rassurants», mais le dépistage se poursuit encore tout au long de cette semaine avec une cadence de deux structures par jour.
La stratégie de dépistage concerne aussi des tests réalisés sur des catégories spécifiques de la population active, en amont de la réouverture du secteur économique en question. Un échantillon d’ouvriers a ainsi été testé avant la reprise des chantiers. D’autres catégories de personnel devraient suivre, mais aucune précision à ce sujet n’a été donnée ce mardi. Les spéculations sur les prochaines étapes du déconfinement restent donc de mise. La date butoir est fixée au 11 mai.
«Pas de sécurité à 100 %»
Importante précision de la ministre de la Santé en guise de conclusion : «Le test est un moyen pour mieux comprendre la propagation du virus. Il ne constitue cependant pas de sécurité à 100 %.» En d’autres termes : même un test négatif n’exclut pas une infection ultérieure. Mais la stratégie désormais mise en place par le gouvernement «de filtrer au mieux» les cas positifs, assurer un traçage analogue et ainsi «obtenir la meilleure vie possible» sur la circulation du virus.
Le coût pour les tests à grande échelle est chiffré à 40 millions d’euros, pris en charge par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
David Marques