Les recommandations n’étaient pas toujours claires à l’adresse des gestionnaires des maisons de soins et de retraite. Surtout, le rapport Waringo, présenté lundi aux députés, s’insurge contre la vaccination à la carte.
Oui, des erreurs ont été commises et un flou artistique a enveloppé les recommandations adressées au cours de cette crise sanitaire aux gestionnaires des structures d’accueil pour personnes âgées, mais tous les personnels de ces établissements ont fait un travail remarquable. Surtout, ils ne sont pas responsables des décisions gouvernementales guidées par le difficile équilibre entre protection de la santé publique, prônée prioritairement par le ministère de la Santé, et protection des libertés individuelles, défendue ardemment par le ministère de la Famille.
Ces différences d’approche transpiraient des recommandations du ministère de la Famille, qui ne revêtaient aucun caractère contraignant et ne disposaient d’aucune base légale, comme le relève Jeannot Waringo, qui a dirigé le groupe de travail en charge d’analyser les foyers d’infection au Covid-19 dans ces structures d’accueil.
Les gestionnaires étaient libres de mettre en place les mesures selon les recommandations, mais toujours «dans la mesure du possible», comme stipulé. Des recommandations qui arrivaient sans en-tête, sans signature, si bien que les gestionnaires avaient du mal à s’y retrouver et ne savaient pas si les interlocuteurs se trouvaient au ministère de la Santé ou au ministère de la Famille. «Chaque gestionnaire est libre de prendre ses responsabilités et les mesures qui s’imposent», lisait-on dans les recommandations. Une telle formulation n’a rien pour rassurer.
Il s’est avéré que le ministère de la Santé avait pris les choses en main dès le mois de mars 2020, lors de cette première vague qui avait entraîné un confinement dur. Le Luxembourg s’en était d’ailleurs mieux sorti que ses voisins avec peu de décès enregistrés dans les structures pour personnes âgées, contrairement aux deuxième et troisième vagues. Chacun se souvient du tollé qu’avait provoqué l’isolement des personnes âgées et les drames humains que certaines familles ont vécus en laissant leurs proches partir dans la solitude.
Il fallait donc rendre les visites possibles et bien les encadrer. Les maisons de soins et de retraite ont bien suivi les ordonnances et les recommandations, «dans la mesure du possible», mais Jeannot Waringo ne comprend définitivement pas pourquoi seuls les visiteurs devaient obligatoirement être testés et non pas les personnels. Le groupe de travail exprime également son incompréhension face à la décision du gouvernement de ne pas rendre obligatoire la vaccination des personnels en contact avec les personnes vulnérables.
Vaccins et libertés…
«Cette incompréhension est partagée par la très grande majorité des responsables d’établissement que nous avons eu la chance de rencontrer dans le cadre de notre mission», précise Jeannot Waringo. Les libertés individuelles sont une chose, mais «comment peut-on concilier la volonté de protéger les personnes les plus vulnérables de notre société et le refus de se faire tester ou vacciner ?», questionne le groupe de travail dans son rapport.
Les responsables de la Copas, qui fédère les maisons de soins et de retraite, avaient mis en doute la décision de ne pas vacciner prioritairement les prestataires externes qui travaillent régulièrement dans les structures d’hébergement.
«Le personnel administratif, qui n’a guère de contacts avec les résidents, fut vacciné dès le départ et non pas par exemple le personnel de nettoyage, qui est tous les jours en contact avec les résidents», observent les rapporteurs. De plus, les gérants des structures ne sont même pas autorisés, au nom de la protection des données, à identifier les personnes qui sont vaccinées.
Selon les recherches du groupe de travail, des personnels ont joué «un rôle certain dans l’introduction du virus au début du cluster». Il préconise donc d’inclure à l’avenir le personnel dans toutes les stratégies de prévention, telles que le dépistage et la vaccination.
Geneviève Montaigu
113 clusters dans 69 établissements
L’évolution des cas de covid-19 dans les structures d’hébergement pour personnes âgées a suivi la tendance des vagues d’infections dans la population en général. Au total, 2 122 infections ont été détectées parmi les résidents et 1 278 parmi les membres du personnel avec une date de diagnostic entre le 16 mars 2020 et le 10 juin 2021. Le groupe de travail dénombre 113 clusters selon la définition impliquant au moins deux cas de covid-19 parmi les résidents pendant une période de deux semaines. Ils furent recensés dans 69 établissements (logements encadrés inclus), ce qui correspond à une moyenne de 1,6 foyer d’infection par établissement. Tandis que la plus grande partie des établissements a été touchée par un ou deux clusters, treize établissements ont été touchés par trois clusters et quatre par quatre ou cinq clusters. Douze établissements n’ont fait état d’aucun cluster.
Dans ces foyers d’infection, 66% des cas ont concerné des résidents et 34%, des membres du personnel. Tandis que pendant la première vague, les résidents figuraient le plus souvent parmi les premiers cas détectés avec 93%, en phase 3, le personnel est devenu majoritaire avec 61% des infections.
Vaccin obligatoire pour tous soignants !!! Comme en france. Ici et tout de suite !!!