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Rapport sur le fonctionnement de la Cour : les étapes du feuilleton


Le Grand-Duc Henri a laissé entendre qu'il n'y aurait pas d'abdication monarchique au Luxembourg (Photo : Editpress).

Le Grand-Duc est sorti lundi de sa réserve pour dénoncer les récentes accusations ayant ciblé son épouse. Le souverain annonce que Maria Teresa et lui-même vont «continuer à servir» le Luxembourg, ce qui laisse préfigurer une montée en tension, en vue du rapport qui doit être rendu sur le fonctionnement de la Cour. On fait le point.

«Pourquoi attaquer une femme ? Une femme qui défend les autres femmes ?» Le Grand-Duc Henri est monté lundi au créneau pour fustiger le traitement réservé ces dernières semaines à son épouse, Maria Teresa. «Toute ma famille en souffre», souligne le souverain dans une missive tout à fait exceptionnelle, publiée lundi en luxembourgeois, en français, en anglais et même en espagnol.
À la base des critiques ayant fait leur apparition figure le rapport sur le fonctionnement de la Cour, commandité par le Premier ministre, Xavier Bettel. Selon des informations de RTL Radio, le document a été remis au chef du gouvernement.

Tout commence avec un papier du Land

Une semaine plus tôt, nos confrères du Land avaient indiqué que les conclusions du rapport, rédigé par l’ancien haut fonctionnaire Jeannot Waringo, avaient le potentiel pour déclencher une crise sérieuse au Palais pouvant mener jusqu’à l’abdication du Grand-Duc. En cause : les frasques de l’épouse du souverain dépeinte par nos confrères comme une dictatrice que personne n’ose affronter ni même le chef de l’État. Le personnel de la Cour serait à bout et éprouverait les plus grandes difficultés à supporter les humeurs et les caprices de Maria Teresa, qui réside la plupart du temps à Paris et n’hésite pas à faire déplacer tout son staff dans la capitale française pour tenir ses réunions, ce qui engendre des frais substantiels et ne réjouit pas forcément ses collaborateurs.

Henri dit avoir salué l’audit de la Cour

Le renouvellement constant de ces mêmes collaborateurs a été à l’origine du rapport Waringo. Il était temps pour le gouvernement de s’en mêler et de mettre au clair l’utilisation des 11 millions d’euros de dotations que l’État verse annuellement à la Cour.
«Dans un esprit d’ouverture, de transparence et de modernité, j’ai accepté que la mission souhaitée par le Premier ministre puisse être exécutée», débute le Grand-Duc dans son message. «Dans l’attente du rapport et tout au long de cette mission, des articles ont été publiés dans les médias mettant en cause injustement mon épouse, la mère de nos cinq enfants et une grand-mère très aimante», dénonce le Grand-Duc Henri. Il estime que son épouse n’a «même pas eu le droit» de se défendre. Des demandes officielles émanant de la presse nationale n’ont cependant pas eu de retour positif.

Très remonté, le souverain revient par la suite sur l’interprétation des rôles que son épouse et lui-même jouent depuis qu’Henri a succédé le 7 octobre 2000 à son père, le Grand-Duc Jean. «Depuis mon accession au trône nous avons, ensemble, voulu contribuer à la modernisation de notre monarchie constitutionnelle et nous voulons continuer dans cette voie», note le souverain. Il aurait toujours soutenu les «combats» menés par Maria Teresa. Il s’agirait de «combats essentiels» que le couple grand-ducal souhaite continuer à mener. La lutte contre la dyslexie, la lutte contre les violences sexuelles, le statut des enfants emprisonnés en Afrique, le développement de la microfinance et l’éducation des jeunes filles et des femmes sont mis en avant.
«Je suis fier de l’engagement, de l’intelligence et de l’énergie que mon épouse met dans toutes ses actions. Son dévouement pour servir notre pays à mes côtés depuis 39 ans est exemplaire, il est essentiel pour moi», insiste le Grand-Duc.
Entre les lignes, le souverain réagit aussi à la conclusion du Land selon laquelle il pourrait abdiquer à la suite de la publication du rapport Waringo. «Nous allons continuer à vous servir, à être là pour vous et pour le Luxembourg», promet le Grand-Duc. Il ajoute que cet engagement serait d’autant plus important «en ce moment crucial où nos enfants commencent une vie de famille. Il est impératif pour nous en tant que parents de leur permettre de profiter de ces belles années en tant qu’héritiers». Le Grand-Duc héritier Guillaume et son épouse Stéphanie attendent en effet la naissance de leur premier enfant.

La Chambre des députés veut savoir

En attendant, la Chambre des députés attend de pied ferme le Premier ministre qui a d’ores et déjà annoncé qu’il allait soumettre le rapport sur le fonctionnement de la Cour aux députés. La sortie remarquée du Grand-Duc ne sera pas le dernier chapitre dans ce feuilleton.

David Marques / LQ