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Radicalisation à l’école : un phénomène qui inquiète au Luxembourg


Le député-maire s'inquiète du phénomène de radicalisation parmi les enfants de l'enseignement fondamental. La veille, le CET s’inquiétait, lui, des cas de discrimination dans les cours d'école… (archives Tania Feller)

Une question parlementaire sur des cas de radicalisation de jeunes élèves dans l’enseignement fondamental a été posée par Dan Biancalana. Le phénomène inquiète.

Le député socialiste et criminologue Dan Biancalana s’est emparé mercredi d’un sujet sensible, mais qui ne doit pas rester tabou concernant le nombre préoccupant de mineurs radicalisés en fin de cycle de l’enseignement fondamental. Il se référait au dernier rapport d’activité de respect.lu, le centre de prévention et de conseil de SOS Radicalisation qui fait office «d »interlocuteur pour toute personne qui est confrontée au phénomène de la radicalisation dans son environnement, qu’il soit privé ou professionnel».

En 2019, le centre a traité 37 situations, mais précise dans son rapport d’activité que les chiffres dans les statistiques ne permettent pas de lire une tendance ou de faire une évaluation globale de la situation au Luxembourg. «Elles montrent les personnes avec lesquelles nous avons travaillé au cours de l’année passée», précise respect.lu.
Parmi les trente-sept cas, vingt-cinq étaient en relation avec l’islamisme radical, deux avec l’extrême droite, un avec l’extrême gauche, et un autre avec une secte. Les sept cas restants sont répertoriés dans une catégorie «autres» ou classés comme des «tendances violentes sans radicalisation». La majorité des personnes avaient la nationalité luxembourgeoise ou celle d’un autre pays de l’UE.

Le centre respect.lu estimait «flagrant» le nombre relativement élevé d’enfants de moins de 12 ans alors que les jeunes entre 12 et 18 ans ne devaient pas être considérés comme le groupe le plus problématique, «du moins pas en 2019». En tout, ce sont 7 enfants de moins de 12 ans qui ont montré des signes de radicalisation, « un nombre à relativiser car nous avons plus de 50 000 élèves dans l’enseignement fondamental », tente de rassurer Claude Meisch, à la tribune de la Chambre à la suite de la question orale de Dan Biancalana sur ce phénomène inquiétant qui concerne directement la protection de l’enfance.

Une question d’autant plus préoccupante pour le député en ces temps de pandémie qui nécessitent une scolarisation à distance. Les enseignants sont-ils formés pour détecter des cas de radicalisation parmi leurs élèves ? Selon respect. lu, 555 personnes ont participé l’an dernier à 27 jours de formation adaptée aux besoins des différents groupes cibles. «En plus de travailler avec des multiplicateurs du domaine psycho-socio-éducatif, nous proposons également des formations aux adolescents», souligne le rapport de l’association.

Ne pas surréagir

« Il est important de réagir face à ces comportements sans surréagir », a répondu Claude Meisch. « Nous savons que l’influence des réseaux sociaux est grande , ajoute le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, qui se réjouit de la parution juste avant la pandémie du «Guide de référence pour l’éducation aux et par les médias» du Script qui s’empare de cette problématique.

Les commentaires haineux sur internet sont un sujet qui préoccupe depuis longtemps l’association SOS radicalisation. La tendance est en nette augmentation : au Luxembourg, la police a enquêté dans ce contexte dans plus de 50 dossiers en 2019 contre 20 en 2018. Cette année, l’association a mis sur pied le projet «Dialoguer au lieu de haïr» transposé d’un modèle autrichien. Elle explique que l’idée est d’assortir la peine d’emprisonnement d’un sursis probatoire ou de la remplacer pour toute personne ayant attiré l’attention des instances juridiques ou autres à la suite de publications incitant à la haine. Il s’agit là d’un projet réalisé par le biais du Plan d’action national d’intégration (PAN).

Toujours du côté de respect.lu, l’achèvement de la formation «déradicalisation» avec Thomas Mücke et la certification de quatre de ses employés lui permettent désormais de réaliser également le troisième pilier de sa mission, c’est-à-dire celui de la déradicalisation. «Toutefois, le premier pilier (sensibilisation/prévention), avec environ 1 300 personnes touchées, et le deuxième pilier (soutien), avec les 37 cas spécifiques, ont également été développés avec succès au cours de l’année écoulée», relève le rapport d’activité.

Mardi, le centre pour l’égalité de traitement (CET) présentait le dernier sondage sur les discriminations et un responsable de TNSIlres, Tommy Klein, observait que « dans la cour d’école, les discriminations sont très fortes ». Il est plus que recommandable de suivre le 17 décembre prochain la conférence en ligne «Dialoguer au lieu de haïr – Approches face aux discours de haine», programmée par respect.lu où il sera aussi question des effets de ces discours sur les victimes, les auteurs et la société. Toutes les informations sont accessibles sur le site internet.

Geneviève Montaigu

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