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Prétendants à la nationalité : un profond sentiment d’injustice


Mateus Blume espère venir vivre au Luxembourg avec sa famille. (Photo : DR)

Mateus Blume fait partie des prétendants à la nationalité qui ont raté le coche. Il espère que le gouvernement luxembourgeois l’entendra, lui et les milliers d’autres.

Comme beaucoup de Brésiliens descendants de Luxembourgeois, Mateus Blume habite au sud du Brésil, dans l’État du Rio Grande do Sul. Fringant trentenaire, il dirige son propre cabinet d’avocat dans la ville de Teutônia – à l’origine «Colônia Teutônia» pour «colonie allemande», c’est dire combien l’immigration européenne du XIXe siècle a marqué l’endroit.

Lorsque ce jeune papa découvre qu’il a la possibilité de recouvrer la nationalité luxembourgeoise de ses ancêtres, il est déjà trop tard. Il rejoint les milliers de descendants qui, comme lui, ont raté le coche : «La plupart d’entre nous n’ont eu connaissance de cette loi qu’au moment de son expiration», déplore-t-il. «Certains se sont lancés dans la procédure quelques mois avant la date butoir, mais n’ont pas pu réunir toutes les pièces à temps.»

Le consulat honoraire de Santa Catarina (sud du Brésil), qui aurait pu donner un coup de pouce à tous ces candidats à la citoyenneté, n’a été créé qu’en mars 2019, et aucune campagne d’information n’a été menée dans les zones à forte immigration luxembourgeoise. C’est par le bouche-à-oreille que ceux qui ont finalement décroché leur passeport luxembourgeois ont découvert l’information. D’où un profond sentiment d’injustice : «Il est très frustrant de ne pas pouvoir récupérer sa nationalité luxembourgeoise», confie Mateus, qui se bat depuis pour tenter de prolonger le délai initial.

Depuis 2019, il multiplie ainsi les initiatives pour tenter de se faire entendre au-delà de l’Atlantique : il a ouvert un groupe Facebook qui regroupe plus de 1 000 prétendants à la nationalité luxembourgeoise, retardataires comme lui, et a eu des échanges avec la Chambre des députés et le ministère de la Justice.

À Echternach, chez ses aïeux

Désormais, ses espoirs et ceux de ses compagnons de galère reposent sur le projet de loi déposé par le Parti pirate. Tous partagent les mêmes motivations : ils souhaitent renouer avec leurs origines, leur histoire, la culture et les expériences de vie de leurs aïeux, pouvoir se reconnecter avec le Luxembourg et pour certains, participer à ce qui fait le Grand-Duché aujourd’hui.

«Enfant, j’adorais écouter les histoires de ma grand-mère Amanda. Elle racontait la vie de notre famille originaire d’Echternach, les Mombach. Elle parlait luxembourgeois et allemand, comme beaucoup de gens ici qui perpétuent fièrement leurs traditions européennes», explique Mateus Blume.

À 25 ans, l’étudiant en droit s’est rendu en Allemagne et a eu l’opportunité de se rendre à Echternach, sur les pas de ses aïeux. Un souvenir indélébile : «C’était un sentiment incroyable d’être à l’endroit même où avaient vécu mes ancêtres luxembourgeois, d’imaginer leur vie à l’époque.»

Pour ce père de famille, obtenir la nationalité luxembourgeoise serait une façon de «reconnaître les souffrances et les efforts» de ceux partis chercher une vie meilleure pour leurs enfants et les générations futures. «J’ai le rêve de vivre avec ma famille dans ce pays magnifique et accueillant qu’est le Luxembourg, et de contribuer moi aussi à sa croissance économique et culturelle», conclut-il.

Christelle Brucker

5 plusieurs commentaires

  1. Bonjour
    Meme problème pour moi qui suis français, j’ai laissé passer la date

  2. Quand à la femme de la lignée, le droit est perdu. Aucun fondement cela.

  3. Joanna Bonzon

    Article très intéressant. Il me semble normal que les descendants obtiennent la nationalité de leur pays d’origine. Seuls ceux qui y tiennent, comme M.Blume , pour des raisons tout à fait respectueuses en font la demande alors où est le problème ? Je lui souhaite vivement d’être entendu.

  4. Balrog Gretu

    Oui, oui, donnons la nationalite europeenne a tous ceux qui le veulent. Et nous, on peut avoir la nationalite bresilienne ?

    • Oui trois fois oui, donnons la nationalité brésilienne à ce monsieur Balrog Gretu. Avec une telle mentalité il s’entendra à merveille avec Jair Bolsonaro. J’ai une ascendance luxembourgeoise et je suis fier de ce retour aux sources que j’ai sollicité pour la mémoire de mes anciens, contraints de quitter leur pauvre Luxembourg du 19ème siècle.

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