La percée lors des élections législatives du parti d’extrême droite Chega, emmené par André Ventura, inquiète jusqu’au Grand-Duché. Les eurodéputés Isabel Wiseler-Lima et Marc Angel se positionnent clairement.
Les gens ont compris notre message», fanfaronnait dimanche soir André Ventura, leader de Chega («Ça suffit» en français). Le parti d’extrême droite, créé en 2019, a récolté 7,15 % lors des législatives anticipées, avec à la clé 12 sièges au Parlement portugais. Ces résultats confirment la fin de l’exception portugaise. Depuis la révolution des Œillets en 1974 et jusqu’au dernier scrutin de 2019, le pays ne comptait aucun représentant de l’extrême droite au Parlement. Il y a trois ans, Chega avait été crédité de 1,29 % des voix et avait décroché un siège de député.
Fondateur et président de cette formation antisystème, André Ventura (39 ans) a promis à ses partisans que Chega représenterait «la véritable opposition au Parti socialiste». Celui qui est considéré comme le «Trump portugais» a jugé «mauvais pour le pays qu’Antonio Costa continue d’être Premier ministre». L’ancien commentateur de football a bâti sa politique sur la xénophobie en accusant notamment la minorité rom d’être «accro» aux aides sociales et de se considérer «au-dessus de la loi».
«Un one man show» basé sur la provocation
«C’est effrayant de voir un tel parti percer au Portugal. Même si la plus jeune génération n’a pas vécu les années de la dictature de Salazar (NDLR : 1933 à 1974), il est important de combattre avec tous les moyens possibles cette tendance», souligne Isabel Wiseler-Lima, eurodéputée du CSV. «En aucun cas, il ne faut banaliser le discours inacceptable de ce genre de parti», ajoute la Portugaise de naissance. Seule petite consolation : André Ventura a signé un score inférieur à celui de l’élection présidentielle de janvier 2020 (11,9 %).
Marc Angel, siégeant pour le LSAP au Parlement européen, relativise aussi un tant soit peu le résultat de Chega, resté en dessous de la barre de 10 %. «Cela n’enlève rien à l’inquiétude. André Ventura est quelqu’un de très éloquent qui a construit son parti sur un one-man-show en jouant la provocation», analyse l’élu socialiste luxembourgeois, qui regrette aussi que les médias aient «poussé» le candidat d’extrême droite, «un peu à l’image de ce qui se fait avec Éric Zemmour en France». «Chega prône de fausses solutions à des problèmes très complexes. Ça fait froid dans le dos d’entendre les propos des extrémistes de droite, y compris au Parlement européen», déplore encore Marc Angel.
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En soi, Chega n’est qu’une copie des concepts xénophobes et racistes des autres partis européens d’extrème droite: On ne peut que féliciter le peuple portuguais d’avoir refoulé ces logiques simplistes à plus de 90%!