L’eurodéputé socialiste Marc Angel salue la large victoire d’Antonio Costa aux législatives anticipées. «Les Portugais ont compris l’importance de la stabilité», souligne l’élu luxembourgeois.
Le scrutin de dimanche a été suivi de près au Luxembourg, non seulement par l’importante communauté portugaise résidant au Grand-Duché, mais aussi par les partis politiques luxembourgeois. «J’ai bien espéré une victoire des socialistes, même si cela n’avait rien d’évident. La majorité absolue finalement décrochée est inattendue», admet l’eurodéputé luxembourgeois Marc Angel (LSAP), contacté hier par Le Quotidien. Le camp socialiste (PS) et ses rivaux du centre-droit (PSD) étaient annoncés au coude à coude. En fin de compte, les électeurs portugais ont décidé de confier une majorité absolue aux socialistes (lire ci-contre).
Marc Angel attribue la victoire d’Antonio Costa à la politique sociale menée par son gouvernement : «Les électeurs apprécient que le Parti socialiste tienne parole dans le domaine social. Antonio Costa et ses ministres l’ont d’ailleurs prouvé lors de la présidence portugaise du Conseil de l’UE (NDLR : juin à décembre 2021).» Une autre explication pour le succès socialiste résiderait dans le blocage budgétaire par la gauche radicale, dont l’alliance avec le Parti socialiste avait permis à Antonio Costa de mener un gouvernement minoritaire. «Ceux qui provoquent des élections anticipées en sortent souvent perdants», constate Marc Angel.
La partie n’était pourtant pas gagnée d’avance. Le PSD emmené par Rui Rio, ancien bourgmestre de Porto, a signé une remontée spectaculaire dans les sondages. Un résultat étriqué aurait rendu compliquée la formation d’une majorité à l’Assemblée de la République, le Parlement portugais. Dans ce contexte, la percée des extrémistes de droite du parti Chega (lire ci-dessous) a, selon Marc Angel, pu influencer les électeurs. «Les Portugais ont compris l’importance de la stabilité. Ils ont peut-être aussi eu peur de voir le PSD nouer une coalition avec Chega», note l’eurodéputé luxembourgeois.
L’argument de la stabilité est aussi mis en avant par Isabel Wiseler-Lima. Interrogée par nos soins, l’eurodéputée du CSV ne cache pas qu’elle aurait préféré voir sa famille politique du centre droit remporter le scrutin. «Il est cependant devenu évident que les Portugais ont voulu la stabilité», concède l’élue luxembourgeoise, née au Portugal.
Elle déplore aussi que le PSD ait été «affaibli par les contestations en interne», notamment autour du président Rui Rio (64 ans), réélu fin novembre avec 52 % des voix à la tête du Parti social-démocrate. L’eurodéputé Paulo Rangel (53 ans), «un ami proche» d’Isabel Wiseler-Lima, avait, lui, récolté 47 % des voix. «Il n’est jamais évident pour un parti désuni de s’imposer lors d’un scrutin», note l’élue du CSV. Dans ces conditions, il aurait été difficile pour le PSD de tirer profit des faiblesses du PS «qui a été incapable de mener les réformes annoncées».
La forte hausse du taux de participation aux législatives anticipées de dimanche (58 %, +9 points par rapport à 2019) réjouit toutefois Isabel Wiseler-Lima : «La motivation des électeurs à aller voter est toujours un gain pour la démocratie.»
Le Premier ministre sortant Antonio Costa (60 ans) a désormais les coudées franches pour gérer la reprise après la sévère crise économique et sociale provoquée par la pandémie. Arrivé au pouvoir fin 2015, l’ancien bourgmestre de Lisbonne aura pour priorité de faire adopter le budget 2022 que ses anciens alliés de gauche radicale avaient rejeté, car il n’était pas, selon eux, assez social.