Mesures préventives dès les plans d’aménagement du territoire, réduction du bruit à la source, modération du trafic. Ce sont, entre autres, les armes du gouvernement contre la pollution sonore et atmosphérique.
Le gouvernement aspire à rehausser la qualité de vie des citoyens en s’attaquant aux deux fléaux de santé publique que sont la pollution atmosphérique et les nuisances sonores. Pour ce faire, plusieurs mesures seront prises.
Que l’on ne s’y trompe pas : le gouvernement a décidé de prendre le taureau par les cornes, depuis un certain temps déjà, comme l’a d’emblée souligné, mercredi, le secrétaire d’État au Développement durable et aux Infrastructures, Camille Gira. « Nous ne partons pas de zéro, mais il nous faut poursuivre sur notre lancée », a-t-il indiqué. Car différentes pistes ont déjà été dégagées par un groupe de travail interministériel spécialement formé à cet effet – en concertation avec les communes – sur la base desquelles ont été élaborés les plans d’action contre le bruit et le programme national de qualité de l’air (PNQA).
Dans ce cadre, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, s’est empressée de se montrer rassurante en lançant que « Luxembourg n’est pas Paris, Dieu soit loué… » Ceci dit, la ministre s’est soigneusement gardée de minimiser les risques environnementaux auxquels pourrait être confronté le Grand-Duché, dans un avenir plus ou moins proche.
Objectifs prévention et assainissement
« L’objectif du gouvernement est de miser sur la prévention », a-t-elle également nuancé, avant de clarifier le message : « Nous ne souhaitons pas avoir à imposer des restrictions comme cela est le cas dans d’autres villes du monde. » La prévention s’avère donc être le nerf de la guerre qu’entend mener le gouvernement contre la pollution atmosphérique et contre les nuisances sonores, statistiques sanitaires à l’appui.
« Selon l’Agence européenne pour l’environnement, on estime le nombre de décès liés à certains polluants atmosphériques au Luxembourg à environ 370, en 2013. De plus, environ 100 000 personnes sont concernées par le bruit routier dépassant le seuil acoustique défini par Bruxelles. » Des mesures préventives ont donc été proposées dans le cadre des plans d’action contre le bruit, à savoir des moyens d’action au niveau de l’aménagement du territoire (plans sectoriels, plans d’occupation du sol) et de l’aménagement communal (PAG, PAP, règlement des bâtisses…).
En parallèle, les autorités compétentes ont proposé des mesures d’assainissement de problèmes de bruit existant dans les zones définies comme prioritaires par une cartographie stratégique du bruit au Grand-Duché régulièrement mise à jour (grands axes routiers et ferroviaires, aéroport et agglomération de la capitale). « Dans tous les cas, les plans d’action englobant ces mesures privilégient les mesures de réduction du bruit à la source, c’est-à-dire à l’endroit où le bruit est créé », a-t-on souligné du côté du ministère.
Concernant la pollution atmosphérique, « le programme national de qualité de l’air (PNQA) a été élaboré à la suite du dépassement observé de la valeur limite annuelle pour le dioxyde d’azote (NO 2 ) dans l’air ambiant à plusieurs endroits critiques du pays », a précisé David Glod, directeur adjoint de l’administration de l’Environnement. Sans surprise, le trafic routier – et notamment les véhicules de type diesel – constitue la principale source de pollution de l’air luxembourgeois.
Face à ce constat, le secrétaire d’État Camille Gira a estimé que « les actions à développer doivent en premier lieu viser les mesures destinées à réduire et mieux réguler le volume du trafic individuel motorisé, ainsi qu’à réduire l’impact des voitures particulières diesel ». Comprendre que la promotion des transports en commun propres, le covoiturage, la lutte contre la diésélisation ou encore les incitants consacrés dans la récente réforme fiscale sont autant de mesures potentiellement bénéfiques pour une qualité de l’air digne de ce nom.
Claude Damiani
Une large consultation publique
Concernant les plans d’action contre le bruit, une enquête publique est lancée. Toute observation, faite par écrit, peut être adressée au collège des bourgmestre et échevins de sa commune de résidence, pendant 60 jours. Pour ce qui relève du programme national de qualité de l’air, le gouvernement invite tous les intéressés – privés ou professionnels – à soumettre leurs observations et suggestions p ar le biais d’un courriel, jusqu’au 31 mars, à air@aev.etat.lu
Par ailleurs, une conférence au sujet de l’aéroport du Findel se tiendra le 6 février à 19 h au Centre culturel de Sandweiler.
De plus, deux présentations publiques relatives aux plans d’action visant le bruit en agglomération (trafic routier et ferroviaire) et au programme national de la qualité de l’air auront lieu le 8 février à Luxembourg-Limpertsberg (Tramsschapp) et le 15 février à l’université du Luxembourg à Esch-Belval (à 19 h dans les deux cas).
Lutte contre le bruit : du concret d’ici cinq ans
Parmi les actions ciblées contre les nuisances sonores prévues dans les cinq ans à venir, citons : le «plan d’action contre le bruit dans l’agglomération de Luxembourg (tram, contournement de Cessange et d’Alzingen, échangeur de Helfenterbrück)», le «plan d’action contre le bruit des grands axes routiers de plus de trois millions de passages de véhicules par an (A3-Bettembourg et A4-Esch-Lallange, échangeur Dudelange-Burange, contournement de Bascharage), ou encore le «plan d’action contre le bruit des grands axes ferroviaires de plus de 30 000 passages de trains par an (« points noirs » de Schifflange, Berchem, voire ligne Luxembourg-Bettembourg)».
la pollution est vraiment partout