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Police : le torchon brûle à nouveau


Le SNPGL et son président, Pascal Ricquier, ne sont pas prêts à céder. (photo archives LQ)

Le dialogue de sourds se poursuit entre les policiers et leur ministre de tutelle. En cause : l’audit réalisé sur le fonctionnement de la police par un cabinet spécialisé qui n’aurait pas été à l’écoute des agents.

Le dernier coup de colère du Syndicat national de la police grand-ducale (SNPGL) a été déclenché par la réponse «creuse» d’Étienne Schneider à une question parlementaire de Nancy Arendt. Alors que la sérénité devait regagner les rangs de la police, le SNPGL se dit «choqué» par l’attitude du ministre de la Sécurité intérieure.

Le vœu d’Étienne Schneider de travailler dans la sérénité sur la réforme de la police grand-ducale ne semble pas se réaliser. Mardi a été publiée sa réponse à une question parlementaire de la députée CSV Nancy Arendt. C’est avec ces mots que la brève réponse à toute une série de questions se conclut : «Le ministre de la Sécurité intérieure est profondément convaincu que le SNPGL, autant que le gouvernement, souhaite voir avancer la réforme pour ainsi renforcer l’efficacité et l’efficience de la police et améliorer la qualité des prestations au profit des autorités judiciaires et du citoyen.»

Si le syndicat national de la police, qui représente 75 % de l’effectif global des forces de l’ordre, peut certainement partager l’objectif du ministre, le chemin qui doit mener vers cette réforme reste très contesté. La base du processus de réforme est constituée par un audit dévoilé avant les vacances d’été. Le grand hic reste que le SNPGL estime que ses membres n’ont pas été écoutés lors de la préparation de cet audit. Étienne Schneider continue, lui, de se défendre en soulignant que 480 entretiens ont été réalisés et que 959 agents ont répondu à un questionnaire.

Bref : le dialogue de sourds, qui marque depuis de longs mois les relations entre, d’une part, le camp syndical et, d’autre part, les supérieurs hiérarchiques de la police et les responsables politiques reste de mise. Pire : au plus tard depuis hier, le torchon brûle à nouveau fortement entre les policiers regroupés sous le toit du SNPGL et leur ministre de tutelle. La réaction «creuse» d’Étienne Schneider aux questions posées par Nancy Arendt est le déclencheur de ce nouveau clash. Le syndicat se dit en effet «choqué» par les propos du ministre, qui, interrogé sur le fait que le SNPGL aurait été exclu de l’audit, a préféré botter en touche au lieu de fournir une «réponse réelle».

Un audit «bâclé»

Étienne Schneider affirme dans sa réponse que «les représentants du SNPGL ont eu les mêmes possibilités de s’exprimer que les représentants des autres syndicats et associations professionnelles. Le SNPGL n’a d’ailleurs, à aucun moment pendant la phase de déroulement de l’audit, fait part au ministre de la Sécurité intérieure qu’il estimait ne pas être suffisamment en mesure d’exposer ses points de vue concernant les différents sujets audités. Le syndicat ne s’est pas non plus manifesté chez l’auditeur.»

Cette version des faits est fortement contestée par le SNPGL : «Contrairement à ce qu’affirme le ministre de la Sécurité Intérieure, le SNPGL a dénoncé dès le début les stratégies et méthodes employées pour analyser le fonctionnement de la police grand-ducale.» Au lieu d’interroger les simples agents de terrain, l’auditeur aurait préféré se baser presque exclusivement sur les auditions des cadres dirigeants pour établir un audit qualifié de «bâclé» par le SNPGL.

Le syndicat souligne également avoir contacté à de maintes reprises le cabinet d’audit, mais que, malgré des promesses orales, ses membres n’auraient jamais été interrogés. Le cabinet se serait même excusé de cet «oubli» que le SNPGL qualifie d’«impardonnable».

Alors que le ministre comptait avancer rapidement sur la réforme de la police lors d’une prochaine réunion avec les représentants du personnel fixée à octobre, le climat semble actuellement peu propice à des discussions constructives. Le SNPGL souligne vouloir continuer à faire bloc pour éviter une réforme  «effectuée à l’insu et au détriment de la majorité de ses membres».

Le chemin pour parvenir à une «police grand-ducale moderne et bien organisée dans laquelle tout policier pourra remplir efficacement et au mieux de ses capacités ses missions et devoirs», comme le souhaite le syndicat, mais certainement aussi le ministre, reste donc encore très long. Le dialogue de sourds qui prédomine ne contribuera pas à faire avancer les choses…

David Marques

Un nouveau départ périlleux

La relance d’un dialogue constructif entre le camp syndical et les supérieurs hiérarchiques et politiques de la police s’avère être plus compliqué que prévu. Alors que le ministre Étienne Schneider avait décidé de couper la tête de la police avant de nommer Philippe Schrantz comme nouveau directeur général, ce nouveau départ continue de battre de l’aile. Le fossé qui, selon le SNPGL, continue à séparer la base des cadres de la police reste apparemment énorme.

Mais au sein du SNPGL aussi, les problèmes s’accumulent : alors qu’il avait applaudi dans un premier temps les conclusions de l’audit, le secrétaire général Christian Pierret a été obligé de démissionner. Il aurait parlé en son nom personnel et n’aurait pas exprimé l’avis du syndicat.