Le Grand-Duché a fixé trois grands objectifs dans son projet. Reste à mettre en œuvre les moyens de ses ambitions. Certaines idées sont déjà sur la table.
L’économie du Luxembourg est dynamique, la population ne cesse d’augmenter et les usines sont productives, quoique pas toujours de manière locale. Le Luxembourg se porte bien, mais cette dynamique a des conséquences sur les émissions de gaz à effet de serre (CO2) et sur la production d’énergie. Deux tiers de ces émissions proviennent du secteur des transports routiers. Pour les réduire, une seule solution, selon les deux ministres : augmenter les taxes sur les carburants pour faire baisser les ventes. Les recettes de ces taxes seront affectées au Fonds climat et énergie.
Autre moyen de limiter les émissions : prendre les transports en commun (gratuits dès 2020), rouler à vélo ou marcher. Bref, laisser la voiture au garage, sauf si elle est électrique. Des nouvelles primes à l’électromobilité sont en vigueur depuis janvier de cette année.
Jusque-là, rien de bien nouveau, si ce n’est la nécessité d’aller encore plus loin. La ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Carole Dieschbourg, a annoncé qu’une loi climatique sera proposée, que le pacte climat sera renforcé et que «les primes seront étendues pour aider les citoyens lors de la transition énergétique». Transition qui se passe déjà très bien. Le ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire, Claude Turmes, indique que «le Luxembourg est à la pointe en matière de performance énergétique des bâtiments d’habitation à consommation d’énergie quasi nulle» et compte bien le rester.
Dix mois de remue-méninges
Pour cela, le ministre propose un retrait progressif du mazout et du gaz dans les domaines du bâtiment et la mise en œuvre d’un cadre plus ambitieux pour la rénovation énergétique de tous types de bâtiments, ainsi qu’un recours à la géothermie, déjà à l’étude sur un projet du Fonds du logement à Dudelange. Enfin, il s’agira de faire aussi bien pour les nouvelles constructions de bâtiments fonctionnels et pour les maisons.
Le Luxembourg veut conserver son rôle de pionnier en matière de transition énergétique, ont indiqué les deux ministres. Claude Turmes évoque le développement des parcs d’éoliennes, un plan solaire pour valoriser la production d’énergie photovoltaïque. Et, pourquoi pas, un renforcement des «coopérations en matière d’énergie verte» avec d’autres pays voisins ou plus éloignés. C’est déjà le cas avec l’Estonie et la Lettonie, à qui le Luxembourg rachète leur surplus d’énergie produite. Les revenus de cette vente servent à des projets en rapport avec les énergies renouvelables.
Ce sont ces types de coopération qui permettent au dynamique Grand-Duché d’atteindre son objectif de 23 % en matière d’énergies renouvelables. Sans eux, il atteindrait les 18 %. Le gouvernement est prêt à aller très loin au sujet de la décarbonisation, même «à devenir le leader mondial des fonds d’investissement dans les domaines de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables», note Claude Turmes. Car la transition énergétique a également un impact économique non négligeable, notamment par la création de nouveaux genres d’emplois.
Pour s’éloigner des énergies fossiles, des pistes sont à creuser. Il reste dix mois au gouvernement avant la remise de la version définitive de son plan climat à la Commission européenne, le 31 décembre au plus tard.
Sophie Kieffer
Ah, pour réfléchir et faire parler de soi, il y a du monde. Mais pour faire réellement, c’est autre chose…