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Plaidoyer pour une médecine personnalisée


La médecine personnalisée sera l'une des priorités du Luxembourg en matière de santé publique lors de la présidence européenne. (photo Fabrizio Pizzolante)

La médecine personnalisée faisait l’objet mercredi d’une conférence au niveau européen à Luxembourg. Diagnostic et surtout traitement sur mesure, le Luxembourg milite pour que la médecine personnalisée gagne du terrain.

C’était mercredi la première conférence de la présidence luxembourgeoise concernant la santé, une journée consacrée à «faire de l’accès à la médecine personnalisée une réalité pour les patients» entre spécialistes du secteur, chercheurs, médecins, mais aussi associations de patients, ces derniers étant au cœur de la discussion.

La médecine personnalisée, c’est « une médecine sur mesure, pour donner des traitements ou interventions innovantes, des diagnostics plus précis et adaptés à chaque patient. Pour obtenir le meilleur traitement possible avec le moins d’effets indésirables », explique Lydia Mutsch, la ministre de la Santé, qui a inauguré mercredi la conférence.

Mutsch veut « déclencher un processus de réflexion »

Si les patients ne sont pas souvent au centre des discussions en ce qui concerne la médecine personnalisée, elle fait pourtant partie de débats sociétaux de fond. « Il faut déclencher un processus de réflexion, nous sommes déterminés en tant que politiques à en faire une réalité pour le plus grand nombre de nos concitoyens », a ajouté Lydia Mutsch.

En effet, pour certains cancers, un traitement pour une personne X peut s’avérer très efficace, tandis qu’il ne marchera pas du tout pour une autre. « Cela va révolutionner le diagnostic et la prise en charge, ce qui va amener, à la longue, à réformer le processus de remboursement. » Car même si l’on veut parler en priorité des patients, il a bien fallu parler de réalité économique.

Des coûts supplémentaires ?

Car qui dit médecine personnalisée, dit coûts supplémentaires à première vue. Mais à y voir de plus près, les bénéfices de la médecine personnalisée ne sont pas que pour les patients  : « Le coût de la médecine personnalisée sera compensé par une santé publique bien meilleure, mais aussi par des traitements efficaces car mieux ciblés, donc moins cher à terme. Il faut aussi penser à tous les malades et leur famille qui vont pouvoir plus rapidement retourner sur le marché du travail s’ils sont soignés plus efficacement. Cela veut dire moins de personnes à charge pour l’État, qui paie à nouveau des impôts, et ainsi de suite. Dans le cadre d’une population vieillissante avec des médecins généralistes qui passent en moyenne 12  minutes avec leurs patients, il s’agit d’un véritable défi. Rien que le coût des maladies liées au cerveau est très élevé, la société doit porter le poids que représentent les soignants. Mais on ne peut pas changer les politiques sans preuve chiffrée. Et pour avoir ces preuves, il faut récolter des données pour appuyer notre propos. Cela nous sera d’une aide précieuse si nous pouvons collecter toutes ces données », estime Mary Baker, consultante pour l’Organisation mondiale pour la santé et présidente du projet «Année du cerveau».

Pour le commissaire européen à la Santé, Vytenis Povilas Andriukaitis, une prévention et une protection plus efficaces en matière de santé passent par deux volets  : un diagnostic médical et une protection des données via des registres, des biobanques, etc. « Nous devons introduire des mécanismes permanents et coopérer ensemble dans le cadre d’une stratégie centrée autour du patient dans sa vie quotidienne. Les traitements seront d’autant plus efficaces si les organismes de recherche travaillent ensemble. »

Audrey Somnard

L’exemple d’Angelina Jolie

L’histoire de l’actrice américaine a attiré les médias. Cette dernière a réalisé des tests génétiques qui ont révélé qu’elle avait des prédispositions importantes au cancer du sein. Elle a alors décidé de réaliser une ablation de ses deux seins pour prévenir l’arrivée de la maladie. Une décision personnelle, en connaissance de cause, grâce aux tests qu’elle a pu réaliser.

Ce qu’a fait Angelina Jolie, insistent les acteurs de la conférence de ce mercredi sur la médecine personnalisée, est une innovation qui doit être accessible au grand public.