Récemment mise en avant lors de l’émission Cash Investigation sur les pesticides, diffusée le 2 février sur la chaîne française France 2, l’unité de recherche « Human Biomonitoring » du Luxembourg Institute of Health a une compétence originale : elle fait parler les cheveux.
Ce laboratoire, spécialisé dans l’évaluation de l’exposition humaine aux polluants, a en effet mis au point des techniques qui permettent de déceler, à partir d’une mèche de cheveux et en suivant des protocoles bien définis, l’exposition de l’organisme à des substances toxiques présentes dans notre environnement, comme les pesticides par exemple.
Ainsi dans son enquête-choc sur les pesticides, diffusée le 2 février dernier, l’équipe de l’émission Cash Investigation avait envoyé au laboratoire public luxembourgeois des échantillons de cheveux de 20 enfants de quatre écoles primaires de Gironde, classées « sensibles » à cause de leur proximité avec les épandages de pesticides dans les champs. Les résultats ont été stupéfiants.
«L’avantage de l’analyse de cheveux», indique le Dr Brice Appenzeller, responsable de l’unité Human Biomonitoring, «c’est que cela permet de couvrir une période de temps allant de plusieurs semaines à plusieurs mois et donc de mettre en évidence des expositions chroniques alors qu’une analyse d’urine ou de sang, ne correspondent qu’aux quelques heures précédent le prélèvement.»
Les cheveux constituent ainsi une véritable matrice de «biomonitoring» où un centimètre de cheveu contient les informations d’un mois d’exposition.
«Les substances retrouvées dans la structure des cheveux », explique- t-il, «s’y retrouvent essentiellement suite à la consommation d’aliments contaminés ou traités comme c’est le cas pour les pesticides recherchés dans cette étude.»
«Le cheveu», précise le Dr Appenzeller, « n’est pas utilisé comme un capteur sur lequel ce qui tombe du ciel se serait déposé et resterait attaché. Il révèle bien le passage de ces substances dans l’organisme des individus. »
« Des perspectives exceptionnelles »
Si certaines de ces substances sont classées comme cancérigènes ou perturbateurs endocriniens (déréglant l’équilibre hormonal), d’autres effets liés à l’exposition aux polluants (infertilité, dérèglements métaboliques, retards de développement…) sont aujourd’hui fortement soupçonnés. « La technique
développée par le laboratoire ouvre des perspectives exceptionnelles pour l’étude des liens de cause à effet entre l’exposition aux polluants et les troubles de la santé. »
L’unité de recherche poursuit actuellement son développement pour pouvoir être en mesure de réaliser des analyses de routine (non liées à des projets de recherche) destinées, entre autres, aux particuliers. Ce développement d’analyse sera notamment possible grâce à l’obtention d’une accréditation.
Le Luxembourg Institute of Health est un institut de recherche public de pointe dans le domaine des sciences biomédicales.
Le Quotidien / Source : communiqué du Luxembourg Institute of Health