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Pensions : de sérieuses craintes pour l’avenir


A ce rythme, la réserve du régime des pensions sera complètement tarie en 2043. (illustration Editpress)

Pour l’instant, tout va bien. Mais les choses vont se gâter dès 2035, et la réserve du régime des pensions sera complètement tarie en 2043.

Il fallait s’attendre à des graphiques, des courbes et beaucoup de chiffres. Quand l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) tire le bilan actuariel de la situation financière du régime général d’assurance pension, elle tient ses promesses sur ce point. Et les chiffres sont toujours souriants. Du moins pour l’instant et le quart de siècle qui s’annonce. C’est après que les choses se compliquent et que les courbes s’inversent.

Ainsi, avec un excédent courant de 926 millions d’euros en 2015, la réserve de compensation est passée à 16,54 milliards d’euros en 2015. «Elle a plus que doublé depuis 2006», notent les auteurs du rapport. Elle correspond actuellement à 4,37 fois le montant des prestations annuelles. Le rapport était de 3,24 en 2006 et de 3,90 en 2012. Mais elle ne doit en aucun cas descendre en dessous de 1,5 fois le montant des prestations annuelles. Et c’est précisément ce qui risque d’arriver dès 2035, selon le scénario de base.

Un scénario qui table sur une diminution à long terme de la croissance économique réelle et de la croissance de l’emploi et sur une augmentation de la population qui atteindrait 1,1 million d’habitants à l’horizon 2060, année des projections. Tout au long des simulations, le taux de cotisation global est maintenu au niveau actuel de 24 %.

Danger dès 2035

La population active atteindrait les 805 000 assurés, soit quasiment le double du nombre actuel. Les auteurs estiment que 490 000 pensions devront être versées en 2060, soit 61 pensions pour 100 assurés en 2060, alors que ce rapport est actuellement de 41,8 pensions pour 100 assurés. Les trois premières années de l’actuelle période de couverture (2013-2022), le nombre de pensions payées est passé de 148 157 en 2012 à 164 679 en 2015, soit une croissance annuelle moyenne de 3,6 %.

Dans les projections, on constate que les recettes en cotisations devraient s’établir à 8,3 % du PIB en 2060, ce qui correspond à peu près au pourcentage actuel mais, en revanche, les dépenses pour prestations s’élèveront à 12,4 % du PIB en 2060. «La prime de répartition pure poursuit une trajectoire croissante pour atteindre 37 % en 2060, dépassant le taux de cotisation global en 2023. Le niveau de la réserve se situera en dessous de la limite légale de 1,5 fois le montant des dépenses annuelles pour prestations à partir de l’année 2035 et la réserve sera épuisée en 2043.

Le régime général d’assurance pension va donc quitter sa zone de confort, mais pas tout de suite. Jusqu’en 2022, à la fin de cette période de couverture, le taux de cotisation restera inchangé à 24 % répartis équitablement entre le salarié, l’employeur et l’État.

Développer le marché du travail

La réforme de 2012 n’a pas encore beaucoup d’effets, mais elle commence à porter ses fruits, comme s’en est félicité le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider. «La réforme de l’assurance pension aura un effet positif sur la situation financière du régime général à long terme», notent les auteurs du rapport.

«Cependant, les différents scénarios analysés montrent qu’il est essentiel de veiller à ce que le développement favorable du marché du travail persiste», poursuivent les analystes. «Il importe de ne pas se reposer sur le niveau actuel élevé de la réserve de compensation. Au contraire, il s’agit de profiter de la réserve accumulée pour discuter de mécanismes performants tant au niveau des contributions qu’au niveau des pensions nouvelles et en cours de paiement», concluent les auteurs du rapport.

Geneviève Montaigu