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Pêche sportive au Luxembourg : «abandonner la politique de l’interdit»


Avec ses 2 000 membres et plus de 5 500 permis délivrés, la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs reste un acteur clé. (photo Tania Feller)

La Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs était réunie en congrès dimanche, à Gilsdorf. Ils espèrent conserver un consensus entre pêche et exigences environnementales.

La pêche sportive, c’est un peu comme la chasse  : on lui reproche, à tort ou à raison, d’être pratiquée en l’absence de règles et, à travers cela, de détruire la nature. Les pêcheurs sportifs, de leur côté, avancent qu’il s’agit d’un passe-temps tout ce qu’il y a de plus noble et qui, contrairement aux mauvaises rumeurs, protège les eaux…

Ce n’est donc pas un hasard si le congrès ordinaire de la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs, organisé dimanche à Gilsdorf (canton de Diekirch), portait en premier lieu sur les relations entre le ministère de l’Environnement et la fédération. Il a notamment été question de collaborations au niveau des autorisations de pêcher, de concours, de permis à délivrer ainsi que du combat contre les espèces invasives. La fédération pourra, dans ce contexte, compter sur une «aide financière» de la part du ministère, comme l’explique Jos Scheuer, président de la FLPS.

Le «gobie à taches noires» en progression

Plus généralement, il s’agirait pour la fédération de trouver un moyen d’ «abandonner la politique de l’interdit afin de trouver un consensus pour maintenir la pêche en place, de même que les compétitions», poursuit le président, qui refuse toute tentative de «dicter» à la fédération comment pratiquer la pêche. En même temps, il faudrait rester ouverts aux «compromis» . Après tout, la protection des eaux est également le but de la fédération, comme le souligne Jos Scheuer  : «Nous ne sommes pas ceux qui polluons les eaux.» Avec ses 2  000 membres et plus de 5  500 permis délivrés, la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs reste un acteur clé pour tout ce qui est pêche dans les eaux frontalières et intérieures.

Or pour son président, la promotion de la pêche sportive laisse à désirer  : «Dans la région de Wasserbillig, les bureaux de tourisme allemands vendent des permis de pêche à hauteur de 30  000 euros.» Voilà pourquoi la fédération va demander que cet argent, versé à un fonds commun germano-luxembourgeois pour la pêche, serve également à la promotion de la pêche sportive. Jos Scheuer attend également beaucoup de l’introduction du permis de pêche électronique, qui devrait faciliter l’accès à la pêche dans un souci de simplification administrative. Jusqu’ici, les permis de pêche ne pouvaient être délivrés que par l’administration des Eaux ou les communes, et uniquement par un fonctionnaire assermenté.

Pour le reste, la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs dépend du ministère des Sports qui la soutient à hauteur de 20 000 à 30 000 euros. Mais depuis quelque temps, Jos Scheuer constate une difficulté à recruter de nouveaux membres. C’est pourquoi la fédération a présenté hier le livre Le Poisson et la pêche au Luxembourg . Tiré à 2  000 exemplaires, il est destiné à inciter les jeunes à devenir membres d’une fédération dont la moyenne d’âge varie entre 55 et 60 ans. En cause, un «manque d’informations» , selon Jos Scheuer.

La meilleure période pour aller à la pêche se situe entre les mois de juin et d’octobre, explique le président la fédération, qui constate toutefois la domination dans nos eaux du gobie à taches noires, poisson exotique en compétition avec les autres espèces indigènes. «Il domine la Moselle et la Sûre et détruit l’habitat des autres poissons» , poursuit le président. La diffusion rapide de cette espèce est attribuée d’une part à sa grande facilité à peupler rapidement un espace donné et de l’autre au déballastage des eaux de mer des navires transocéaniques, remplis ou vidangés d’eau de mer afin d’optimiser la navigation.

Le Quotidien