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Pauvreté : ne pas oublier les familles monoparentales


Au Luxembourg, 46,2% de familles monoparentales sont concernées par un risque de pauvreté. (illustration François Aussems)

Les monoparentaux ne sont pas les oubliés du système, a tenu à rappeler la ministre Corinne Cahen en citant les mesures déjà prises et celles à venir pour soutenir ces familles plus vulnérables.

Quand la question du risque de pauvreté est abordée, il faut s’attendre à une bataille de chiffres, chacun agitant les statistiques en la matière qui l’arrangent le mieux. Ce fut donc encore le cas à travers l’échange entre le député Paul Galles (CSV) et la ministre de la Famille, Corinne Cahen.

Tout part d’une étude de la Chambre des salariés (CSL) indiquant que 46,2 % de familles monoparentales sont concernées par un risque de pauvreté et celles qui sont exposées à une extrême pauvreté ont doublé pour atteindre 21,7 % en 2017, contre 11 % en moyenne dans les années 2008 à 2015. Il s’agit des familles monoparentales disposant de moins de 40 % du revenu équivalent médian.

La ministre Corinne Cahen s’est empressée de dédramatiser la situation dépeinte par le député en précisant que ces statistiques ne tenaient compte que de la «dimension monétaire pour évaluer le standard de vie». Or pour la ministre, il doit y être ajouté d’autres indicateurs, comme par exemple le taux de privation matérielle sévère ou l’intensité de travail des ménages pour se faire une idée plus proche de la réalité. Au Luxembourg, le taux de privation matérielle sévère s’élevait à 4,4 % en 2017, selon Eurostat. Ce qui s’apparente à l’extrême pauvreté évoquée par Paul Galles.

L’étude menée par la CSL se base sur les chiffres de 2017 et donc les effets de certaines lois nouvelles ne se reflètent pas dans les résultats obtenus. La ministre cite par exemple la réforme du revenu minimum garanti devenu Revis, revenu d’inclusion sociale, entrée en vigueur le 1er janvier dernier. À prendre en considération aussi la revalorisation de l’allocation vie chère, les livres scolaires gratuits au secondaire, la subvention loyer, la gratuité de la prise en charge des enfants et le nouveau calcul du chèque-service accueil.

Trop de mi-temps

Pour Corinne Cahen, c’est en englobant les différentes aides financières ou en nature que l’on peut juger du niveau de pauvreté d’une famille monoparentale.

D’ailleurs, le Statec a constaté dans son rapport «Travail et cohésion sociale» que les monoparentaux se situaient au-dessus du seuil de pauvreté et au-dessus du budget de référence après la réforme du Revis, comme le rappelle Corinne Cahen. Vue à travers les seules rémunérations du travail, la situation a effectivement de quoi alarmer. Une autre étude a analysé que dans 80 % des ménages monoparentaux, la personne de référence disposait d’un travail et plus de 90 % en contrat à durée indéterminée. En revanche, les monoparentaux sont surreprésentés dans les tâches à mi-temps, 24 % contre 12 % pour l’ensemble de la population.

«Le gouvernement veut offrir un cadre optimal pour les femmes qui leur permet de travailler et de développer une carrière afin qu’elles puissent disposer de leurs propres ressources financières qui leur assureront leur propre retraite, pour être complètement indépendantes vis-à-vis de leur partenaire», déclare en substance la ministre.

Mesures ciblées

Les familles monoparentales ne sont pas les oubliées du système et le gouvernement s’en défend. Il a pris un certain nombre de mesures qui mettent du beurre dans les épinards. Avec le Revis, les enfants vivant au sein d’une famille monoparentales reçoivent un montant forfaitaire de base qui s’élève à 295 euros par mois, contre 227,63 euros pour les enfants qui vivent avec deux parents. «Il s’agit ici d’une mesure concrète pour lutter contre le risque de pauvreté des monoparentaux», estime la ministre. Le Revis permet aussi à toutes les familles avec enfants de disposer de 843,15 euros au titre des «frais communs du ménage», alors que les familles sans enfants ne reçoivent que 733,13 euros.

L’allocation vie chère a été ajustée et permet dorénavant à 2 000 ménages supplémentaires d’en profiter. Le crédit d’impôt monoparental est une autre mesure que cite la ministre avant de rappeler la volonté du gouvernement de poursuivre de manière conséquente les efforts engagés sur la voie de l’imposition individuelle censée garantir un modèle fiscal neutre quant au mode de vie des personnes.

Mais avant de payer ses impôts, il faut payer son loyer tous les mois. Pour les monoparentaux, il représente selon le Statec entre 42,1 à 58,4 % du revenu brut.

Geneviève Montaigu