La Patiente Vertriedung et l’UCL sont très remontées contre l’AMMD qui apporte son soutien aux médecins des centres de vaccinations qui font fi des certificats de leurs confrères.
Le 23 mars dernier, un sondage TNS-Iles réalisé pour nos confrères du Wort et de RTL révélait que 63% des personnes interrogées estimaient que l’on devrait être en mesure de choisir son propre vaccin. La mauvaise presse du produit AstraZeneca jouait déjà beaucoup dans la méfiance que lui témoignaient les sondés.
Aujourd’hui, les doutes s’étendent également au vaccin Johnson & Johnson et si un nouveau sondage devait être réalisé, ils seraient plus nombreux encore à vouloir choisir le produit qu’ils désirent se faire injecter. Au lendemain des révélations concernant le décès suspect d’une femme de 74 ans des suites de sa vaccination à l’Astrazeneca, l’association de défense des patients (Patiente Vertriedung) tape du poing sur la table pour que les certificats des médecins traitants soient respectés dans les centres de vaccination.
Le 23 mars dernier, c’est aussi la date à laquelle la malheureuse septuagénaire a reçu sa première dose d’Astrazeneca. Les résultats de l’autopsie réalisée mardi dernier sur la victime ne sont pas encore connus, mais beaucoup s’interrogent sur le choix du vaccin pour cette catégorie d’âge.
Le Conseil supérieur des maladies infectieuses (CSMI) avait émis le 4 février dernier des recommandations sur les conditions d’administration de ce vaccin dans le cadre de la stratégie vaccinale. «Il est préférable de privilégier la vaccination des personnes âgées de 65 ans et plus et des personnes présentant une immunosuppression par les vaccins à ARNm de BioNTech/Pfizer et Moderna, et de proposer la vaccination par le produit d’AstraZeneca aux personnes plus jeunes et aux personnes qui ne sont pas affectées d’une déficience immunitaire», indiquait début février le CSMI en l’état d’avancement des études.
Il recommandait donc vivement de ne pas recourir au vaccin AstraZeneca pour les résidents des structures d’hébergement pour personnes âgées mais pour les toutes les personnes couvertes par la phase 2 et surtout la phase 3a, les 70-74 ans. Cependant, la victime décédée le 10 avril dernier à l’âge de 74 ans, a bien reçu une dose d’AstraZeneca comme le précisait le parquet.
«Ce ne serait que dans l’hypothèse d’une pénurie de vaccins où le Conseil recommanderait l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca pour toutes les catégories d’âge et groupes à risque», poursuivait le CSMI dans son communiqué du 4 février dernier. Un mois plus tard, les données changent. Les études sur le terrain, confirment «l’efficacité de la protection conférée par ce vaccin contre l’hospitalisation dans toutes les tranches d’âge» et le CSMI modifie son avis en faveur de la vaccination par l’ AstraZeneca pour toutes les catégories d’âge et les groupes à risque «dans la mesure où il n’est plus indiqué de privilégier certains produits vaccinaux pour certaines classes d’âge ou pour les personnes présentant une immunosuppression», actualisait le Conseil supérieur des maladies infectieuses.
Dès lors, les consignes sont suivies dans les centres de vaccination mais la méfiance de la population ne fait qu’augmenter. L’association de défense des droits des patients croule sous les appels, selon son communiqué d’hier matin. «De plus en plus de patients se manifestent pour signaler que les certificats de leur médecin n’ont pas été suivis au centre de vaccination. Dans certains cas, il est même fait état de médecins coléreux et intimidants dans les centres de vaccination», écrit l’association.
Coup de poignard dans le dos
Elle en veut surtout à l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) qui a volé au secours des personnels médicaux présents dans les centres. C’est un coup de poignard dans le dos des médecins traitants, estime l’association qui ne comprend pas que «les médecins des centres de vaccination, comme le prétend l’AMMD, sont mieux à même d’évaluer les patients et leur état de santé que les médecins qui s’occupent de ces patients, parfois depuis des années».
La Patiente Vertriedung juge la situation inacceptable et laisse entendre que les médecins des centres ne se préoccupent que des allergies alors que «les autres problèmes de santé ne sont pas pertinents». Ceci ne correspond pas à la réalité. Dans les centres de vaccinations, les médecins s’enquièrent des autres traitements que suivent les patients et respectent les consignes. L’association affirme cependant qu’un «flot de déclarations» dit le contraire.
Une chose est certaine, la mauvaise publicité du vaccin AstraZeneca ne va pas améliorer la situation. Si le Danemark a décidé mercredi de laisser tomber définitivement ce produit, ici le gouvernement ne s’est pas encore prononcé. Pas plus que sur le sort du vaccin Johnson & Johnson dont les premières doses ont été injectées au Luxembourg.
Un Conseil de gouvernement prévu demain devrait permettre d’en savoir plus sur la position des autorités sanitaires. En attendant, personne ne peut s’offrir le luxe de choisir son vaccin. Il faut prendre ce qui vient ou renoncer.
Geneviève Montaigu