Plus de 2 500 lycéens ont défilé vendredi à Luxembourg pour demander au gouvernement d’être à la hauteur du défi climatique. Et pour beaucoup, c’était une première.
Alors que l’horloge de la gare centrale affiche 10 h 30, le parvis se remplit à vitesse grand V, au son des punchlines scandées au mégaphone par les membres du collectif Youth for Climate, organisateur de cette nouvelle grève pour le climat. Deux ans après les premières mobilisations, tout l’enjeu pour les militants était de savoir si les efforts pour engager les plus jeunes, qui, en 2019, étaient encore en primaire, ont payé.
«Pari gagné!», se réjouit Natasha Lepage, l’une des porte-parole (lire notre édition de vendredi), tandis qu’on distingue des centaines de très jeunes adolescents dans les rangs des 2 500 manifestants qui s’engagent dans l’avenue de la Liberté : «On est à la fois très étonnés et très heureux, ça montre que notre mouvement évolue et parvient à convaincre de nouvelles personnes. Même très jeune, on se préoccupe de plus en plus de la problématique du climat.»
La preuve avec Asia, 12 ans à peine, qui flotte dans son jean troué. Pour sa première manifestation, cette élève de l’International School of Luxembourg brandit une pancarte sur laquelle on peut lire «I’d be in school if the climate was cool» («Je serais à l’école si le climat était frais»), sa réponse à certains adultes qui préfèreraient la voir à l’école que dans la rue : «Je n’aurais pas pu aller en cours ce matin en sachant que les autres se mobilisent. C’est trop important pour notre futur», confie-t-elle.
Un sentiment partagé par Inès, en 5e au lycée Robert-Schuman. À 14 ans, elle aussi vit sa première grève pour le climat : «Ce qui se passe est très grave. Bientôt, on n’aura plus de Terre», lance-t-elle, en faisant justement rebondir au-dessus de sa tête un globe terrestre géant. «Des gens continuent de faire n’importe quoi, ils ne comprennent pas combien il est crucial de faire attention à l’environnement», poursuit la jeune fille, inquiète pour l’avenir et qui prône des solutions durables. «Les générations précédentes ont inventé plein de choses pour nous faciliter la vie, maintenant c’est à nous de trouver des solutions pour les rendre moins polluantes.»
Son amie Ylang, 15 ans, renchérit : «Le climat est un thème très important. On n’a pas de planète B comme dit le slogan, donc il faut prendre soin de celle-ci», tranche-t-elle, en colère après ses aînés. «Ce que je reproche aux adultes, c’est de faire comme si ce n’était pas si grave et de continuer leur quotidien sans entreprendre quoi que ce soit pour améliorer la situation, alors qu’ils en ont les moyens, que ce soit au niveau politique ou au niveau financier.»
«Soit on change, soit c’est la mort»
Autres petits nouveaux, un peu perdus dans la foule : Jakob et Michel, 14 et 13 ans, tous deux élèves en 6e au lycée de garçons de Luxembourg et qui comptent bien se faire entendre : «Je suis venu parce que c’est important de faire quelque chose pour le climat et je veux montrer aux politiques qu’on est là, qu’on se mobilise», explique Jakob, alors que son ami acquiesce de la tête. «Moi, je me sens très fier d’être ici. Les politiques doivent prendre en compte notre message. On ne doit plus attendre pour sauver notre planète.»
Lui était déjà dans la rue en 2019. Les mains sur les bretelles de son sac à dos, Sam, 15 ans, est catégorique : «Soit on change, soit c’est la mort. Alors, j’ai l’espoir que notre petit mouvement additionné à tous les autres aujourd’hui dans le monde fera bouger les choses», soupire cet élève de 5e au lycée Aline-Mayrisch qui affirme suivre l’actualité avec attention. «Je m’informe beaucoup sur la politique nationale et européenne en matière de climat. C’est notre génération qui va devoir changer les choses.»
Fort de cette réussite, voilà le collectif Youth for Climate ragaillardi pour la suite : une entrevue avec le Premier ministre, Xavier Bettel, et une autre avec la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, sont déjà inscrites dans l’agenda.
Christelle Brucker