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Ouvertures sur le cannabis : «Une solution insuffisante»


Il reste à clarifier si et dans quelle mesure une parade peut être trouvée pour ne pas enfreindre la Convention de l’ONU sur les stupéfiants, interdisant la légalisation du cannabis récréatif. (Photo : archives editpress/anouk flesch)

Le projet de légalisation du cannabis récréatif est-il mort-né? Non, souligne le gouvernement. L’aile jeune des trois partis au pouvoir insiste pour qu’un cadre légal soit prêt avant l’automne 2023.

La conférence de presse de vendredi matin a fait du bruit, y compris à l’échelle internationale. L’Agence France-Presse (AFP) a fait savoir au monde de la presse francophone que la «production et consommation de cannabis à la maison vont être autorisées» au Luxembourg. La Süddeutsche Zeitung (SZ), journal de référence en Allemagne, titre sur son site internet «Doch keine Cannabis-Legalisierung», soit traduit en français : «Quand même pas de légalisation du cannabis». L’article signé par notre confrère allemand précise bien que chaque ménage sera autorisé à cultiver quatre plants. Il revient par contre aussi sur l’annonce en grande pompe de la légalisation du cannabis, datant de 2018, et qui est désormais mise entre parenthèses.

«La crise sanitaire est venue nous rappeler notre vulnérabilité. Le pays peut rapidement se retrouver isolé si un pays voisin décide de fermer ses frontières. L’espace Schengen n’est pas à ignorer», avançait vendredi la ministre de la Justice, Sam Tanson, pour expliquer le coup de frein subit par le projet de légalisation du cannabis récréatif. L’AFP est plus claire dans sa dépêche : «(…) le gouvernement du libéral Xavier Bettel a revu ses ambitions à la baisse pour ménager ses relations avec les pays voisins, notamment avec la France qui craignait l’émergence d’un lieu de trafic à ses frontières». Le projet resterait toutefois à l’ordre du jour et Sam Tanson a annoncé que des pourparlers allaient avoir lieu avec les Pays-Bas «qui eux non plus n’ont pas avancé comme prévu» en ce qui concerne leur politique liée aux stupéfiants. 

Et la Convention de l’ONU?

Il reste aussi à clarifier si et dans quelle mesure une parade peut être trouvée pour ne pas enfreindre la Convention de l’ONU sur les stupéfiants, interdisant la légalisation du cannabis récréatif. Le Quotidien évoquait cette problématique dès le 26 juin 2019.

La JDL, les JSL et les jonk gréng ne semblent pas trop se soucier du contexte international et continuent à mettre la pression sur leurs partis-mères. «La réforme envisagée est une amélioration de la situation actuelle, mais elle ne comprend pas de solution suffisante pour légalement acquérir et posséder du cannabis», déplorent les trois organisations dans un communiqué commun. Cultiver des plants en privé permettrait d’améliorer le contrôle de la qualité du produit consommé. «La quantité de THC serait toutefois, dans un modèle de vente étatique, mieux à contrôler. Le marché noir et les sources de financements servant des causes criminelles, mafieuses et territoriales pourraient également être mieux combattus avec un tel modèle public», poursuivent JDL, JSL et jonk gréng.

Si les efforts consentis pour améliorer le travail de prévention et programme d’aide sont salués par l’aile jeune des trois partis formant la coalition, elle ne compte pas baisser les bras : «Nous nous attendons à ce que le gouvernement maintienne sa parole et continue à poser les bonnes bases afin que la réforme engagée puisse être dotée, d’ici la fin de la législature (NDLR : octobre 2023), du cadre légal nécessaire à la mise en place d’une production étatique et la vente du cannabis au Luxembourg.»

Déi Lénk «salue (…) que le gouvernement continue à travailler sur la légalisation du cannabis. La «décorrectionnalisation» de la possession de moins de 3 grammes de cannabis «ne va en revanche pas assez loin».

David Marques

La prévention va aussi
passer par l’école

Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse fait partie intégrante du groupe interministériel qui s’est formé pour renforcer la lutte contre la criminalité liée aux stupéfiants. Comme annoncé vendredi par le ministre Claude Meisch, l’école, mais aussi les institutions parascolaires (Maisons de jeunes, clubs, etc.), doivent être intégrés à un travail de prévention plus appuyé. Il est ainsi prévu de doter tous les établissements scolaires d’un concept de prévention établi sur mesure pour tenir des comptes des spécificités des différentes communautés d’élèves. Une coopération est déjà signée avec la fondation Solina qui s’engage pour aider, soutenir et accompagner des jeunes en difficultés sociales et psychosociales.

Le ministère annonce en outre vouloir ancrer de manière plus systématique dans les programmes scolaires l’information et la sensibilisation des dangers liés aux stupéfiants et à la toxicodépendance. Trois moments cibles ont été identifiés : le passage de l’enseignement fondamental vers le secondaire (cycle 4 à 7e), lors du cycle inférieur dans le secondaire (7e-4e) et au moment d’entamer le cycle supérieur (4e à 3e). Comme fil rouge doit continuer à servir la mission de rendre les élèves assez forts pour qu’ils puissent dire non au bon moment.