Une large frange de l’opposition parlementaire est sortie de son isolement pour voter, samedi, en faveur de la nouvelle loi Covid. Les nouvelles ouvertures ont été validées par 54 députés sur 60.
Un vent de liberté a accompagné, samedi matin, le vote sur la loi Covid, la vingtième de ce nom. Le Premier ministre, Xavier Bettel, avait même laissé tomber la cravate. «Après des mois remplis d’espoirs et des déboires, je me réjouis pour la première fois de vous présenter une loi Covid», souligne le rapporteur Mars Di Bartolomeo (LSAP). Ses mots résument très bien l’ambiance assez détendue qui a régné au Cercle Cité. Le très large soutien accordé en fin de compte aux très ambitieuses ouvertures (56 votes pour, 4 abstentions) n’a cependant pas évité certains accrochages et des voix discordantes lors d’un débat long de plus de quatre heures.
Michel Wolter (CSV) a été le premier à venir freiner l’enthousiasme ambiant sur le regain de libertés, valables depuis dimanche. Le député-maire de Käerjeng est en effet venu remuer le couteau dans la plaie provoquée par la vague d’infections et de décès dans les structures pour personnes âgées. Il n’a pas manqué d’égratigner une nouvelle la ministre de la Famille, Corinne Cahen, qui n’aurait «à aucun moment pris ses responsabilités». Le 1er avril, l’opposition parlementaire, emmenée par le CSV, avait réclamé en vain sa démission. Avec l’intégration de sa proposition de loi dans les nouvelles règles Covid, Michel Wolter s’est montré un brin plus conciliant. Il a retiré son texte et voté, comme l’ensemble de la fraction chrétienne-sociale, pour le projet de loi introduit par le gouvernement.
Malgré le fait d’«être d’accord sur les grandes lignes des mesures», Claude Wiseler est venu critiquer qu’une série d’assouplissements, notamment en ce qui concerne les droits accordés aux vaccinés, n’aient pas été pris plus tôt. «Notre soutien apporté à ce texte n’équivaut également pas à une approbation de la politique Covid du gouvernement, qui repose sur aucun concept, aucune réflexion et aucune stratégie», martèle encore le député et président du CSV.
La validité fixée au 15 juillet
Cette critique a valu au camp chrétien-social des contre-attaques de Georges Engel (LSAP), mais aussi du Premier ministre et de la ministre de la Santé. «La majorité n’a pas le monopole des bonnes idées. Mais l’opposition non plus», lance ainsi Xavier Bettel. «Aucun pays n’a trouvé la solution absolue. Tous sont venus se heurter à un mur, nous aussi», se défend Paulette Lenert.
En fin de compte, c’est l’ADR qui s’est montré le plus virulent. Trois des quatre élus du parti réformateur se sont dit d’accord sur le principe des ouvertures, mais se sont abstenus lors du vote. Roy Reding a voté contre. Lors d’un vote séparé sur quatre points précis, dont le contrôle par des privés du «Covid Check» et les restrictions au niveau des rassemblements, le groupe ADR a voté non. «On reste opposés à toute entrave de l’État dans les libertés fondamentales des gens», souligne Jeff Engelen.
Sven Clement se réjouit que le «jour (soit) enfin arrivé». L’abolition du couvre-feu amène son Parti pirate à voter la loi Covid «même s’il y a toujours des moyens d’améliorer le texte». Comme l’a fait Nathalie Oberweis (déi Lénk), il a attiré l’attention sur les questions qui se posent autour de la nouvelle obligation pour le personnel des hôpitaux, des structures pour personnes âgées et des réseaux de soins. «On donne l’impression de ne pas faire confiance au personnel concerné», déplore la nouvelle élue déi Lénk.
Le débat va se poursuivre dans les semaines à venir. Au plus tard le 15 juillet, une nouvelle loi Covid devra être votée.
David Marques
Des remèdes contre le Covid long évoqués
Claude Wiseler (CSV) a évoqué, samedi, le Covid long. Josée Lorsché (déi gréng) est venue lui emboîter le pas. Jusqu’à présent, les séquelles à long terme des personnes touchées par le coronavirus ont été peu thématisées à la Chambre des députés. Et pourtant, le Covid long «prend des dimensions toujours plus inquiétantes», comme le souligne Josée Lorsché. Claude Wiseler vient énumérer les séquelles : difficultés respiratoires, problèmes de concentration, fatigue généralisée. «Il nous faut mener une discussion sur les connaissances scientifiques déjà établies et établir quelles peuvent être les solutions pour aider les personnes concernées», reprend l’élu chrétien-social.
Le Rehazenter aurait pris de bonnes initiatives, or ses capacités seraient arrivées à bout. Dans ce contexte, Josée Lorsché a lancé un appel pour concrétiser dans les meilleurs délais un centre de rétablissement destiné non seulement aux patients de Covid long, mais aussi aux victimes d’attaques cérébrales. «Selon la gravité des séquelles, le rétablissement après une infection au Covid-19 peut prendre jusqu’à trois ans et demi», indique encore l’élue déi gréng, citant des estimations de l’Organisation mondiale de la santé.