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Nico Wennmacher met en garde le LSAP sur ses dérives libérales


"Nous veillerons à ce que la réforme fiscale taxe davantage les revenus des capitaux et allège la charge fiscale des ménages modestes", annonce le socialiste. (Photo : François Aussems)

Nico Wennmacher, ancien président de la FNCTTFEL, est un syndicaliste et un socialiste convaincu. Il met en garde le LSAP sur ses dérives libérales et l’invite à se ressaisir.

Dans un récent courrier, 60signataires ont critiqué les orientations libérales de la politique du LSAP. Nico Wennmacher fait partie des frondeurs qui militent pour un changement de cap des socialistes au pouvoir.

Il y a un an, le chef de la fraction socialiste, Alex Bodry, déclarait lors d’une conférence de presse qu’à sa connaissance, il n’existait pas de frondeurs au sein du parti alors que le gouvernement venait de présenter son paquet d’économies budgétaires. Aucune voix n’avait protesté à l’époque contre ce « paquet d’avenir »?

Nico Wennmacher : Si. Le paquet d’économies avait très certainement déclenché un questionnement. Mais tous ceux qui s’étaient élevés contre ces mesures étaient des personnes isolées. Mais je dois vous rappeler que lors du congrès qui a précédé l’entrée du LSAP dans le nouveau gouvernement, le programme n’avait pas obtenu l’unanimité des voix. Ce programme était contesté à l’époque. Quand le « paquet d’avenir » a été présenté, nos responsables politiques n’ont pas jugé opportun d’organiser un congrès pour en discuter. Ces mesures ont été décidées par nos députés, nos membres du gouvernement et la direction du parti sans aucune discussion et c’est dommageable. Nous aurions dû ouvrir un débat au sein du parti sur ce sujet.

Personne n’avait donc demandé la tenue d’un tel débat…

Non, c’est vrai. Il n’y a jamais eu de demande officielle, mais tout de même, si nous voulons être un parti démocratique, nous devrions sonder l’opinion de la base du parti. Il n’y a eu que les syndicats pour s’opposer au paquet d’avenir, et grâce à eux, nous avons eu une discussion sur certains aspects du paquet de mesures, mais, finalement, il est resté quasiment intact. Nous avons eu quelques avancées, mais c’était loin d’être satisfaisant. L’augmentation de la TVA, pour ne citer qu’elle, va à l’encontre d’une bonne justice sociale.

Il fallait s’y attendre dans une telle coalition. Les socialistes y ont-ils leur place?

Il s’agit de trouver des compromis entre libéraux, socialistes et verts, et à mon avis, à un certain moment, nous devons décider si nous restons ou pas dans un gouvernement pareil ou s’il vaut mieux, dans l’intérêt du parti, aller dans l’opposition. C’est un sujet dont nous devons aussi discuter.

Justement, vous avez adressé un courrier aux instances dirigeantes du parti pour les recadrer, une lettre signée par 60 membres du LSAP très critiques envers les orientations trop libérales du parti. Mais le sujet n’a pas été abordé mardi dernier, lors de votre conseil général. Pourquoi?

Non, nous n’avons pas discuté de ce sujet. Les thèmes à l’ordre du jour étaient la crise grecque et les accords de libre-échange, en particulier le TTIP. Nous avons eu deux heures et demie d’une discussion assez controversée.

Mais pas de position commune?

Non, pas de position commune. J’ai constaté mardi que les ministres qui sont concernés par le TTIP, même le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, celui de l’Économie, Étienne Schneider, sont favorables au TTIP tout comme le député en charge des Affaires étrangères et européennes, Marc Angel. C’est très clair et ils font même peur aux autres en disant que le commerce luxembourgeois s’effondrera sans le TTIP. Ce qui, pour moi, est aberrant, car nous devons d’abord faire une analyse des avantages, des désavantages et des risques du TTIP, mais elle n’a toujours pas été faite. Le président et le secrétaire général du parti m’ont contacté pour me proposer une rencontre avec quelques-uns des signataires de cette lettre.

Nous devons discuter du TTIP et de l’orientation du parti et cela se fera à la rentrée. Nous verrons alors s’il faut organiser un congrès. J’y suis très favorable et les dirigeants n’y sont pas opposés. On ne veut pas se limiter à une lettre pour dire qu’on n’est pas d’accord et qu’on veut des changements. Pour arriver à cela, il faut de l’endurance, il faut insister sur ces changements. On va se concentrer, avec la direction du parti, pour voir de quelle manière on peut organiser ce débat sur les orientations.

La direction du parti vous prend donc très au sérieux…

(Rires) On ne veut pas d’une scission du parti, mais on veut qu’il se rende compte des problèmes qui existent tant dans notre société qu’au sein même du parti. Le LSAP doit avancer car les sondages sont tellement mauvais que s’ils se confirment, nous n’avons plus besoin de discuter d’une éventuelle participation au prochain gouvernement en 2018. Bien sûr que nous voulons un parti socialiste fort, mais un parti qui doit prendre au sérieux ses engagements, un parti qui doit prendre en charge les problèmes des couches laborieuses. Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui.

Entretien avec notre journaliste Geneviève Montaigu

Retrouvez l’intégralité de l’entretien du lundi dans Le Quotidien papier de ce lundi.

Un commentaire

  1. Dérive libérale du LSAP, on croit rêver! Le syndicaliste en question ferait mieux de lire Friedman, Ayn Rand, Hayek, Frédéric Bastiat, von Mises pour apprendre ce que veut dire « libéral ». Le LSAP en est aussi loin que le blanc l’est du noir.