Sans goût ni odorat depuis son infection au Covid-19 en octobre 2020, une patiente explique combien la perte de ces sens affecte sa qualité de vie.
Elle a été surprise lorsque son test au Covid-19 s’est révélé positif : «Je faisais très attention pourtant», confie Dany Frank. Ses symptômes sont sans gravité, elle n’a pas besoin d’être hospitalisée. «C’était un peu comme une grippe. J’avais de la fièvre, des douleurs musculaires, des maux de tête très intenses, de la toux, l’impression d’avoir mal aux poumons», se rappelle-t-elle.
Et puis, elle note une étrange sensation : «Un matin, en mettant ma crème de jour, j’ai constaté que je ne sentais plus rien. Je ne me suis pas inquiétée plus que ça, car on lisait partout que ça pouvait arriver.» Confiante, elle se dit que cette gêne est temporaire et disparaîtra avec le reste de ses symptômes.
Au bout de quelques jours, elle est rétablie : plus aucune douleur ni essoufflement, elle reprend son travail de porte-parole au ministère de la Mobilité et des Travaux publics et ses activités habituelles, y compris la course à pied qu’elle affectionne. Mais toujours pas d’odorat ni de goût. Les mois passent. Elle consulte un ORL qui connaît ce problème lié au Covid, mais ne sait pas vraiment quoi lui conseiller. Dany devra composer désormais sans ces deux sens. Un véritable handicap.
Je garde le moral, mais je ne me sens pas vraiment moi-même
«C’est une perte de qualité de vie. J’ai souvent une odeur désagréable dans le nez, entre le brûlé et la putréfaction, et un goût de brûlé de temps en temps aussi dans la bouche, quand je bois du café», décrit-elle. «Quand je mange quelque chose, les saveurs sont comme erronées. Ainsi, la salade verte a le goût d’oignon. C’est très bizarre. La seule chose qui me plaît vraiment, c’est le sucré, car je parviens à le sentir», précise-t-elle.
Sans prise en charge spécifique proposée au Luxembourg jusqu’ici, elle a cherché à se soigner par elle-même. Elle s’est documentée sur la rééducation olfactive et a acheté ses propres flacons d’huiles essentielles. Mais après des mois d’efforts quotidiens, toujours aucun résultat.
«Je garde le moral, mais je ne me sens pas vraiment moi-même», regrette-t-elle. Elle était sur le point de se tourner vers l’acupuncture quand le ministère a annoncé la création de ce programme dédié à Mondorf. Dany a donc entamé les démarches pour intégrer prochainement l’une des sessions. Seul espoir d’en finir enfin avec ces séquelles du Covid, dix mois après.
Christelle Brucker