Depuis lundi soir, elle fait parler d’elle dans les plus mauvais termes. Accusée de harcèlement, sanctionnée par le Parlement européen, ses excuses passent mal.
Monica Semedo s’est rendue coupable de harcèlement psychologique et moral. Ses trois assistants ont démissionné en bloc en janvier 2020, soit à peine 6 mois après sa prise de fonction au Parlement européen. En séance plénière lundi, le président David Sassoli a annoncé la sentence : l’eurodéputée libérale sera suspendue de ses fonctions pour quinze jours et elle ne touchera aucune indemnité durant cette période. Voilà qui fait désordre dans les rangs du DP.
Depuis que l’information est tombée lundi soir, Monica Semedo a vu sa tête défiler sur la toile, les médias ayant largement relayé le comportement de la députée européenne. Selon le correspondant du Wort à Bruxelles, l’élue libérale traînait derrière elle une réputation de «chef impossible», exigeant de ses collaborateurs une totale disponibilité. Il n’était pas rare qu’elle les dérange en pleine nuit et le ton employé n’était pas des plus cordiaux.
Voilà pour le bref portrait de la dame qui se dit tout aussi exigeante envers elle-même. Le communiqué de presse de l’intéressée n’a pas tardé à suivre, lundi soir, dans lequel elle s’excuse auprès de ses victimes. Elle déclare accepter la sanction et explique avoir trop demandé sans doute à ses collaborateurs et évoque des «tensions insurmontables» qu’elle «regrette».
Depuis, Monica Semedo a constitué une nouvelle équipe en mars dernier et parle d’une «excellente relation professionnelle». Elle a déjà tourné la page, fermé la parenthèse, puisque pour elle l’affaire s’arrête-là. «Mon équipe et moi continuons à œuvrer chaque jour pour une meilleure Europe au service de tous les citoyens», écrit-elle dans son communiqué.
Le parti libéral (DP), des rangs duquel est issue l’ex-présentatrice de RTL Télé, a réagi sur Twitter par la voix de son secrétaire général en déclarant «se distancer de toute forme de harcèlement moral» et estime que les excuses de Monica Semedo suffisent pour clore le dossier. La présidente du DP, Corinne Cahen, ne s’est pas exprimée sur les faits.
Frank Engel, le président du Parti chrétien-social, s’est montré beaucoup plus sévère sur les ondes de RTL Radio, estimant qu’un tel comportement était incompatible avec le mandat de députée européenne, et plus largement avec une fonction publique. Une source bruxelloise, bien renseignée sur le personnage, tire à boulets rouges : «Qu’elle tire sa révérence. En presque deux ans, aucune manifestation ni idée politique, mais ce fut assez pour torturer les gens qui voulaient la mettre en mesure de fonctionner en un endroit dont elle ne sait rien du tout. L’Europe en a aussi peu besoin que ses collaborateurs dévastés.» Ambiance.
Des excuses qui passent mal
Pour les femmes socialistes, les excuses de Monica Semedo «sont un exemple révélateur de victim blaming». Les campagnes de sensibilisation sur le harcèlement qui commence dès l’école paraissent «vaines» dès lors qu’une députée européenne se rend coupable de harcèlement moral, déclarent les femmes socialistes dans un communiqué signé de leur présidente, Maxime Miltgen.
Concernant la sanction prononcée, les femmes socialistes estiment que «la plénière du PE renvoie la balle aux citoyens du pays de l’élue qui eux doivent maintenant juger s’il est opportun de se faire représenter par une personne qui se sent supérieure à d’autres personnes à tel point qu’elle pense avoir le droit de les harceler». Pas tendres avec Monica Semedo, elles jugent sévèrement ses excuses qui sont plutôt «une justification qui blâme les victimes», «une gifle» envers les assistants accusés de ne pas avoir su s’adapter aux exigences de l’élue.
«Cet incident et la réaction de la députée sont un exemple révélateur du fait que le harcèlement moral et les conséquences pour les victimes ne sont toujours pas pris au sérieux par certains», poursuivent les femmes socialistes qui n’ont pas apprécié que le harcèlement devienne de simples «tensions» pour la députée européenne.
Les femmes socialistes estiment qu’il est temps de mener un discours général et public sur le harcèlement moral.
Geneviève Montaigu
DEMISSION !!!