Suite à la polémique déclenchée par Etienne Schneider mardi soir, à propos de la décision de l’usine Knauf de finalement s’implanter en Lorraine, le Département de l’environnement réagit. Il ne s’agit pas de « commenter » la sortie du ministre de l’Economie. Mais de prendre acte du choix de Knauf, et de livrer des clefs d’analyse sérieuses.
Le Département de l’environnement, anti-industrie ?
C’est le sous-entendu de la sortie du ministre de l’Economie, qui a pesté sur Facebook contre ceux qui ont fait capoter un projet à 100 millions d’euros. En l’occurrence, l’implantation d’une usine de fabrique de laine de roche (isolation), au départ pressentie près de Sanem, qui s’implantera finalement à Illange, en Lorraine.
« Il n’y a pas de discours anti-industrie au ministère du Développement durable, souligne d’emblée Olaf Münichsdorfer, conseiller de direction de la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg. L’implantation de Knauf s’inscrivait dans une procédure normale : l’étude d’impact sur l’environnement est un préalable nécessaire. Elle est réalisée de façon technique et précise. »
Et que disait cette étude? « Le problème, c’est la quantité d’émissions de particules polluantes que nous annonçait Knauf. Si on acceptait Knauf, notre marge de manoeuvre par rapport à nos engagements sur la qualité de l’air devenait très restreinte d’ici 2030. Donc on dit quoi après aux autres ? Notamment aux entreprises qui sont déjà implantées au Luxembourg et qui utilisent également du coke (combustible) ? Ne vous agrandissez pas, ne vous développez pas, on est presque au maximum des quotas ?… Nous sommes pro-industrie, évidemment. Il faut toutefois prendre en compte la taille du pays et l’impact sur l’environnement qui en découle, comme n’importe quel pays le fait. »
Si d’autres « grosses » usines veulent s’implanter à l’avenir ?
« La porte n’est fermée à personne, au contraire, poursuit Olaf Münichsdorfer. Je peux vous dire que nous sommes en très bonne discussion avec Google par exemple. Pour Knauf, la porte n’était pas fermée non plus. Nous étions dans un échange de cahier des charges. Nous savions que Knauf prospectait du côté lorrain aussi (NDLR : la zone de chalandise de la Grande Région est visée) c’était clair. Le Premier ministre a reçu leur lettre ce mercredi matin, détaillant leur choix pour la Lorraine (NDLR : visiblement l’envie de s’installer rapidement a pu jouer). Nous en prenons acte, mais nous n’avions pas dit ‘non’. »
« Ce n’est pas si mal pour la Grande Région »
Un dernier point peut paraître choquant dans cette polémique… Etienne Schneider semble déplorer qu’une entreprise parte chez une sorte d’ennemi de toujours, vu l’agacement palpable dans son intervention. Période électorale oblige, il est de bon ton de miser sur un esprit de pré carré ? Du côté du ministère de l’environnement on ne commente pas. Mais on esquisse la volonté d’un Luxembourg leader-partageur dans ce coeur de l’Europe. « Nous parlons de la Lorraine voisine, nous parlons de la Grande Région, n’est-ce pas? Carole Dieschbourg a toujours dit qu’il fallait être ouvert avec nos voisins. Nous avons besoin d’un dynamisme plus global, le Luxembourg a besoin de voisins plus forts. » Et donc? « Et bien, tout cela n’est pas si mal pour la Grande Région. »
Hubert Gamelon