Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le pape François a nommé dimanche contre toute attente l’archevêque Jean-Claude Hollerich comme cardinal. Il sera le tout premier Luxembourgeois à occuper cette fonction, mais ne quittera pas pour autant le pays.
« Après avoir participé à la messe dominicale, j’ai découvert un important nombre de messages de félicitations sur mon téléphone. Je me suis demandé pourquoi on me félicitait. Ce n’est qu’après quelques minutes que j’ai compris que le pape venait de me nommer cardinal. » Joint dimanche en fin d’après-midi, l’archevêque du Luxembourg est revenu sur une matinée très particulière. Actuellement en vacances dans le sud du Portugal, Jean-Claude Hollerich n’a en effet rien vu venir.
Quelques heures plus tôt, le pape François a pourtant profité de la prière de l’Angelus pour annoncer la nomination de 13 nouveaux cardinaux. Pour la toute première fois, un ecclésiastique luxembourgeois va intégrer le très prestigieux Collège cardinalice. «Leur provenance exprime la vocation missionnaire de l’Église qui continue à annoncer l’amour miséricordieux de Dieu à tous les hommes de la Terre», a déclaré le pape sur la place Saint-Pierre.
Depuis l’Algarve, Jean-Claude Hollerich a avoué que cette nomination constituait à la fois «un privilège et une très grande surprise». «Au vu du très grand nombre de cardinaux européens (NDLR : 100 sur les 215 en fonction à la fin août), je n’aurais pas pensé qu’un si petit pays comme le Luxembourg puisse obtenir un poste de cardinal», fait remarquer l’archevêque.
Jean-Claude Hollerich ne souhaite pas trop se prononcer sur les raisons qui ont amené le pape François à le nommer. Sa fonction de président de la Commission des épiscopats de l’Union européenne (Comece) n’y est certainement pas étrangère. Tout comme sa bonne relation avec le pape. «Il est conscient de mon appréciation pour son travail. On est très lié aussi parce qu’on partage la même vision d’une Église qui veut être proche des gens, qui s’engage pour les droits de l’homme et pour le climat», admet l’archevêque de Luxembourg.
Climat et question migratoire
Un consistoire organisé le 5 octobre au Vatican va venir formaliser la nomination de Jean-Claude Hollerich comme cardinal. «Je reste toutefois très fier d’être l’archevêque de Luxembourg. Mais aujourd’hui, je suis encore plus content de pouvoir compter sur Leo Wagener comme évêque auxiliaire», tient à souligner le chef de l’Église catholique luxembourgeoise.
Le 24 juillet, le pape François avait nommé Leo Wagener, vicaire général, comme évêque auxiliaire pour l’archidiocèse de Luxembourg afin de soutenir Jean-Claude Hollerich, très pris par ses obligations internationales. «Désormais, je vais passer la moitié de mon temps à l’étranger. Leo Wagener est un homme très gentil et intelligent qui saura m’assister au mieux», souligne le futur cardinal.
Si Jean-Claude Hollerich annonce vouloir occuper sa nouvelle fonction «avec modestie», il se retrouve potentiellement parmi ceux qui pourraient succéder au pape François (82 ans). L’archevêque ne pense cependant aucunement à cette possibilité. «Il ne faut pas aspirer à ce poste. Et je ne compte pas le faire. Si je suis encore en vie après la mort du pape, je pourrais participer à l’élection», se contente de dire Jean-Claude Hollerich.
Après son entrée en fonction comme cardinal, l’archevêque compte relever un autre défi. «Je vais être présent en novembre à Bruxelles pour rencontrer des élus et responsables européens. Il ne s’agit pas de lobbyisme catholique, mais ce sera l’occasion d’apprendre et d’échanger», annonce-t-il. L’Europe, la question migratoire et la protection du climat demeurent les grandes priorités de Jean-Claude Hollerich.
David Marques
