Le port du masque est-il nocif pour la santé ? Le gouvernement répond clairement non et démystifie les allégations du front anti masque.
On est le 29 octobre. La Chambre s’apprête à renforcer l’arsenal anti-Covid qui prévoit notamment le port obligatoire du masque lors de tout rassemblement dépassant quatre personnes. Alors que le texte n’est pas encore voté, une très large frange de députés s’exécute déjà. Ce n’est pas le cas des députés ADR Fernand Kartheiser et Fred Keup. Leur collègue Jeff Engelen arrive bien masqué à la tribune, mais dénonce des restrictions «complètement démesurées» dans la lutte contre le coronavirus. Il remet en question l’efficacité des tests de dépistage mais aussi le nombre de décès liés au coronavirus. Quant au masque, son efficacité est mise en doute dans une longue question parlementaire introduite dès le 13 octobre par ce même Jeff Engelen.
L’élu du parti réformateur avance que le port du masque est «une mesure très contestée» et évoque «l’absence de preuves scientifiques» sur son apport. «Il devient de plus en plus fréquent que des professionnels de la santé mettent en garde contre d’éventuels effets nocifs et effets secondaires provoqués par le port du masque», développe Jeff Engelen. Il cite le risque d’un «manque d’oxygène» qui «pourrait au bout de quelques minutes provoquer des effets négatifs sur le système nerveux» avec à la clé des «séquelles irréversibles». Le député reconnaît toutefois que les affirmations d’un camp sont souvent contredites par d’autres professionnels de santé. Dans sa réponse publiée hier, la ministre de la Santé, Paulette Lenert, tient à démystifier, études scientifiques à l’appui, les allégations de la fronde antimasque. «L’affirmation selon laquelle le port du masque fait diminuer la teneur en oxygène n’a aucun fondement médical.» Tout au contraire, «il existe des preuves scientifiques claires confirmant que le port du masque et le respect des règles de distanciation sont efficaces dans la lutte contre le Covid-19».
Même si elle défend le port du masque, Paulette Lenert admet qu’il puisse s’avérer «anxiogène». Des problèmes dermatologiques pourraient aussi faire leur apparition dans des cas isolés. Par contre, l’impact du port du masque sur la santé mentale, notamment auprès des enfants et des personnes âgées, resterait à étudier. «L’acceptation sociale du masque joue un rôle prépondérant», ajoute la ministre. En Asie, par exemple, où le port du masque est habituel, aucun impact sur la santé mentale ne serait connu.
Aucune obligation sur le long terme
Il est également rappelé que les personnes atteintes d’un problème de santé comme l’asthme, par exemple, sont dispensées du port du masque obligatoire. Paulette Lenert souligne que l’obligation de porter un masque n’est pas généralisée, elle est décrétée de manière ciblée (commerces, transports publics, rassemblements de plus de quatre personnes). Les simples masques en coton seraient certes moins efficaces que les masques chirurgicaux, «mais mieux vaut porter un masque artisanal qu’aucun masque».
Avec le concours du ministre du Travail, Dan Kersch, il est souligné que «le port du masque peut être désagréable, d’autant plus si on doit travailler avec». Il serait «toutefois étonnant de constater que le masque constitue tout à coup un problème dans l’éducation, la gastronomie et la construction» si l’on considère que «depuis plus de 100 ans» le personnel du secteur de la santé «porte sans aucun problème le masque pendant de longues heures» alors que les médecins et soignants «accomplissent un lourd travail physique».
Malgré son efficacité avérée dans l’endiguement de la propagation d’autres virus – la grippe notamment – le gouvernement souligne qu’«il n’est pas prévu de maintenir l’obligation de porter le masque sur le long terme». Par contre, au vu des expériences faites lors de la pandémie de Covid-19, Paulette Lenert n’exclut pas que le port du masque devienne plus largement accepté en Europe.
David Marques