Xavier Bettel a annoncé ce mardi 7 décembre un dispositif de sécurité renforcé pour éviter de nouveaux incidents lors de manifestations contre les restrictions sanitaires. Des «erreurs» sont admises par la police.
Les images resteront gravées dans les mémoires. Samedi 4 décembre dernier, plusieurs dizaines de participants à une manifestation – non déclarée – contre les restrictions sanitaires ont forcé des barrières pour envahir deux marchés de Noël, souillé le monument du souvenir, la Gëlle Fra, en hissant des banderoles assimilant le Covid Check à l’holocauste et tenté de pénétrer avec force à l’intérieur de la Chambre.
Dans les heures et jours qui ont suivi ces débordements, la police s’est retrouvée sous le feu des critiques. Mardi, les députés ont tenté de trouver des réponses à la question de savoir pourquoi les agents n’ont pas agi avec plus de fermeté pour faire respecter l’ordre public.
«La meilleure tactique de désescalade a ses limites. La police doit pouvoir réprimer ce genre de comportements de manière adéquate», clame Claude Lamberty (DP), qui a été le seul député de la majorité à venir ouvertement remettre en question l’action de la police.
L’élu libéral a été soutenu, sans surprise, par Laurent Mosar, l’ardent défenseur au CSV d’une politique de la loi et de l’ordre : «Une série d’erreurs ont été commises. Les policiers ont été pris de court. Mon parti soutient pleinement les policiers qui se sont retrouvés en première ligne, mais je pense qu’ils n’ont pas disposé des moyens pour faire tout ce qui aurait dû être fait.»
L’échevin de Luxembourg estime même que le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox (déi gréng), a été «dépassé par les évènements», sans toutefois demander une démission.
Dans sa liste de questionnements, Laurent Mosar a également critiqué le choix de choisir «un jeune agent» comme commandant de l’intervention de samedi.
Une critique qui a provoqué l’ire de Marc Goergen (Parti pirate). Fernand Kartheiser (ADR) a, lui, tenu à saluer le «travail exemplaire de la police».
Des policiers avec casques et boucliers en soutien
En matinée, face aux députés réunis en commission, la direction générale de la Police a toutefois admis des «erreurs». Le ministre Kox en a fait de même dans l’après-midi, en séance plénière.
«Tout n’a pas été parfait. Il existe encore de la marge pour pouvoir mieux encadrer et maîtriser ce genre de manifestation.» Il serait cependant erroné d’«inculper la police. Les vrais fautifs sont ceux qui, en usant de la violence, se sont baladés sans aucune autorisation à travers la Ville.»
Les enseignements nécessaires auraient néanmoins été tirés et, dès le week-end à venir, «une adaptation substantielle du dispositif, avec une haute concentration de policiers, sera mise en œuvre».
«Des renforts d’agents avec casques et boucliers seront prêts à intervenir en second rideau», ajoute Henri Kox.
Ces adaptations sont notamment saluées par le pirate Sven Clement : «Il faut s’assurer que les règles seront respectées, sans quoi d’aucuns pourraient être tentés de ne plus déclarer leurs manifestations.»
«Il ne faut pas que les fauteurs de troubles aient l’impression que la police ne fait que les accompagner sans réagir aux débordements», complète Claude Lamberty, pour qui «le week-end à venir va s’avérer décisif».
En début de séance, le Premier ministre, Xavier Bettel, avait fixé le cadre plus répressif qui sera mis en place, toujours «en respectant les principes de l’État de droit».
Son message adressé aux manifestants, mais aussi à la police, a été sans équivoque : «Ces débordements ne doivent plus jamais se reproduire.»
Périmètre de sécurité et détentions préventives pour compléter l’arsenal
Le gouvernement, en concertation étroite avec la direction de la Police, les autorités judiciaires et la Ville de Luxembourg, a décidé de serrer la vis en prévision des futures manifestations qui s’annoncent sur le territoire de la capitale.
Plusieurs articles de la loi sur la police seront activés, en complément d’un dispositif d’agents «nettement» revu à la hausse.
Un périmètre de sécurité sera ainsi défini avec à la clé un corridor que les participants à une manifestation devront strictement respecter. «Toute personne qui transgressera ce périmètre se retrouvera dans l’illégalité», martèle le Premier ministre.
Ce périmètre est requis par la bourgmestre, comme le précise le texte de loi (art. 6) : «Lorsqu’il existe un danger grave, concret et imminent pour la sécurité publique, le bourgmestre peut (…) instituer (…) un périmètre de sécurité par lequel il limite ou interdit l’accès et le séjour sur la partie de la voie publique ou dans les lieux accessibles au public concernés par ce danger (…).»
L’arsenal de la police va aussi prévoir le contrôle renforcé de l’identité des personnes. Ici, la loi (art. 5) dispose que «si la personne refuse (…) de faire la preuve de son identité, elle peut être retenue pendant le temps nécessaire à l’établissement de son identité, sans que cette rétention ne puisse excéder six heures (…)».
Enfin, il a été décidé d’activer l’article 14 de la loi sur la police : «La police peut procéder à la mise en détention administrative d’une personne majeure qui compromet l’ordre public (…).»
David Marques
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter quotidienne.