Les participants à la marche non déclarée du «rassemblement national» ont été piégés par la police samedi après-midi dans l’avenue de la Liberté. Impossible pour eux d’aller vers le centre-ville. La foule a été parquée plusieurs heures dans le froid : nous y étions.
Le samedi 8 janvier, les manifestants anti-restrictions et anti-vaccins avaient joué au chat et à la souris avec la police grand-ducale dans les rues du centre-ville de la capitale. Une semaine plus tard, ces mêmes manifestants sont tombés dans une souricière tendue par les forces de l’ordre.
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Samedi à 14 h 30, alors que la manifestation autorisée organisée au Glacis par la Polonaise solidaire se déroulait dans le calme et réunissait une cinquantaine de personnes, une autre manifestation est partie de la gare.
Ce «rassemblement national» n’avait pas d’autorisation malgré, selon les dires des organisateurs, des demandes répétées auprès de la commune et des services de l’État.
C’est donc devant la gare qu’entre 350 et 500 personnes se sont retrouvées, avec leurs banderoles et leurs pancartes, pour manifester contre les mesures prises par le gouvernement afin de lutter contre la pandémie de coronavirus et pointer du doigt les risques, selon elles, que représentent les vaccins.
Sur les réseaux sociaux, un rassemblement avait été annoncé à la même heure à la Gëlle Fra. Mais il n’a pas eu lieu. Le monument était malgré tout placé sous bonne garde en début d’après-midi, samedi.
Les coups de matraque ont volé
Le cortège des «anti» s’est donc bruyamment élancé vers le centre-ville depuis la gare avec fumigène, pétards et slogans. Allions-nous revivre ce qu’il s’était passé le samedi précédent ? Non. Les manifestants ont emprunté l’avenue de la Liberté et ont eu la surprise de voir un barrage de boucliers formé par des policiers équipés de tout l’attirail antiémeute.
Les forces de l’ordre se trouvaient au carrefour formé par la rue Origer et la rue d’Anvers. Des affrontements ont immédiatement éclaté quand des manifestants ont essayé de passer en force. Les coups de matraque ont volé et les manifestants ont été repoussés. Ce premier échange musclé aura duré quelques secondes.
Au même moment, un autre cordon policier s’est mis en place au carrefour formé par l’avenue de la Liberté et la rue Glesener, bloquant le passage. Le cortège s’est donc retrouvé prisonnier entre les immeubles et les deux cordons de policiers sur ce petit tronçon de l’avenue de la Liberté. Il ne bougera plus de l’après-midi.
La police grand-ducale était attendue au tournant après des critiques concernant la gestion de la manifestation du samedi 8 janvier. Cette fois, elle a répondu présent et en force. «Voilà, maintenant nous sommes confinés !» Les manifestants étaient furieux de voir qu’ils avaient été pris au piège par les autorités.
Certaines personnes ont tenté de forcer les barrages de policiers au niveau de la rue Glesener. En vain. Elles ont dû refluer sous les coups de matraque. On ne passe plus, tout le monde reste là. Derrière les agents casqués, des véhicules de police et des fourgons cellulaires avaient été installés.
Pas de casseurs venus de France ou d’ailleurs
Des maîtres-chiens de la police ont aussi été mobilisés, tout comme un drone d’observation. L’appareil surveillait toute la scène et aidait à l’identification des fauteurs de troubles éventuels. Les manifestants, eux, n’ont pas cessé de crier des slogans tels que «liberté, liberté, liberté» en français dans le texte ou «Fräiheet, Fräiheet, Fräiheet». La foule était composée à une écrasante majorité de luxembourgophones.
Les insultes imagées proférées dans la langue de Dicks sont là pour l’attester. Pas de casseurs venus de France ou d’ailleurs. Non. Ce samedi 15 janvier, il n’y avait quasiment que des Luxembourgeois ou des résidents grand-ducaux venus manifester. «On reviendra samedi, on reviendra tous les samedis, vous allez voir, on va vous faire travailler tous les samedis», a lancé l’un d’eux.
Voilà, maintenant nous sommes confinés
Les slogans et les insultes ont fusé en direction des policiers : «Vous êtes fiers de vous ? Vous êtes tolérants, là ?», «Vous voulez m’emmener à la Villa Pauly» (NDLR : ancien siège de la Gestapo dans la capitale, situé non loin de là) ; «On se retrouvera, le Luxembourg est petit, on vous confrontera à ce que vous avez fait», «Nazis, nazis, nazis».
En face des contestataires, les policiers sont restés impassibles, effectuant quelques charges préventives pour écarter ceux qui s’approchaient vraiment trop près d’eux.
Après quelques dizaines de minutes de face-à-face, la police a décidé d’ouvrir une brèche dans le cordon policier du côté de la rue Glesener. Vers 15 h, les manifestants désirant quitter les lieux ne pouvaient repartir que vers la gare. Ils étaient filtrés au compte-gouttes et devait indiquer leur identité aux agents une fois sortis de la nasse.
Les policiers ont noté scrupuleusement leurs noms sur un petit carnet. Ils ne recevront pas d’amende pour participation à la manifestation, les agents ont indiqué que les noms étaient pris pour identifier d’éventuels suspects après le rassemblement.
Vers 15 h 30, les manifestants se sont amusés à se placer sur les trottoirs pour laisser les deux cordons de policiers se faire face. «Comme ça, ils ne pourront pas dire que c’est nous qui bloquons la route. Non, ce sont les policiers qui bloquent la rue», a lancé un manifestant hilare. L’ambiance s’est alors détendue pour un temps et une chenille est même lancée par les manifestants.
Bascule dans la brutalité
L’évacuation du périmètre de sécurité a duré jusqu’à 19 h. La plupart des manifestants ont dû rester quatre longues heures debout alors qu’il faisait un petit degré. La police a peut-être voulu refroidir leur ardeur ou leur faire passer l’envie de revenir la semaine prochaine. Pas sûr que ça marche.
Alors que la nuit approchait et que la partie de l’avenue de la Liberté transformée en zone de parcage pour les manifestants s’était en partie vidée, la situation a basculé dans la brutalité. Tout d’abord, un des manifestants, qui jouait du tambour à quelques mètres du cordon policier de la rue Glesener, a été interpellé. Il était de dos par rapport aux policiers et tapait juste sur son instrument. Rien de plus.
On reviendra tous les samedis, on vous fera travailler tous les samedis
Son interpellation a semé la consternation chez les manifestants. L’homme ne s’est jamais montré véhément avec les forces de l’ordre ni violent durant toute la manifestation. Quelques instants plus tard, un homme a pris un mégaphone pour demander aux forces de l’ordre de permettre l’évacuation des personnes âgées et de celles qui avaient des problèmes de santé.
Il a dit qu’il «respectait les forces de l’ordre», avant d’ajouter «nous respectons tous les forces de l’ordre», jetant un froid parmi certains manifestants. L’homme demandait le calme et le respect, le refus de la violence. Quelques minutes plus tard, il était ciblé lui-même par une charge de policiers. Appréhendé, lui et son mégaphone. L’intervention a encore provoqué la colère de la foule et surtout son incompréhension.
Apparemment, tous ceux qui ressemblaient de près ou de loin à un meneur ou un fauteur de troubles étaient ciblés par des arrestations musclées. Ainsi, ces suspects identifiés au fil de l’après-midi ont été visés par des charges subites de policiers à chaque fois lorsque la tension était retombée.
À chaque fois, les agents se frayaient un chemin à coups de boucliers et de matraques. Il valait mieux ne pas se trouver sur leur chemin pour éviter d’être envoyé au sol ou arrêté. Ces scènes se sont multipliées jusqu’à 19 h.
À cette heure, alors que la nuit était tombée, l’ambiance dans l’avenue de la Liberté était lugubre avec une file de manifestants immobilisés le long d’un immeuble en attendant d’être contrôlés, deux cordons de policiers lourdement équipés en position, prêts à frapper, les hurlements d’un protestataire qui avait été interpellé et se trouvait dans un fourgon cellulaire, les aboiements des chiens policiers, la lumière des gyrophares déchirant la rue…
Mais force est restée à la loi. Et, surtout, personne n’a été blessé, si ce n’est quelques contusions. Aucune casse n’a été notée non plus. En quittant les lieux, les manifestants ont même regroupé leurs déchets à un endroit, comme pour laisser cette partie de l’avenue dans un état acceptable.
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Bien répondu super
Pauvre petit enfant gatee.. c’est donc toi la petite belge qui organise des manifs sauvages au Lux en invitant les anarchistes strasbourgeois pour venir gonfler vos rangs et foutre le bordel au Luxembourg! ;o) Ils vous ont laches ce WE on dirait.. Nancy etait plus interessant pour eux.. ils ont plus de chances de pouvoir faire des degradations a nancy qu’a Luxembourg… dommage, j’aurais bien voulu les voir eux aussi parques dans l’enclos ce WE… Tu veux eviter les problemes dans les manifs… respecte les lois… demande une autorisation, respecte le parcours etabli avec la ville… et tout ira bien tu est toi en tant qu’organisatrice de ces manifs sauvages responsable des eventuelles petits bleus ou epaules deboitees que tes potes recoivent…
Eh bien Célinie, il ne fallait pas venir. Sans autorisation, pas de manif. C’est simple. Autrement il faut s’attendre à un rapport intime avec la matraque. Tu aurais dû manifester paisiblement au Glacis comme les deux experts en infectiologie dans leurs vestes rouges qui attendent la révolution populaire tout en respectant les lois de notre petite « dictature » luxembourgeoise.
Vous ne pouvez pas dire qu’il n’y a eu aucuns blessés car un jeune homme a eu l’épaule déboîtée, un homme plus âgé a eu le nez éclaté, plusieurs coups ont été donnés dans les côtes, plusieurs hommes qui ont été arrêtés ont été traîné sur le sol et ont des brûlures et j’en passe! Outre bien sûr l’effet dévastateur psychologique!