Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La « cohérence cardiaque », une méthode de gestion du stress qui a fait ses preuves même au sein de la médecine conventionnelle. Le sophrologue Loïc Andrieux, qui officie à Luxembourg, nous explique en quoi cela consiste.
L’homme qui n’est pas concentré sur sa respiration est en situation de « chaos cardiaque » : le rythme esttrès irrégulier. On le voit ici sur l’écran d’ordinateur du sophrologue qui apprend à sa cliente à bien respirer. (Photos : Alain Rischard)
Un capteur de pulsations cardiaques à l’oreille, un logiciel sur l’ordinateur : ce sont les outils nécessaires pour la pratique de la cohérence cardiaque. Dans cette liste, il manque un élément important, la respiration, qui est à la base de cette technique de gestion du stress.
« Cette méthode a été découverte en 1995 aux États-Unis, raconte Loïc Andrieux, un sophrologue français installé depuis juin à Luxembourg. Tous les bienfaits de cette technique sont relatés par l’institut HeartMath. » Une étude avait alors été financée pour permettre, notamment, la prévention des maladies cardiovasculaires.
Mais attention, comme l’explique lui-même Loïc Andrieux, pour pouvoir détecter les risques de déclencher de telles maladies, il faut être dans une sphère médicalisée et bénéficier de l’analyse d’un cardiologue. « Moi je ne suis pas médecin. »
Dans ce cadre, cette méthode doit normalement détecter l’éventuelle survenance dans les 15 jours à venir d’un accident cardiovasculaire.
« La cohérence cardiaque est pratiquée en Europe depuis 2003 grâce au Docteur [David] Servan Schreiber. » C’est d’ailleurs par l’associé de ce dernier, le Dr David O’Hare, que Loïc Andrieux a été formé et qu’il a découvert ce système lors d’un séminaire autour de la sophrologie.
Aussitôt découverte, aussitôt testée. « J’ai ressenti immédiatement les effets sur moi. Je me suis senti posé, vide et nettoyé des pieds à la tête, avec l’impression de flotter pendant quatre heures après. »
> Synchroniser la respiration et le cœur
L’homme n’était pas prédisposé à exercer le métier de sophrologue un jour. Il avait un poste à responsabilité dans une grande entreprise en Alsace, mais la maladie puis la mort d’un être très cher sont venues totalement bouleverser ses plans. « J’ai eu besoin de donner un sens à ma vie. »
Il s’est formé pendant un an à l’institut Cassiopée à Paris et s’est spécialisé dans l’accompagnement sportif, puis, bien sûr, dans la pratique de la cohérence cardiaque. Cette méthode, il en parle d’autant mieux qu’il en a vérifié l’efficacité dans les moments difficiles qu’il a traversés. « Heureusement que j’avais la cohérence cardiaque pour surmonter cette épreuve », confie-t-il.
Mais plus concrètement, comment ça marche ?
« Il y a un lien entre le cerveau et le cœur. Lorsqu’il y a une situation de stress, le cerveau transmet l’information au cœur, qui s’emballe. Nous n’arrivons pas à le calmer, c’est comme une tempête. Le seul moyen est de ralentir sa fréquence cardiaque. Le problème, c’est que ce n’est pas quelque chose que l’on peut décider. La seule façon d’y parvenir est de gérer sa respiration qui est elle-même gérée par un système nerveux autonome. »
La cohérence cardiaque consiste à synchroniser la respiration et le rythme cardiaque, que les deux soient sur la même fréquence. « C’est un moyen de gérer le stress différemment, de prendre le pouvoir sur le stress. »
Lorsqu’on se sent en situation de stress, une hormone spécifique est secrétée, le cortisol. « Soit on trouve une solution, soit l’angoisse perdure, explique Loïc Andrieux. Dans le deuxième cas, on se prépare soit au combat, soit à la fuite. »
Cela se traduit par une raideur du corps, des douleurs aux cervicales, au ventre, etc. Et au final de la fatigue.
« Le système nerveux est une formidable machine », mais pour qu’il fonctionne en nous permettant d’être bien dans notre peau, il faut qu’il y ait un équilibre entre le système sympathique (qui est par exemple à l’origine du cortisol, de l’angoisse, de l’adrénaline et permet la dépense d’énergie, de faire du sport…) et le système parasympathique (à l’origine de la sécrétion de la DHEA, et intervient dans la relaxation, le repos, l’économie d’énergie…).
C’est comme si le premier était l’accélérateur et le second le frein.
> Adoptée par les pilotes de chasse de l’armée
« Pour pouvoir rouler, les deux système doivent être bien dosés. Par exemple, pour se détendre, le yoga c’est bien, mais cela ne nous permettra pas forcément de mobiliser une grande énergie derrière, par exemple, si l’on a un challenge à relever. »
La cohérence cardiaque permet d’équilibrer ces deux parties du système nerveux et c’est la raison pour laquelle les pilotes de chasse de l’armée de l’air française la pratique.
Quand on ne contrôle pas la respiration, le rythme cardiaque est totalement variable. « C’est ce qu’on appelle le chaos cardiaque. Dès qu’on commence à respirer de façon régulière, le cœur se régule aussi. »
Au moyen du capteur, Loïc Andrieux vérifie également l’amplitude des pulsations. Il remet ensuite les résultats dans un contexte pour les comprendre. Le but est notamment de faire évoluer l’amplitude. La méthode permet également de « multiplier par trois la DHEA, appelée aussi l’hormone de jouvence ».
Pour que la méthode de la cohérence cardiaque donne des résultats, il faut pratiquer régulièrement. Pas uniquement dans le cabinet, mais aussi et surtout ensuite chez soi, ou ailleurs, tous les jours pendant cinq minutes.
De notre journaliste Audrey Libiez
