Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
L’ambassadeur de France au Luxembourg, Bruno Perdu, joint au téléphone, a bien voulu répondre aux questions du Quotidien sur la situation de crise au pays et aux frontières.
L’ambassade de France au Luxembourg est en confinement et ses accès sont réduits au strict minimum. «L’ambassade s’est adaptée progressivement et rapidement», explique l’ambassadeur Bruno Perdu (photo). «Nous sommes dans un confinement qui permet toutefois une gestion de crise.» Dans un premier temps, il a fallu réduire les effectifs dans l’urgence, 60 % des employés de l’ambassade sont des frontaliers qu’il a d’abord fallu munir de laissez-passer : «Mais aujourd’hui à l’heure où je vous parle, nos équipes sont réparties en télétravail pour assurer les permanences de crise.»
Si le confinement est total, l’ambassade n’est pas pour autant isolée. «Nous sommes en contact régulier par visioconférence avec tous les acteurs du terrain : les autorités sanitaires et policières du pays, mais aussi avec toutes les ambassades de France en Europe ainsi qu’avec les services du ministère des Affaires étrangères à Paris», assure Bruno Perdu.
Au Luxembourg, l’ambassade de France était en première ligne dès les premières heures des restrictions, notamment pour veiller au grain à la frontière franco-luxembourgeoise. «Il fallait garantir la libre circulation des personnels de soins frontaliers, et de ceux qui sont essentiels à la vie économique du pays, mais aussi celle des marchandises, et contribuer à la mise en place de la suspension de la limitation des heures de télétravail», rappelle Bruno Perdu.
La crise de ces derniers jours autour de la propagation du Covid-19 n’appelle pas seulement des réponses administratives. La région Grand Est est un foyer du virus, une zone déclarée à risques et les hôpitaux sont saturés par l’afflux de patients en besoin d’assistances respiratoires. Face à la crise sanitaire, le Luxembourg a accueilli sept patients du Grand Est dans ses structures. «Villmols Merci, commente Bruno Perdu. La chaîne de solidarité est avant tout humaine, l’entraide entre nos pays, mais aussi avec la Sarre et la Rhénanie-Palatinat est remarquable, c’est extrêmement réconfortant.»
«Je veux remercier le Luxembourg»
La fermeture progressive des frontières, initiée en premier lieu par les autorités frontalières allemandes, a poussé l’ambassade à l’intervention pour préserver l’essentiel. «Nous avons dû intervenir au niveau bilatéral pour rendre les choses plus praticables, notamment pour les frontaliers dotés par leur employeur d’une circulaire de laissez-passer.»
En contact avec toutes les préfectures de la région frontalière, l’ambassadeur est convaincu de la nécessité des adaptations qui ont dû être mises en place aux frontières, mais il faut savoir les assouplir quand c’est nécessaire, assure Bruno Perdu. «Par exemple pour permettre aux ambulances françaises qui ont besoin de faire un plein d’essence alors que les stations sont fermées du côté français de venir au Luxembourg pour s’approvisionner.»
Après plus d’une semaine de confinement et de restrictions de circulation aux frontières garnies de mesures exceptionnelles et provisoires, l’ambassadeur ne voit pas encore le bout de la crise. «Nous devons écouter et suivre les consignes des autorités sanitaires, qui ne voient pas le pic de l’épidémie arriver, ni en France ni au Luxembourg avant une quinzaine de jours. Jusque-là au moins, nous devrons respecter un confinement strict et nécessaire.»
Les services de l’ambassade sont sur le pont 7 j/7 et 24 h/24 en ces temps de crise aiguë, réponses consulaire et administrative d’urgence s’organisent, se répartissent sur les réseaux sociaux et opèrent par messageries électroniques. Bruno Perdu reprend son souffle, les derniers jours et les dernières heures ont été très actives. Mais l’ambassadeur reste combatif, et plein de gratitude face aux gestes de solidarité dont il peut être le témoin. «Je veux encore remercier les autorités luxembourgeoises qui ont accueilli les patients français sur leur territoire, les personnels de soins qui continuent de se rendre au Luxembourg, les autorités de police qui s’investissent au maximum et aussi un grand merci à tous ceux qui se dévouent sur le terrain.»
Chris Mathieu
