Le lourd impact de la crise sanitaire sur l’économie et les finances publiques au Luxembourg a été chiffré pour la première fois.
Mercredi, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, s’est présenté face aux députés pour annoncer que le budget de l’État 2020 se clôturera par un déficit de 5 milliards d’euros, un chiffre «inégalé dans l’histoire du pays».
Malgré tout, l’État compte maintenir les investissements publics à un haut niveau. L’enveloppe budgétaire passera de 2,7 milliards d’euros en 2020 à 2,8 milliards en 2021 et même à 3 milliards en 2021. Du coup, la dette publique pourrait atteindre les 17 milliards d’euros (28,7% du PIB) fin 2020 et monter à 29,6% du PIB en 2021. Elle reste inférieure aux 30% que le gouvernement avait fixés dans son programme de coalition.
S’y ajoute un effondrement de la croissance économique. Le produit intérieur brut (PIB) devrait baisser de 6%. Petite lueur d’espoir toutefois : en supposant une levée progressive des mesures de confinement et une reprise continue des activités économiques à partir du second semestre 2020, la croissance au Luxembourg pourrait rebondir à +7% en 2021.
Le pays a «les moyens budgétaires» pour résister
«Les projections sont toutefois à apprécier avec la plus grande prudence dans le contexte de la pandémie actuelle», note le ministère des Finances dans un communiqué. Les hypothèses pourraient en effet changer en fonction de l’évolution sanitaire au Luxembourg et ailleurs dans le monde. Le Statec place ainsi la chute du PIB dans une fourchette comprise entre 6 et 12%.
«Le Luxembourg, tout comme le reste du monde, fait face à la plus grande crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale», constate le ministre Pierre Gramegna. «Grâce à la politique ambitieuse d’assainissement des finances publiques menée au cours des dernières années», le Luxembourg disposerait toutefois «des moyens budgétaires pour y faire face».
Tous ces éléments sont intégrés dans le Plan de stabilité et de croissance que le gouvernement va envoyer ce jeudi à la Commission européenne. Bruxelles a demandé que ce document, à fournir dans le cadre du semestre européen, mette l’accent sur les éléments de riposte pour amortir la crise économique liée au Covid-19.
Pour limiter la casse, l’État a décidé d’augmenter le volume de son paquet de stabilisation qui passe de 8,8 à 10,4 milliards d’euros, soit 17,5% du PIB. De nouvelles aides à destination des indépendants, microentreprises et PME ont en effet été décidées. D’autres pourraient suivre sous peu. Le principal objectif du paquet étatique est de maintenir l’emploi et le pouvoir d’achat des salariés et de soutenir les entreprises et les indépendants en renforçant leurs liquidités. Malgré tout, le Statec s’attend à ce que le taux de chômage bondisse à 7% en 2020 et dépasse même les 9% en 2021.
LQ
Bilan chiffré des aides*
Chômage partiel : 550 millions (26 000 salariés, 14 600 patrons)
Congé spécial : 226 millions (26 000 salariés, 5 700 patrons)
Remboursement TVA : 440 millions (plus de 20 000 assujettis)
Annulations d’avances fiscales : 141,86 millions
Délais de paiement d’impôts accordés : 45,32 millions (3 700 patrons)
Garanties bancaires : 2,5 milliards
* Chiffres en date du 29 avril 2020