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Luxembourg : pour l’opposition, «un budget de transition, sans vision d’avenir»


«La confiance est primordiale en cette période de crise. Or ce budget 2021 n'offre ni la prévisibilité, ni les perspectives dont ont besoin les entreprises», tranche Martine Hansen

Les partis de l’opposition ne se retrouvent pas dans le projet de budget 2021. Les critiques ont fusélors d’une première journée de débats-marathons.

Même le fait de miser sur une ambitieuse politique d’investissement afin de contrer l’impact négatif de la crise sanitaire n’a pas fait l’unanimité, mercredi, à la Chambre des députés. Les élus CSV, ADR, déi Lénk et pirates ont défilé à la tribune pour fustiger tour à tour le manque de perspective, une idéologie verte démesurée, les mauvais accents posés sur le plan fiscal ou encore un manque d’ambition sur le plan social. Sans surprise, bon nombre d’arguments se suivent et se ressemblent d’année en année. D’un autre côté, des rapprochements entre partis de l’opposition et de la majorité sont à déceler. À la clé, les quatre partis de l’opposition vont voter en bloc contre le budget 2021.

L’ouverture des débats-marathons, qui se poursuivront encore ce matin, a appartenu au CSV, le principal parti d’opposition. Le discours de la cheffe de fraction, Martine Hansen, est bien connu. La majeure critique concerne encore et toujours la dette publique, à une nuance près. «Ne me comprenez pas mal. S’endetter en cette période de crise est inévitable. L’heure n’est pas à l’austérité. Nous saluons clairement les aides qui reviennent aux gens et aux entreprises. Mais le gouvernement aurait dû anticiper une telle crise», clame-t-elle. Traduisez : «Le carpe diem lors des années de forte croissance a empêché le gouvernement de garder une pomme pour la soif. L’État a vécu au-dessus de ses moyens.» L’autre reproche majeur est le manque de stratégie d’avenir. «La confiance est primordiale en cette période de crise. Or ce budget n’offre ni la prévisibilité, ni les perspectives dont ont besoin les entreprises. Il s’agit d’un budget de transition, sans vision d’avenir», tranche Martine Hansen, réclamant des solutions pour l’ensemble des crises et défis auxquels est confronté le Luxembourg : Covid, climat, logement, inégalités sociales et pauvreté. «On est loin du Luxembourg fort dont on a besoin pour avoir un État fort», déplore la cheffe de file du CSV.De son côté, l’ADR de Fernand Kartheiser dénonce la politique environnementale engagée par le gouvernement. Les mesures prises, comme la taxe carbone qui deviendra réalité en 2021, auraient pour seul effet de nuire aux finances publiques et à la situation socio-économique du pays. Sven Clement et le Parti pirate restent aussi sceptiques en ce qui concerne la taxe carbone. Elle devrait être orientée différemment afin d’éviter des discriminations sociales.

L’impôt sur la fortune refait surface

Déi Lénk se joint aux pirates pour critiquer l’absence de volonté politique du gouvernement à s’attaquer plus fortement à la hausse des inégalités sociales. Malgré la décision de boucher certaines échappatoires fiscales, les plus grandes fortunes continueraient à être protégées, estime David Wagner. Le député de déi Lénk a enregistré avec satisfaction que le LSAP continue comme seul parti de la majorité à plaider pour l’introduction d’un impôt sur la grande fortune. Mercredi, Georges Engel, le chef de la fraction socialiste, a annoncé que son parti va plaider pour qu’un patrimoine situé entre 2 et 3 millions d’euros soit exonéré de cet impôt. Le Premier ministre, Xavier Bettel, a déjà souligné à plusieurs reprises qu’une imposition de la fortune ne deviendra pas réalité avant la fin de la législature en cours.

D. M.