La Chambre ne s’est pas accordée sur un éventuel assouplissement des restrictions anti-Covid pour les fêtes de fin d’année. Le bras de fer entre majorité et opposition se prolonge.
Près de trois semaines après l’entrée en vigueur du reconfinement partiel, les députés vont se retrouver ce mardi matin pour prolonger l’arsenal anti-Covid jusqu’au 15 janvier. Avec une moyenne de quelque 484 nouvelles infections au coronavirus lors des sept derniers jours, la situation sanitaire ne s’est pas considérablement améliorée. La semaine du vote, la moyenne quotidienne pointait à 509 cas positifs avant d’augmenter à 542 cas entre le 30 novembre et le 6 décembre. Ces deux dernières semaines, 73 décès liés au Covid-19 sont venus s’ajouter au bilan. Avec 50 lits occupés, le nombre de patients en soins intensifs a atteint, lundi soir, un nouveau pic absolu (lire également ci-dessous).
«Les indicateurs sont loin d’être au vert. La prolongation des restrictions est une évidence», indique Mars Di Bartolomeo (LSAP), rapporteur de la loi Covid. Lundi matin, un échange a eu lieu avec la ministre Paulette Lenert. Ni un assouplissement des restrictions pour les fêtes de fin d’année (maximum de deux invités issus d’un même foyer), ni un durcissement des mesures (confinement strict) n’ont été retenus.
«Il était illusoire de serrer la vis à la veille du vote. Comme nous ne cessons de le réclamer, le gouvernement aurait dû se montrer plus sévère il y a trois semaines déjà», fustige Claude Wiseler (CSV), porte-parole du principal parti d’opposition. L’obligation pour les centres commerciaux de soumettre désormais un concept sanitaire plus strict arriverait également bien trop tard. «Le Black Friday tout comme des dimanches ouverts, avec des rues et commerces bondés, ont eu lieu entretemps. L’ouverture des commerces le dimanche doit être proscrite», clame l’élu chrétien-social, qui remet en cause le sérieux du gouvernement. Par contre, le CSV ne plaide toujours pas pour une fermeture des commerces.
La CCDH s’engage pour la culture
Mars Di Bartolomeo se dit conscient des nuances qui existent entre majorité et opposition. Il tranche toutefois dans le vif : «La responsabilité doit prendre le dessus sur le cœur. Assouplir les restrictions pour Noël, comme c’est prévu en Allemagne, reviendrait à envoyer un message contradictoire.»
En fin de compte, la prolongation du confinement partiel devrait être validée par les seules 31 voix de la coalition tricolore. La Chambre est disposée à siéger d’urgence si un renforcement des mesures devait être voté avant le 15 janvier.
L’autre grande pomme de discorde reste la fermeture des institutions culturelles alors que les commerces restent ouverts. La Commission consultative des droits de l’homme (CCDH) soulignait, lundi, que «les droits à la culture font partie intégrante des droits humains». Elle demande au gouvernement si les établissements culturels «sont moins essentiels que certaines exploitations commerciales», d’autant plus que les données pour justifier cette décision feraient toujours défaut. En sachant que la culture «peut être une source essentielle pour le bien-être psychologique», la CCDH invite les responsables politiques à revoir leur position.
David Marques
La porte ouverte aux Allemands ?
À partir de ce mardi, l’Allemagne va entrer dans un confinement strict, avec à la clé une fermeture des commerces non essentiels. Faut-il dès lors craindre que nos voisins directs affluent au Luxembourg pour continuer à faire leur shopping de Noël ? «En fin de compte, notre situation ne diffère pas de celle de la France ou de la Belgique, où une large frange de magasins sont également ouverts», note Mars Di Bartolomeo.
Selon les derniers échos en provenance d’outre-Moselle, les restrictions de voyage ne vont pas changer. Tout résident allemand peut, en principe, se déplacer pour un maximum de 72 heures à l’étranger sans devoir se mettre en quarantaine à son retour. Tout résident luxembourgeois peut séjourner 24 heures en Sarre et en Rhénanie-Palatinat. «L’appel lancé aux gens est d’éviter de se déplacer seulement pour contourner le confinement. L’énergie investie pour court-circuiter les lois devrait être utilisée en priorité pour maîtriser le virus», souligne le président de la commission de la Santé.